C'est un chaos quotidien qui règne devant les unités de tomates de Korba, Kélibia et Menzel Témime régulièrement prises d'assaut par les fellahs. Devant les usines, des files d'attente se forment dès l'aube et les querelles éclatent si jamais un fellah prend la place d'un autre. Les agriculteurs vivent le même scénario depuis belle lurette. Pourtant une virée du côté de nos marchés nous révèle que la tomate à 600 millimes le kilo, du jamais vu ! Que se passe-t-il en fait ? Le marché des tomates stagne. Les prix flambent à cause de la baisse de l'offre. Cette chute est expliquée par les ravages occasionnés par l'insecte Tuta Absoluta dans les cultures de tomate. Au ravageur s'ajoutent les fortes chaleurs des derniers jours de juillet qui ont décimé une bonne partie de la production de tomate. Ce déficit tombe à un mauvais moment, puisqu'il coïncide avec le Ramadan, période de grosse consommation en tomates. Les prix s'en ressentent immédiatement. Deuxième souci des fellahs, c'est la transformation des tomates. Du côté de Korba, le calibre et la couleur rouge permettent d'ores et déjà d'affirmer que ces légumes arrivent à maturité. Des contrats de culture entre le producteur et l'industriel viennent d'être signés. Les deux parties ne seront pas lésées car le producteur doit garantir l'approvisionnement de l'industriel en tomates et l'industriel doit s'engager à assurer un prix planché pour le producteur et à s'acquitter du paiement dans un délai ne dépassant pas les trois mois. 16 usines essayent de transformer 125 mille tonnes produites par les fellahs cette saison. Tout est mécanisé. Les camions déversent directement sur les chaînes de transformation où la main d'œuvre est réduite au strict minimum. La tomate, une fois réceptionnée, est lavée à grandes eaux sur un tapis roulant et en temps record, elle est transformée en concentré et mise en boîte. Notons que pour obtenir 1 kg de concentré de tomate, on utilise 6 Kg de tomates fraîches. Diktat Il est vrai que les fellahs subissent le diktat des conserveries en activité. et ne voulaient pas signer ces engagements qu'ils jugeaient contraignants et inopportuns. Ne trouvant pas d'autres preneurs, les producteurs ont accepté, la mort dans l'âme, le prix très en deçà de ce qu'ils espéraient et avaient commencé à livrer leurs productions aux conserveries. De longues chaînes se formaient devant les usines, camions et tracteurs attendaient parfois 24 heures avant de pouvoir décharger ce qui, bien-sûr, altère la qualité de la tomate. Certains fellahs sont obligés parfois de déverser une partie de leur récolte dans les oueds et au bord des routes menant vers les conserveries. Ce qui pollue l'atmosphère. Le cas de la sortie sud de Korba est édifiant. Comparés à ceux des pays étrangers, les coûts de production en Tunisie sont très élevés en plus du rendement à l'hectare qui est très faible. C'est donc toute la politique agricole en matière de production maraîchère qui est à revoir pour une mise à niveau de cette filière. La Tunisie pourra se repositionner sur les marchés extérieurs. Elle exporte actuellement vers le Niger, le Mali, le Burkina Faso, le Soudan, le Yémen, Dubaï et pourra conquérir d'autres pays si on améliore la qualité de notre production et surtout si on réduit le coût de production et d'exportation