Les assaillants estiment que leur malade a péri suite à une mauvaise prise en charge et refusent l'autopsie. L'infirmier de service s'en sort avec une fracture de trois côtes. L'urgence reprend du service après deux jours de grève. Après une grève de deux jours, très mal vécue par la région de Ras-Jebel, le service d'urgence médicale de la ville reprend du service. Au grand soulagement de tous. Pourquoi la grève, devenue « à la mode de chez nous » ?... Réponse : Le personnel médical et paramédical réclame d'être prémuni contre les écarts et les débordements éventuels du public. Il exige l'affectation de façon permanente, d'un agent de la force publique. Une présence physique jugée formellement dissuasive. Cette revendication a été justifiée par le fâcheux incident survenu dans les locaux de l'urgence mardi dernier, en début de matinée. L'infirmier de garde a failli être lynché et a été violemment agressé. Il s'en est sorti avec trois côtes fracturées. Le médecin de garde, quant à lui, a été sérieusement menacé. Il a failli connaître un sort encore pire. Raison de l'attaque : les assaillants, venant de perdre un des leurs, estiment que le défunt avait été mal pris en charge par l'équipe de garde. Ce qui aurait, selon eux, précipité le décès quelques heures après. En plus, les accompagnants de la victime ont refusé catégoriquement de soumettre le cadavre à la procédure d'autopsie. Soins et une heure d'observation Maintenant, place aux faits. L'annonce de l'évènement remonte à la nuit du lundi à mardi dernier. Vers trois heures du matin, D…, 55 ans, père de deux enfants, résidant à Aousja, est admis au service d'urgence de Ras Jebel. Il se tordait alors de douleurs intenses au niveau de l'estomac (épigastrolgie). Selon les membres présents de la famille du défunt, le souffrant est immédiatement mis sous sérum. On lui fait injection de deux piqûres, avant d'être gardé en observation pendant une heure environ. Après quoi, il est autorisé à rentrer chez lui. Toujours selon la même source, vers 8 heures 30, du matin, le quinquagénaire subit une crise encore plus aigue. Il est aussitôt transporté à nouveau vers l'hôpital de Ras Jebel Mais le malade semble hélas avoir rendu l'âme à mi-chemin, au niveau de la localité de Saâdane. Cadavre… Rififi… Gabegie A son arrivée à l'urgence, on a tôt fait de tenter de le réanimer par un massage cardiaque externe. Mais, c'est peine perdue ! Les dès sont jetés. Les condoléances sont présentées aux accompagnants de l'infortuné pour provoquer leur colère et leur rage. Les visiteurs, ainsi mis dans un état second, devaient alors couvrir l'équipe en exercice de menaces et d'insultes, l'accusant d'avoir failli à son devoir de prendre convenablement en charge le leur quelques heures plus tôt. Cela avant de tabasser l'infirmer de garde. Lui, qui a su tenir, à juste titre du reste, à retenir le corps du trépassé aux fins de l'autopsie d'usage en pareilles circonstances. Autopsie, propre comme on le sait, à déterminer les causes et circonstances du décès, délimiter le responsabilités, confirmer ou exclure l'éventualité de la négligence et (ou) la faute médicale. Et, partant, préserver les intérêts des protestataires et garantir leurs droits de poursuite. Mais les visiteurs, affolés, ne sont pas prêts à jeter du lest. Ils investissent la salle où gisait le cadavre, emportent le corps sur leurs épaules et l'embarquent dare-dare vers le domicile familiale, à Aousja, sous les pleurs à chaudes larmes et les cris de lamentation. Grève, demande de secours et … région sans secours ! Le regrettable incident n'est pas demeuré sans rêves. Il déclenche aussitôt le tollé général au sein du service et un mouvement collectif de contestation au sein du corps médical et paramédical de l'urgence. Ce personnel estime être souvent en proie aux menaces et aux agressions verbales et physiques à l'occasion de l'exercice de son travail. Cela en l'absence d'agents de service d'ordre, mobilisé au sein de l'urgence pour parer à temps à toute éventualité. Après deux jours de grève, très mal supportés par la population de la région et de longs pourparlers entre les intéressés d'une part et le directeur régionale de la Santé publique de Bizerte et le délégué de Ras Jebel, d'autre part, la grève a été interrompue, leur étant fermement promis de résoudre au plus tôt ce problème d'ordre sécuritaire.