• Un réseau d'urgences publiques inappropriées et à révolutionner Nous avons eu dans notre livraison de dimanche à faire toute la lumière sur le fâcheux incident, survenu à l'urgence médicale de Ras Jebel ayant succédé à la prise en charge controversée avec passion d'un malade ayant trépassé. Cela après avoir été, prétend-on « hâtivement » autoriser par l'équipe de garde de regagner son domicile à Aousja. Nous contenter de la genèse et des tenants et aboutissants de l'affaire ne sera pas à notre sens suffisant, si l'on considère l'ampleur du phénomène et les antécédents non moins tristes et regrettables, ayant endeuillé plus d'une famille, ici et ailleurs à travers le pays… Nous croyons ainsi impérieux de saisir cette occasion pour zoomer sur la qualité des prestations fournies à Ras Jebel en particulier et presque partout ailleurs en général. Dans l'espoir de sensibiliser davantage qui de droit à mettre le hola à une situation, souvent dramatique. Surtout, que, depuis l'indépendance et malgré les soubresauts, les appels et mises en garde répétées ayant de temps à autre, fusé de toutes parts, ce secteur vital (c'est bien le cas de le dire) est demeuré le parent pauvre de nos politiques de santé publique. Telle sœur Anne… Jusqu'ici , rien que des transes occasionnelles éphémères. Des discours démagogiques incolores… inodores … des vœux pieux… des pieux… des promesses sans lendemain. Et… telle sœur Anne, les couches déshéritées, titulaires de carnets, attendent toujours… Sans voir l'ombre d'une solution… pointer à l'horizon… Quant aux autres, les nantis, à même de payer rubis sur l'ongle, la chance et l'espoir de survie, ils sont généralement à l'abri, des aléas d'un réseau public, négligé et mal loti. Cela, grâce à la prolifération dans les fiefs des populations aisées, d'urgences privées, convenablement encadrées et équipées. Où les actes divers sont grassement payés. C'est dire que la horde des fugitifs « en pèlerinage » forcé n'était pas à une injustice et incurie près. Pour le décor… Cela dit, si ces urgences publiques si mal aimées de tous, existent en nombre insuffisant, formellement et presque juste pour meubler le décor, dans les régions déshéritées de l'intérieur,, elles sont implantées à tour de bras sur le reste du territoire (surtout sur le littoral, voulu depuis toujours favorisé). Mais la médiocrité des prestations n'a jamais échappé à personne. A commencer par la hiérarchie bureaucratique de système, du sommet, aux communs des « ronds de cuir ». Parce que la capacité est en deçà, d'une manière flagrante, des moyens déployés au compte gouttes, sans souci de la priorité puissante et vitale. Toubib au rabais ! A qui doit-on nous attendre de ces services boîteux, « fonctionnant à trois cylindres », toujours à court d'équipements rudimentaires, de médicaments élémentaires (n'ayant pas atteint la date limite), d'effectifs médicaux et paramédicaux appropriés et motivés ? Paradoxalement, là où la mauvaise prise en charge du malade, la négligence, ou la faute médicale, sont synonymes d'homicide. En toute sincérité, dans quelle mesure peut-on exiger une prestation correcte et cohérente du toubib de service si l'on sait qu'il a droit à une contrepartie matérielle ne dépassant pas vingt-cinq dinars par 24 heures de garde, sous haute pression ! alors, que le commun des plombiers, peut-être, bac moins six, peut généralement, en moins d'une heure, empocher avec grimaces, en moins d'une heure, empocher avec grimaces, souvent plus que ce montant, pour l'intervention la plus banale ! Le disciple d'Hippocrate ayant choisi de non porter secours, se voit ainsi contraint de composer avec la triste réalité et d'admettre, la mort dans l'âme, une infinité d'incuries et contrariétés. Au risque de se voir un jour mis sur le banc des accusés… Du simple… au double Pour en revenir au récent théâtre des incidents scandaleux, l'urgence de Ras Jebel, nous confie un médecin de la santé publique exerçant à l'hôpital d'El Alia (ayant requis l'anonymat), couvre en temps normal, une population de 80 000 habitants. Ces effectifs sont appelés à presque doubler en période d'été. En raison des flux vertigineux à Chatt Mami, Ghar El Melh (sidi Ali El Mekki) et surtout à Rafraf. Ce service, ajouté notre brave interlocuteur reçoit une moyenne de 150 à 200 personnes par jour. Là, les malades, victimes d'accidents cardio-vasculaires et d'accidents de la route, ne peuvent être convenablement assistés Dispensaire de Rafraf de la figuration Par ailleurs, il serait peut-être imprudent de ne pas soulever dans le même contexte le cas tout à fait particulier de Rafraf, ce grand pôle d'attraction de tourisme intérieur. Où le trop plein estival atteint une moyenne de 50 000 habitants. Et plus que le double de ces effectifs pendant les week-ends. A la tombée de la nuit, tout ce beau monde se trouve livré à son propre sort. Point de point infirmerie ! Seuls quelques cabinets médicaux privés, établis loin de la foule, à Rafraf village, se prêtent au secours de la minorité aisée et payante des souffrants. Seul aussi un dispensaire embryonnaire vivoté à Rafraf plage, en marge du mouvement général, sans briller outre mesure par ses services. Surtout qu'il est hermétiquement fermé au nez de tous en dehors des premières heures matinales. La nuit, le souffrant doit souffrir davantage pour espérer calmer ses douleurs, huit kilomètres plus loin, auprès de l'urgence de Ras Jebel. Qui, l'été, ne sait pas à qui et à quoi donner de la tête… Prendre le taureau par les cornes C'est pourquoi il ne serait pas trop demander à la tutelle de veiller désormais à soustraire ce dispensaire de sa routine tuante et exténuante et de le connecter avec le mouvement général estival. Cela en y envisageant exceptionnellement des gardes en mesure de secourir l'accidenté et l'intoxiqué. Et aussi, d'une pierre deux coups, soulager l'urgence de Ras Jebel toujours débordée. Au final, grâce à notre révolution bénie, l'occasion est on ne peut plus propice pour révolutionner ce système. C'est-à-dire, prendre le taureau par les cornes et mettre le paquet. Pour ne plus en parler. C'est de notre survie qu'il s'agit ! Oui !