On dénonce ce qui se passe chez l'autre et on le légitime quand il se produit chez soi, c'est la logique des grands, ils font usage de ce double langage en fonction de la conjoncture et de ce que leur dicte l'intérêt… la mobilité de la situation assouplit les jugements. Changer de position ne les dérange aucunement même s'il faut le faire des centaines de fois, après tout ils sont les maîtres du monde, personne ne peut leur demander des comptes ou les traiter d'hypocrites. La démocratie s'arrête quand commence celle du peuple L'Angleterre vient de mettre sous surveillance Black Berry et les réseaux sociaux après avoir sévèrement critiqué la même mesure prise par les Emirats Arabes Unis il y a quelques mois, ces outils sont accusés d'être derrière les émeutes qui traversent le pays. On n'a plus à envier aux Anglais leur démocratie, puisque leurs appels téléphoniques sont placés sous table d'écoute et leurs sites internet censurés. Cet éden de la liberté et des droits de l'homme se transforme en désert, on y serre l'étau autour ce celui-ci, on lui ravit tout ce qui lui permet de s'exprimer et de faire entendre sa voix qui dérange énormément ces jours-ci. Les événements qui viennent d'éclater à Londres et dans d'autres villes ont mis à nu la vraie démocratie anglaise, elle ne varie aucunement de la nôtre, celle qui sévissait à l'époque révolue, ni de celles des autres pays, arabes et autres, catalogués dictatoriaux : la ressemblance est frappante !…désabusons-nous ! Cette soi-disant démocratie n'est en réalité qu'une dictature déguisée. Le fard a failli nous fourvoyer, les beaux discours des beaux parleurs nous ont envoûtés au point que nous ne jurions que par eux, que nous ne concevions la paix qu'avec eux et parmi eux. L'imitation des grands Cette schizophrénie des grands ne peut qu'excuser les petits quand ils leur emboîtent le pas, ne sont-ils pas leur modèle à suivre, l'académie dans laquelle ils puisent tout leur savoir ? Ces disciples ont bien assimilé la leçon et l'ont appliquée à la lettre. On veut parler de l'Arabie Saoudite, le Koweït et le Bahreïn qui viennent de hausser le ton à l'égard du régime syrien pour les crimes perpétrés contre son peuple. Ils l'ont invité à arrêter immédiatement cette répression et à mettre fin à ce bain de sang sous peine d'isolement international. Ces pays qui ont commis le même crime à l'encontre de leurs peuples deviennent subitement moralisateurs. Allez demander aux citoyens saoudiens, aux « Bidoun » (les sans nationalités) koweïtiens et aux Bahreinis comment ils ont été traités par leurs régimes respectifs. Ces derniers, en particulier, ont été massacrés non seulement par les forces de la répression locales mais aussi par ce qu'on appelle le « Bouclier du Golfe » : un pays qui prétend être souverain fait appel à une coalition militaire pour opprimer son propre peuple !!! La sagesse Lors de sa tournée dans ces pays pour amasser des aides et des crédits, le premier ministre provisoire a déclaré que les émirs du Golfe sont fascinés par la Révolution tunisienne qu'ils soutiennent inconditionnellement !!! Il n'a pas tari d'éloge sur ces princes, leur engouement pour celle-ci était exemplaire, selon lui. Inspiré par ces positions éloquentes, notre gouvernement n'a pas voulu demeurer en reste, lui également a exprimé son indignation face à ce qui se passe en Syrie : il a appelé les deux parties, le régime et le peuple, à cesser la violence, la sagesse exige qu'on prenne une position intermédiaire, ainsi, on sera sûr d'être du côté du vainqueur. Il s'agit là d'une tradition diplomatique, d'une politique ancienne tracée par Bourguiba et suivie par Ben Ali, on n'est ni contre les démons, ni avec les anges, on choisira notre parti lorsque tout sera fini… surtout n'appelez pas ça hypocrisie !