Le Temps-Agences - Le gouvernement d'urgence palestinien, fort d'un large soutien international, a tenu hier sa première réunion, au moment où le Hamas consolide son autorité dans la bande de Gaza. La réunion, présidée par le nouveau Premier ministre Salam Fayyad, un économiste respecté, à Ramallah en Cisjordanie s'est penchée sur la "situation anormale" dans la bande de Gaza, selon le ministre de l'Information Riyad Al-Malki. "Nous allons œuvrer pour remédier à cette situation anormale et y mettre fin. Nous allons voir quelles sont les mesures graduelles qui peuvent être mises en œuvre à cette fin dans la bande de Gaza", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Rejeté comme "illégitime" par le Hamas, le cabinet d'urgence, qui a prêté serment devant le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, compte onze ministres outre M. Fayyad, qui détient également les portefeuilles des Finances et des Affaires étrangères. Dénonçant un "putsch" dans la bande de Gaza où le Hamas a pris le pouvoir le 15 juin après avoir mis en déroute les forces de sécurité fidèles à son parti, le Fatah, M. Abbas a limogé le gouvernement du Premier ministre islamiste Ismaïl Haniyeh et mis en place le cabinet d'urgence, qui a reçu un large soutien international. Le consul américain à Al-Qods Jacob Walles a ainsi annoncé après un entretien avec M. Fayyad à Ramallah, que les Etats-Unis "reprendront la coopération avec ce gouvernement", après avoir boycotté les deux précédents cabinets en raison de la présence du Hamas. Le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, a en outre affirmé que le leader palestinien avait reçu le soutien du président américain George W. Bush lors d'un entretien téléphonique. "Il l'a assuré de son soutien, à son leadership et à sa politique", a-t-il indiqué. L'Union européenne a pour sa part indiqué qu'elle soutiendrait le nouveau cabinet politiquement et financièrement, sans "laisser tomber" la population de Gaza. Le très populaire chef du Fatah en Cisjordanie Marwan Barghouthi, emprisonné en Israël, a condamné le "putsch militaire" du Hamas et apporté son soutien au cabinet d'urgence. La seule voix discordante est venue de Téhéran. "La création d'un gouvernement d'urgence palestinien est contraire à la démocratie et accentue les tensions politiques en Palestine occupée", a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Mehdi Mostafavi, cité par l'agence Mehr. Entretemps, le Hamas continuait d'asseoir son autorité dans la bande de Gaza. M. Haniyeh, faisant fi de son limogeage par M. Abbas, a nommé de nouveaux chefs de services de sécurité alors que la Force exécutive, la police du Hamas déclarée hors la loi par le président palestinien, a annoncé des mesures pour "rétablir la sécurité". Pour pallier la défection de la police fidèle au Fatah, des activistes du Hamas en vestes fluo ont été déployés aux principaux carrefours pour régler la circulation. Des membres de la Force exécutive font le tour des marchés pour avertir les commerçants de ne pas faire monter les prix ou spéculer sur les produits de base. Craignant des purges, la plupart des membres des services de sécurité fidèles à M. Abbas, dont des centaines ont tenté, la plupart en vain, de fuir la bande de Gaza ces derniers jours, restent terrés chez eux. M. Abbas a en outre dissous le "Conseil national de sécurité" dont l'ex-homme fort du Fatah à Gaza, Mohammad Dahlane, était l'un des principaux dirigeants, selon un haut responsable. M. Haniyeh en faisait également partie. M. Dahlane est accusé par certains cercles au Fatah d'être responsable de la débâcle des services de sécurité face au Hamas. En Cisjordanie, où des activistes et des bureaux du Hamas ont été pris pour cible ces derniers jours par des militants du Fatah, des inconnus ont incendié dans la nuit à Ramallah la maison du président du Parlement, Aziz Doweik, issu du mouvement islamiste. Ce dernier est détenu par Israël depuis près un an.