Interview de Yassine Brahim, directeur opérationnel Au lendemain de la révolution tunisienne, Yassine Brahim est nommé ministre du Transport et de l'Equipement au sein du gouvernement provisoire le 27 janvier 2011 Il démissionne le 17 juin pour se consacrer aux activités d' Afek Tounes comme directeur opérationnel du parti , un parti libéral, démocrate, progressiste qui ne cesse de s'imposer sur l'échiquier politique du pays comme nous le précise Yassine Brahim à la veille de la constituante Le Temps : Tout d'abord, y- a t-il eu vraiment un séisme à Afek Tounes ? Est-ce vrai que certains membres voudraient s'allier au pôle? Où en est la situation actuelle? Yassine Brahim : Nous avons eu des turbulences internes dont les explications sont diverses mais qui peuvent se résumer à une crise de croissance dans le cadre de choix stratégiques importants comme les élections. Le dialogue et la raison ont fini par l'emporter. Quel est l'état de santé d'Afek Tounes ? Afek Tounes a quatre mois d'existence et a parcouru un grand chemin depuis sa naissance pour désormais exister dans le paysage politique. Afekt Tounes a organisé plus de 50 meetings dans toute la république et a d'ores et déjà ouvert plus de 20 bureaux de Bizerte à Sidi Makhlouf (Medenine) en passant par Siliana, Kasserine, etc. La constituante est la première étape d'un long chemin vers la réussite de notre nouvelle Tunisie. Afek Tounes compte y participer en présentant des listes dans plus de 20 circonscriptions et en présentant aux électeurs ses projets sur la constitution et sa vision sur les autres priorités du pays à traiter pendant la constituante, notamment la justice et l'établissement d'un état de droit. Où en est votre projet de coalition avec d'autres partis ? Afek Tounes a approché la famille politique à laquelle il considère appartenir, la famille du nouveau centre incluant le PDP, Ettakttol, Ettajdid et le partis du PDM pour discuter d'une alliance pré-électorale. Cette alliance large pré-électorale n'est pas le choix de certains de ces partis, vu le mode de scrutin mis en place pour la constituante principalement. Nous nous sommes résolus donc à aller à ces élections seuls et de discuter une alliance poste électorale idéalement annoncée avant la campagne électorale. Plus de la moitié du corps électoral sont inscrits. Est-ce satisfaisant ? Je répondrai oui. Nous avions peur au démarrage vu le faible taux de mobilisation. 55% signifie que nous pourrions avoir un taux de participation aux élections pas loin des 70%, ce qui serait fabuleux pour notre pays, une forte mobilisation des citoyens signifie que nous, tunisiens, avons pris conscience de ce qui nous arrive et sommes convaincus que nous sommes les acteurs désormais construisant l'avenir démocratique de la Tunisie! Votre parti Afek Tounes s'est dit "indigné" par les propos "diffamatoires et sans fondements" tenus par les avocats de l'ancien ministre du Transport Abderrahim Zouari contre vous. Qu'en pensez-vous ? Dans la forme, j'ai été très surpris de voir des hommes de loi diffamer non seulement mon nom mais aussi la fonction publique au sens large du terme. Nous sommes dans une période il est vrai "particulière" où le respect des lois n'est pas la règle pour tout le monde, mais là à voir des avocats s'exprimer ainsi non devant une cour, c'est assez étonnant. Dans le fond, je n'ai appris de quoi leur client est accusé qu'à travers la presse écrite suite à ces déclarations, puisque les avocats n'ont pas parlé de ces dossiers. Au sein du Ministère, le processus était clair lors de cette phase transitoire: la commission Abdelfettah Amor demande des dossiers au Ministère, elle l'a fait au Transport et à l'Equipement, et c'est cette commission je suppose qui a fait son analyse des dossiers et décidé quels sont ceux à fournir à la justice. Le Ministère ne s'est préoccupé que des dossiers d'inspection sur les entreprises et les directions générales en place pour nous assurer que nous avons des femmes et des hommes en charge de confiance, pour délivrer la feuille de route que nous avons mis en place. Ces missions, quand elles ont révélé des dysfonctionnements ont été transférés à la direction adéquate de la fonction publique, seule autorité capable de décider du type de sanction à opérer, administrative ou transfert à la justice si la sanction est potentiellement pénale pour le/la responsable en question. Que pensez-vous du système judiciaire actuel. Comment faut-il à œuvrer pour assainir le système judiciaire et instaurer une justice transitoire ? Le pays a fait une révolution sans mettre en place une justice transitoire, c'était une erreur que nous payons cher aujourd'hui. La justice est le pilier d'un état de droit. Elle était l'un des instruments du pouvoir fasciste que nous subissions, nos jeunes sortent à la rue, sacrifient leur vie pour voir un changement, et nous voilà en train de régler nos problèmes du passé avec pratiquement le même dispositif judiciaire. Chez Afek Tounes nous pensons que la constituante en plus de proposer une nouvelle constitution doit mettre en place une justice transitoire qui doit avoir comme objectif de faire le vrai procès du système Ben Ali en vue d'arriver à une conciliation nationale.