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Une maladie nommée « pouvoir »
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 06 - 2011


Par Ridha BOURKHIS*
Depuis la fuite de l'ancien dictateur Ben Ali et en à peine cinq mois, plus de 90 nouveaux partis politiques sont descendus, forts de leurs visas, dans l'arène politique tunisienne. Le plus souvent ils n'ont que très peu de rapport avec ceux qui ont fait cette miraculeuse et énigmatique révolution du 14 janvier dernier et qui sont en gros les jeunes des régions pauvres, les enfants du peuple et les chômeurs, que nulle formation politique n'encadrait ou ne dirigeait. Quelquefois, on s'en souvient, les dirigeants et les membres de certains de ces nouveaux partis étaient même contre tout esprit révolutionnaire, toute liberté, toute vraie démocratie et se plaçaient tout naturellement du côté du dictateur qu'ils servaient humblement et dont ils bénéficiaient des récompenses et des largesses!
Quand ils passent à la télévision pour nous faire part de leurs projets politiques, de ce que leurs partis apporteraient à cette Tunisie et à sa Démocratie, on est sidéré de constater que certains parmi eux n'ont en réalité que du vent à nous offrir et même la parole qui «faute de projet économique, social et politique véritable, devait au moins être efficace, puissante, enchanteresse qui agit sur l'affect, ne serait-ce que par la démagogie!» est chez certaines de ces figures qui défilent sur nos écrans, plutôt faible, limitée qui n'exerce aucun charme et laisse interdit devant la décevante viduité politique, l'absence d'imagination et l'indigence rhétorique. Ecoutez-les qui balbutient, qui ne trouvent pas les mots justes, qui usent d'expressions galvaudées, qui répètent mécaniquement des formules vides et des lieux communs et qui ne laissent aucune empreinte sur l'esprit du téléspectateur! A cette pauvreté du langage et du projet s'ajoute, chez certains, hélas! le manque de charisme!
Le pouvoir…désespérément!
On est alors en droit de se demander pourquoi ceux-là, qui ne parviendraient même pas à persuader leurs petites familles et que tout prête à croire qu'ils perdraient la partie, ont tenu à fonder des partis, même s'ils n'ont aucune vraie formation et aucune expérience politiques ou même s'ils savent que tout le monde ne peut ignorer qu'ils sortent tout droit des décombres (ou des réserves cachées) de la dictature de l'ancien régime sans laquelle ils n'auraient eu nulle existence politique dans le pays!
On est en droit aussi de se demander pourquoi tous ces anciens silencieux, tous ces anciens «désespérés» de la démocratie, tous ces «désabusés», tous ces privilégiés de l'ancien régime, alliés objectifs de la dictature, tous ceux qui, malgré la torture, malgré la tyrannie, malgré la supercherie institutionnalisée, malgré la corruption, croyaient jusqu'au bout en leur Ben Ali… pourquoi ils se sont rués, avec les autres, sur les gouvernements provisoires qu'a connus la Tunisie après la grande évasion de Ben Ali, sur les prestigieuses commissions, sur les plateaux des télévisions, sur les colonnes des quotidiens et y ont élu domicile en «démocrates» purs, futurs «bâtisseurs» d'une Tunisie qu'ils n'ont que fort peu protégée contre la dictature, la corruption et les appétits des vandales!
Le pouvoir en espérant que dure le transitoire!
Ailleurs, dans les ministères, les établissements publics, les ambassades, les gouvernorats, les radios, les télévisions et les journaux, beaucoup ne peuvent être que bienheureux de dénicher un pouvoir dont ils n'osaient même pas rêver avant la révolution et qu'ils semblent aujourd'hui vouloir garder pour toujours, même s'il n'est pas toujours mérité et même s'il procède, ne l'oublions pas vite! d'une situation de transition qui, logiquement, n'est que provisoire et sans légitimité réelle. D'ailleurs certains signes permettent de penser que beaucoup parmi ces nouveaux acquéreurs ou conquérants du pouvoir, ces veinards nés sous la bonne étoile de la révolution, qu'on voit ou qu'on ne voit pas, espèrent que le transitoire deviendra permanent et que le provisoire durera le plus longtemps possible afin qu'ils restent aux commandes et qu'ils en profitent à fond en se gargarisant des mérites d'une révolution dont ils sont quelquefois les pires ennemis idéologiques. Car le pouvoir, ce n'est pas que des problèmes, des craintes, de l'insomnie et peut-être des anxiolytiques pour dormir, mais c'est aussi des honneurs, des privilèges, des voyages, des séjours dans des hôtels somptueux, des relations fructueuses, des flagorneurs qui applaudissent même à l'ignorance ou à l'ineptie, un étrange sentiment de puissance et, pour certains, ces funambules tragi-comiques du Pouvoir, l'occasion de s'improviser censeurs sans âme, policiers de l'intelligence et du savoir et persécuteurs tenaces de la libre pensée. De droite comme de gauche, habités d'un pouvoir qui les surprend eux-mêmes ou qui fait ressortir tout le despotisme primaire tapi au fond de leur être, ils risquent toujours de devenir soudain mauvais, machiavéliques, pointilleux, nerveux, haineux ! Comme tous ceux que le pouvoir désaxe et rend étrangers aux autres, ils jouissent à blâmer, à écarter, à exclure, à rapetisser et salir ! Il est prouvé que le pouvoir, surtout quand il est dans l'excès et l'abus, a des vertus orgastiques et exalte la jactance compensatoire : rappelez-moi donc qui a dit que «le déficit de l'être engendre une inflation du paraître» ?
Et cette soif comme vengeresse de pouvoir dont certains, voire beaucoup, font preuve aujourd'hui et que les discours trompeurs ne peuvent cacher, semble justement s'expliquer, ne serait-ce qu'en partie, par un déficit intérieur, par une inflation du Moi ou, comme il se dit chez les psychologues, une hypertrophie de l'ego!
Incurable maladie, de plus en plus contagieuse dans notre pays, dévastant les grands comme les petits, cette soif du pouvoir motivée par un Moi enflé ou démesuré risque toujours de dégringoler dans la dictature et de devenir soudain matraques, canons, fil barbelé, chasse policière, cadenas et muselières ou slogans creux, mystification, légendes d'un autre temps et lavage systématique des cerveaux!
Ce n'est pas parce qu'un homme de pouvoir a chevauché dans sa campagne électorale les valeurs universelles de liberté, de démocratie et de justice qu'il est capable de les respecter plus tard quand il sera aux commandes. Remarquez que nos très nombreux partis, anciens et nouveaux, articulent tous sans exception leurs discours autour de ces valeurs-là. Pourtant les idéologies sur lesquelles se construisent certains de ces partis sont fondamentalement arbitraires et à chaque fois qu'ils ont conquis le pouvoir, ils en ont fait sinon une effroyable dictature du moins un système autoritaire abominable!
Le syndrome du pouvoir est dans la culture et l'éducation
Mais cette soif du pouvoir ne date pas d'aujourd'hui et elle n'est pas l'apanage des hommes politiques. Dans tous les milieux socioprofessionnels, dans toutes les administrations, dans toutes les organisations ou associations, dans toutes les universités, des personnes intelligentes ou bêtes, compétentes ou médiocres, aiment à régner en maîtres sur les autres. Elles utiliseraient tous les moyens et subterfuges pour être là où elles peuvent imposer leur volonté à leurs collègues ou leurs confrères, les contrôler, les impressionner, les intimider, les dénoncer à leur hiérarchie ou à la police au besoin (rapports mensongers et faux témoignages), leur causer les pires ennuis, entraver leur route, essayer de briser leur carrière. Il n' y avait pas que Ben Ali pour faire du cynisme, de la sournoiserie et de l'abjection une conduite et une «éthique» de pouvoir ! Même une toute petite responsabilité administrative de peu d'intérêt obtenue grâce à des relations ou par des moyens suspects et qui n'atteste aucune compétence particulière, pourrait être chez certains fonctionnaires un prétexte pour martyriser leurs collègues et chercher à les soumettre à leur petit pouvoir risiblement tyrannique ! On rit parfois beaucoup au spectacle de ces zélés qui tout en fayotant du côté de leur hiérarchie s'appliquent à prendre en chasse leurs pairs dignes ne les caressant pas dans le sens du poil ou ne favorisant pas leur arrivisme!
C'est dire, pour conclure, que ce très grave syndrome du pouvoir qui a trouvé aujourd'hui dans la nouvelle situation politique tunisienne un terrain favorable pour se développer et se répandre, est aussi le produit d'une culture et d'une éducation qui déifient, dans leur implicite, le «chef», le «seigneur», «l'omnipotent» et qu'il est nécessaire de changer en cheminant vers cette Démocratie bien difficile dont nous rêvons et rêvons!


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