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Et si la Révolution nous était contée…
Lettre de Paris - E la Nave Va… vers une Tunisie libre ? Par François-G. Bussac
Publié dans Le Temps le 21 - 09 - 2011

Le câble de notre correspondant permanent Khalil Khalsi - Le point d'interrogation est bien à sa place, même si le titre aurait pu faire penser à un essai. Analyse d'une Tunisie qui renaît peut-être de ses cendres. D'une Tunisie en devenir, en redevenir.
Mais c'est le point d'interrogation que tous les Tunisiens placent dans leurs discussions d'après le 14-janvier, et dont l'auteur de ces chroniques retranscrit des bouts annonciateurs, quand on commençait à évoquer l'avenir brumeux de cette terre — un avenir auquel l'on osait à peine penser avant décembre 2010, par pur déni, comme parfois aujourd'hui encore. Seulement, François-G.
Bussac est un Tunisien de cœur et d'adoption, qui a vécu les événements dans la banlieue tunisoise, depuis son pied-à-terre sis à la Goulette. Lui qui traverse la Méditerranée depuis quelques années, au gré des mois et de ses activités d'auteur, et qui a choisi de sauvegarder cette attache qui le lie à la Tunisie depuis ses années de diplomatie culturelle, mais aussi, hasard de l'Histoire, à travers la mémoire de son grand-père.
François-G. Bussac est le descendant du Jardinier de Metlaoui, auquel il a consacré un gros livre qui a ouvert au nouvelliste prolifique qu'il est la voie du roman. Dans les années 1910-1920, donc, le grand-père écrivait ses mémoires dans le sud tunisien, pas loin des mines, au fin fond du désert, cultivant son jardin, comme un Candide (à l'esprit cependant très vif) vivant à l'abri du monde. Mais voilà que le monde, en tout cas du côté sud de la Méditerranée, recommence sa marche, près d'un siècle plus tard, et que le petit-fils du jardinier, du haut de son « Sémaphore », observe et prend note.
La première chronique voit le jour un certain mercredi 12 janvier 2011, quand les révoltes sont à leur apogée, ayant gagné Tunis, portées par le geste désespéré de Mohamed Bouazizi. Geste vu depuis, et par F.-G. Bussac d'ailleurs, quasiment comme un rite sacrificiel, allant jusqu'à surnommer le premier martyr (de cette première révolte de ce qui sera appelé le Printemps arabe) « Bouazizi le Magnifique ».
De l'optimisme et du réalisme
Comme les Tunisiens de naissance, le narrateur de ces chroniques suit les informations à la radio, à la télé, sur Facebook, au téléphone, avec ses amis de tous horizons. Il assiste à l'agonie de l'ancien régime, à ses derniers soubresauts, et aux premiers frémissements d'une démocratie naissante, ou en tout cas ce qu'il lui semble être cela — comme à tous les Tunisiens, au monde entier. De sa terrasse, il voit la traque des « rapaces » après le 14 janvier, la lutte de l'armée assistée par les comités de quartier. Il témoigne de cette « ivresse des mots », cette liberté de parole qui éclot soudain et qui emporte le peuple dans une frénésie qui sombre souvent dans le chaos. Il se demande, comme nous tous, si c'est bien la « fin du Mensonge », tant ce retournement de situation, par définition inattendu et si rapide, ressemble à un rêve. Un rêve qui risque de mal tourner ? L'appréhension du chroniqueur s'en ressent, quand il parle à P'tit Absa, son petit canari ; quand il faut goûter au « zgougou », amer, du Mouled ; quand on crie « dégage, dégage » à tout-va et que l'on sent déjà l'économie s'effondrer…
Ces chroniques régulières, accompagnées de photos de liesse (signées Kerim Bouzouita pour la plupart, dont plusieurs ont été prises à Paris lors de la manifestation du 15 janvier 2011), alternent les moments de pur bonheur et les instants de doute, presque de désillusion, comme si optimisme et pessimisme étaient jumelés, que le prix de la paix était la guerre et les morts qu'elle compte dans sa marche… Les états d'âme en changent, les comportements, ceux du chroniqueur comme des gens qui l'entourent, au quotidien ou momentanément : « Pour elle, tous les jeunes sont des petits garçons. Ses foulards chamarrés étaient fixés n'importe comment et elle me demandait, inquiète, à moi l'étranger, celui qui sait, selon elle : Comment va la Tunisie, monsieur François ? Hier, c'est elle qui a mis les choses au point. Elle a eu raison. Le second gouvernement provisoire a convaincu une grande majorité de futurs votants démocrates. La deuxième étape de ce qui sera la Révolution exemplaire de la Tunisie est en marche. »
François-G. Bussac mène l'enquête, livrant au lecteur son regard d'étranger, d'observateur dans ce laboratoire démocratique, comme on appelle la Tunisie depuis le début du Printemps arabe. Fort de son expérience de la démocratie européenne et de la laïcité française, il essaie tant bien que mal de garder une objectivité essentielle pour ce genre de travail quasi-journalistique. Mais, le cœur enraciné en Tunisie, il ne peut rester détaché, car l'écriture de ces chroniques en soi est née d'un besoin impérieux, celui de dire le présent vécu… Tant et si bien qu'un certain patriotisme en naît : « Pour la première fois depuis ces évènements je me suis senti exclu. N'ai-je pas le droit, moi aussi, de prier pour ces personnes qui se sont sacrifiées, ou qui ont été les victimes des sinistres séides d'un pouvoir aux abois ? »
Ce témoignage, envisagé comme des lettres aux amis d'outre-mer, a donc vu le jour en Tunisie, François-G. Bussac ayant été l'un des rares à écrire sous le feu de l'action et dans l'urgence ce qui n'était autrement fixé que par les publications des réseaux de partage. Et c'est alors que l'Histoire se transforme en un conte, beau avec ses joies et ses drames, un conte qui finit par un grand point d'interrogation.
Kh. Kh.
* François G. Bussac, E la Nave Va… vers une Tunisie libre ?, Arabesques éditions, 172 p., 12 DT.


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