Pour sa première visite à l'intérieur du pays, depuis qu'il est à la tête du gouvernement de transition, Béji Caïd Essebsi a choisi Sfax, deuxième ville du pays et fief des chefs d'un bon nombre de grandes entreprises tunisiennes. Bien qu'il s'agisse d'une visite éclair, qui n'a d'ailleurs pas manqué d'anecdotes, pour l'inauguration de la Foire Internationale de Sfax, l'enjeu était plus important. Aller rencontrer, réconforter et encourager les chefs d'entreprises de la région semblait être une mission quelque peu complexe, surtout avec les quelques dizaines de contestataires qui s'amassaient devant les portes siégées de la Foire, ou encore dans la salle où le Premier ministre a prononcé son discours. Le discours de Caïd Essebsi, et bien qu'il soit, dans plusieurs de ses passages, le même que celui fait à différentes précédentes reprises, comporta néanmoins certaines nouveautés, surtout lorsque le premier ministre intérimaire s'était adressé aux hommes d'affaires de la région de Sfax et ceux du sud de la Tunisie en leur disant que « nous sommes à vos côtés. Nous faisons de notre mieux pour vous soutenir à continuer vos activités, car tous ensemble nous devons réussir cette période de transition, qui est plus complexe que l'étape de la construction de l'Etat ». Parlant des grèves et des sit-in qui ne cessent d'être organisés, Béji Caïd Essebsi a rappelé que ce phénomène ne cesse d'entraver l'activité de nombreuses entreprises, dont celle « qui assure plus de 60% des besoins énergétiques de la Tunisie » parlant notamment de British Gaz, ou encore Petrofac qui était décidée à un moment donné à arrêter ses activités en Tunisie. Le « Dégage », brandi par la foule est un « démon berbère » selon Caïd Essebsi, qui rappelle dans la foulée que « tout partenariat avec les entreprises étrangères, ou les Investissements directs étrangers, doit obéir à un principe mondialement connu à savoir le gagnant-gagnant », insistant au passage sur « le climat d'affaires qui doit régner permettant de créer un environnement de travail sain et productif ». Une des nouveautés dans ce discours du Premier ministre, a trait « au pas géant en avant que connaîtront les relations tuniso- libyennes dans les quelques périodes à venir ». Un point qui a laissé hommes d'affaires et journalistes présents sur leur faim, puisque cela n'a pas été plus développé. L'importance de cette visite à Sfax, vient comme souligné, de l'importance de cette région sur l'échiquier économique national. Le premier ministre a appelé les chefs d'entreprises de la région à ne « compter que sur eux-mêmes et à n'attendre personne », même si, dit-il aussi « nous ne pouvons pas réussir sans vous ». Le message peut facilement être compris et peut se généraliser sur l'ensemble des chefs d'entreprises tunisiens, et ceux étrangers installés en Tunisie. Faudrait-il, maintenant, assainir encore plus davantage les différents secteurs d'activités, et surtout baliser la route devant toute bonne initiative. Avec cette amélioration encourageante de la situation sécuritaire, les chefs d'entreprises tunisiens sont plus que jamais appelés à mettre la main dans à la pâte et pousser de l'avant, et pourquoi pas laisser leurs différends derrière leurs dos. Il est vrai que ce que doit être accompli dans les mois, voire même dans les années à venir, est un long processus, mais la volonté doit à son tour être là. Le principe gagnant-gagnant est certes applicable sur les investissements directs étrangers, mais le vrai moteur de l'économie nationale est l'investissement local. Certaines prémices, à savoir certaines récentes annonces de nouveaux investissements dans différentes régions de la Tunisie, peuvent illuminer la route devant beaucoup d'autres grands groupes et entreprises tunisiennes. Nous savons que pendant de longues années, les hommes d'affaires tunisiens ont été accablés et ils avaient droit de protéger leurs investissements contre les menaces que nous connaissons tous. Mettre la main dans la main pour une meilleure Tunisie de demain est l'objectif de tout un chacun. Même si beaucoup ont pleinement profité des largesses de l'ancien régime. Nous ne cesserons de le répéter.