•Les critères de la création artistique, pour les Nahdhaouis : la Vérité, le Beau et le Bien A quoi ressemblerait un meeting d'intellectuels d'Ennahdha ? En quoi une œuvre d'art est digne d'attention aux yeux des Nahdhaoui ? Et si liberté intellectuelle il y a, quelles en seraient les limites quand on est le parti de Rached Ghannouchi, ayant un fondement religieux, et surtout ayant une base très conservatrice qui pourrait se radicaliser ? Les réponses on est allé les chercher du côté de la Maison de la culture Ibn khaldoun, là où la liste Tunis I du parti a organisé une rencontre pour débattre des perspectives avenirs de la culture de l'après la Révolution. Quelle alternative pour le modèle culturel ? La rencontre, diraient certains détracteurs, servirait à redorer le blason d'un parti qui veut se forger une image modérée notamment après la diffusion du film iranien ‘'Persepolis'' à la télévision et le bruit sourd qu'elle a occasionnée. Le thème est à juste titre intéressant en un temps où l'évènement entraîne des débats houleux , suite à quoi des avocats nahdhaouis ont saisi la justice pour condamner les ‘'provocation intolérables'' des décideurs de Nessma Tv… Et même si le débat n'a pas porté uniquement sur le film, il était question de parler d'une possible culture alternative que proposerait Ennahdha, chose qu'Abou Yaarab Marzouki, universitaire et philosophe a niée en bloc. « Il n'est pas dans les intensions d'Ennahdha de proposer un projet culturel en dehors de la créativité artistique et de l'encouragement à l'innovation dans l'art. Un artiste qui se retrouve dans un environnement de liberté va pouvoir créer. » avance notre interlocuteur qui a passé en revue les séquelles d'un régime totalitaire qui brimera les artistes « Je veux par ailleurs rassurer ceux qui croient à tort qu'Ennahdha va se permettre un pouvoir absolu si elle aura la majorité dans l'Assemblée constituante. Même si le parti au nom duquel je parle, aura cette possibilité il ne le fera jamais, car Ennahdha veut instaurer les bases d'une union nationale où la règle qui prévaut est le consensus entre les différentes forces politiques, de l'extrême droite à l'extrême gauche. » dit-il en ajoutant «. Et contrairement à ce que prétendent certains le parti Ennahdha croit en cette liberté intellectuelle que doit avoir un artiste. On veut à tout prix montrer du doigt les partis qui ont un fondement religieux pour les taxer d'opposants à la créativité. » Reste maintenant à en définir les limites. Et c'est là toute la question. La vérité, le beau et le bien… Le débat a par la suite prix une autre tournure, puisque Abou Yaarab Marzouki a montré que ce qui est digne d'attention dans une œuvre d'art est ses possibilités à répondre à trois critères. A savoir, la Vérité, le beau et le bien. « Et même si l'art traite de la laideur c'est dans l'intension de la combattre dans cet éternel conflit entre les forces du bien et du mal. L'art doit libérer l'Homme des pulsions du mal et non pas le conduire vers elles.» dit Abou Yaarab Marzouki. Leila Chebbi, Halima Daoued, Hassen Ben Othmane étaient parmi les personnes qu'on a pu remarquer dans la foule qui s'est empressée pour suivre ce meeting nahdhaoui de haute volée. Sauf que là l'emportement a pris le dessus sur les discussions et les langues se sont déliées pour accuser le parti de Rached Ghannouchi d'être contre la créativité artistique. Leila Chebbi, actrice a parlé de son expérience avec des militants nahdhaoui sur Facebook qui l'ont accusé de « femme aux mœurs légères » pour qu'elle soit par la suite sujet d'une campagne de dénigrement sur la toile. Dans la même foulée – Le Temps- a posé une question se rapportant au fait qu'entre le bureau politique d'Ennahdha et sa base il existe de grands écarts et que le risque serait de voir la base se radicaliser et imposer ses points de vue. Abou Yaarab Marzouki qui y a répondu a signalé que tout parti politique « est une école éducative dont le rôle est d'amener ses adhérants à adopter certaines orientations politiques. Le parti Ennahdha essaye en ce sens de donner une image modérée du message religieux de le rationnaliser un tant soi peu. » Notre interlocuteur serait par ailleurs un partisan de l'adage qui dit « qu'il faut laisser le temps au temps. » pour voir après, ce qu'il en adviendra dans la réalité des faits.