• Salem Miled, ministre des Transports, a exhorté les cadres de la société à concevoir des solutions rapides afin de « renflouer les caisses de la compagnie » Le ministre des Transports Salem Miled a tenu à s'enquérir plus profondément sur la « situation critique » que traverse la société TRANSTU (la Société de Transport de Tunis), en tenant une réunion avec Ali Fradj, PDG de la Transtu (Société de Transport de Tunis), Sarra Rejeb, Directrice Générale du Transport public au sein du ministère des Transports, ainsi que d'autres cadres du ministère. L'équipe de la Transtu présente à cette réunion s'est engagée à dresser un rapport détaillé à la fin de la semaine en cours, où elle présentera « sa vision pour sortir la société de sa situation actuelle ». Une situation essentiellement marquée par un déficit qui atteindra vers la fin de 2011 les 500 millions de dinars. Il faut dire que, et ce selon les responsables présents, que le déficit de la Transtu était de 357 millions de dinars à la fin de 2010, 143 millions de dinars viendront s'ajouter à l'ardoise cette année. La Transtu est redevable de 110 millions de dinars à la CNRPS (Caisse Nationale de la Retraite et de la Protection Sociale), de 151 millions de dinars à la SNDP (la Nationale de Distribution de Pétrole) et de 18 millions de dinars pour les banques. Ses dettes envers le Fisc sont de 104 millions de dinars, alors que 16 millions de dinars sont au titre de crédits à court terme. En contre partie, la Transtu reçoit une subvention de la part de l'Etat de 80 millions de dinars par an, une subvention jugée « petite », surtout avec « le volume des voyages gratuits qu'offre la société au profit de nombreuses catégories de clients ». Ajoutons à cela le manque de revenus de 57% enregistré au cours des trois premiers mois de 2011, causé surtout par la « resquille » des usagers, un taux qui a régressé à seulement 24% ultérieurement précise-t-on aussi. Ceci a affecté les recettes annuelles de 75 millions de dinars par an, ce qui semble être très maigre, surtout que les impayés enregistrés au cours du premier semestre de l'année en cours ont été le double (150 millions de dinars). Tout ceci, ainsi que des frais du personnel de 120 millions de dinars, expliquent la situation actuelle de la Transtu qui emploie 7000 personnes. Au-delà des chiffres horrifiants, qui sont le résultat d'un laisser aller qui a duré plusieurs années, l'objectif de la réunion tenue au ministère des Transports était d'essayer d'envisager des «solutions pour le très court terme », afin d'essayer de circonscrire ce déficit et sauver ce qui peut encore l'être. Salem Miled, ministre des Transports a exhorté les cadres de la TRANSTU à concevoir des solutions rapides afin de « renflouer les caisses de la compagnie » dans l'objectif de commencer le paiement des fournisseurs, notamment la SNDP. Des solutions qui une fois pensées, seront soumises au Conseil des ministres. Pour le faire, plusieurs pistes sont envisageables. Il faudrait tout juste savoir par où commencer. Par les campagnes de sensibilisation des usagers du métro léger et des bus dans le Grand Tunis qui n'ont pas vraiment réussi, ou par l'optimisation du parc de la compagnie, qui, malgré sa richesse, ne cesse de se caractériser par l'arbitraire ou encore par ses coefficients de remplissage moyens ? L'impasse de la TRANSTU réside éventuellement dans son modèle de gestion, qui est, pour le moment, la seule raison de ce déficit qui s'est accumulé pendant de longues années, outre bien évidemment les tarifs de transport qui ne « reflètent pas les coûts qui sont en constante évolution ». Le ministre des Transports a surtout appelé à un assainissement dynamique, qui «permettrait une amélioration évolutive de la situation de la société ». Il n'est pas envisageable pour le moment d'augmenter les tarifs de transport, surtout pas dans le contexte actuel. Mais on pourrait commencer, comme l'a souligné le ministre, par l'optimisation de la consommation d'énergie, qui revient à 30 millions de dinars, par une meilleure gestion des bus et surtout par une meilleure gestion des ressources humaines de la société. « La conduite économique peut aider à faire des économies de 15 à 20% d'énergie », a souligné pour sa part Sarra Rejeb, directrice générale du transport public. Il est possible aussi qu'on se penche sur l'amélioration des taux de remplissage des bus, qui sont à un taux de disponibilité de 80% mais leur taux d'utilisation n'est que de 60%, ce qui affecte sensiblement les recettes. D'une façon générale, cette réunion a permis de dégager trois grands axes de restructuration à savoir l'organisation de l'exploitation, l'organisation de l'entretien ainsi que l'audit énergétique. Mais la question de rémunérations exorbitantes de certains cadres de la société est restée sans réponses. Car le constat est facile à faire ; si la Transtu, et ceci va de même pour la grande majorité de nos entreprises publiques, dispose d'aussi grands moyens lesquels sont gérés par des « hauts cadres » qui perçoivent des rémunérations parfois faramineuses, pourquoi alors la situation devient-elle est aussi catastrophique ? Ne devrait-on pas logiquement commencer par un « assainissement» au sein du corps même de cette société ?