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La pêche traditionnelle des éponges
Redécouvertes
Publié dans Le Temps le 01 - 07 - 2007

Les éponges existent depuis près de 600 millions d'années : avant l'ère primaire ! Ce sont des êtres très curieux qui ne possèdent ni tête ni corps, ni partie antérieure, ni partie postérieure.
Chez les éponges, il n'existe aucune symétrie. Elles sont parmi les animaux les plus « primitifs » qui soient.
Elles forment pourtant un embranchement important du règne animal. Les spongiaires peuplent toutes les mers, à toutes les profondeurs, des pôles à l'équateur. Il existe 5000 espèces marines dont 600 vivent en Méditerranée. Une sous-famille de plus d'une centaine d'espèces vit en eau douce.

Globalement, l'éponge est un sac filtreur, sédentaire, traversé par un courant d'eau. Elle peut avoir des formes très variables. Elle est souvent petite mais des espèces géantes peuvent atteindre 1 mètre de diamètre. Leur forme dépend beaucoup des conditions du milieu.
L'eau apportant oxygène et nourriture entre par de minuscules orifices : les ostioles. Des cellules bordées de cils assurent sa circulation indépendamment des conditions ambiantes. Chargée de déchets et de gaz carbonique, elle est expulsée par un ou plusieurs orifices : l'oscule de 0,1 à 1 millimètre de diamètre ou plus. Les éponges peuvent filtrer jusqu'à 100 litres par jour.
La majorité des spongiaires est hermaphrodite. La reproduction sexuée se fait par fécondation interne : l'œuf fécondé donne une larve ciliée mobile qui se fixe sur un site favorable au terme d'une phase planctonique. Il existe aussi une reproduction asexuée par bourgeonnement du « pied-mère ».
Le corps d'une éponge est isolé du milieu extérieur par une seule couche perforée de cellules : le pinacoderme. L'épithélium intérieur : le choanoderme est doté de flagelles dirigées vers l'intérieur du corps de l'éponge. Entre ces deux couches de cellules, existe une substance fondamentale gélatineuse : la mésoglée qui contient des éléments de squelette : les spicules calcaires ou siliceuses et parfois de longues fibres : les fibres de spongine.
Les éponges sont dépourvues de cellules nerveuses et musculaires. Elles ne réagissent donc pratiquement pas à des stimuli ou des blessures par des mouvements.
Il existe quatre classes d'éponges :
* Les éponges calcaires (calcisponges) : leurs spicules sont calcaires. Elles sont exclusivement marines.
* Les éponges siliceuses (démosponges) : leurs spicules, quand elles existent sont siliceuses et elles ont des fibres de spongine. Les démospongiae forment le groupe le plus important des spongiaires : 95 % des espèces récentes. On peut les trouver dans tous les environnements aquatiques. Les espèces commerciales, pêchées en Tunisie, appartiennent à cette classe.
* Les hexactinellides : leurs spicules siliceux sont composés de trois branches. Elles sont aussi marines.
* Les scolorospongiae ont des spicules siliceux et un « squelette organique » mince supporté par un squelette calcaire massif.
Les éponges ont peu de prédateurs, par contre, les épidémies, les pollutions et peut-être les modifications du milieu sont bien plus dangereuses. Une maladie est apparue en 1986, liée à la surexploitation. Elle semble être en régression.

La pêche sur les « bancs »
La pêche des éponges sur les « bancs » voisins des îles Kerkennah est une activité très ancienne. Les éponges sont appréciées depuis très longtemps pour leur contact agréable, leur élasticité et leur fabuleuse aptitude à « se remplir » de liquide. Il est possible que ce soit les Grecs qui aient, les premiers, pêché les éponges aux îles Kerkennah dans l'Antiquité.
La pêche à pied, encore pratiquée sur des fonds de 1 à 1,5 mètre pourrait en être une survivance. Les pêcheurs entrent dans l'eau et tentent de sentir l'éponge avec leurs pieds nus. Ils sont aidés par l'aspect des algues et des cymodocées qui sont des plantes comme les posidonies et non des algues. Cette « pêche » se pratique surtout à la belle saison.
La pêche au harpon aurait été introduite par les Siciliens. Héritiers ou descendants des Grecs ?
Le harpon : la « Hadida » a cinq dents barbelées. Celle du centre est un peu plus longue que les autres. Il est emmanché à une ou plusieurs grandes perches et peut atteindre des fonds de 6 à 8 mètres. Au-delà de cette profondeur et jusqu'à 15 à 18 mètres de profondeur, les Kerkenniens se servent d'une masse de fer, presque un grappin, emmanchée de plusieurs perches et attachée à une corde. L'autre instrument indispensable est la « M'raya ». C'est un cylindre de 50 centimètres de hauteur environ sur 30 de diamètre dont le fond étanche est une vitre. Auparavant, dit-on, on se servait de projections d'huile sur la surface de l'eau.
Le « scrutateur » observe le fond tandis que le ou les rameurs propulsent lentement la barque. Au signal, les rameurs immobilisent l'embarcation et le pêcheur lance son engin juste au-dessus de l'éponge repérée. Le grappin ou le harpon s'y enfonce et d'un mouvement énergique, les rameurs l'arrachent.
La pêche d'hiver, de novembre à mars, malgré les jours de mauvais temps, est plus « facile » : l'herbier est moins développé et il a été bouleversé par les houles. Les éponges se voient aisément.
La pêche d'été, de juin à septembre, est plus difficile : la végétation du fond atteint son développement maximum et masque les éponges. Le « scrutateur » les repère grâce à un « signal ». Les végétaux et les éponges croissent en même temps. Les végétaux épuisés et atrophiés par un liquide alcalin secrété par l'éponge forment une « rosette » blanchâtre autour de l'éponge : un « signal qui trahit l'éponge ».
En général, la pêche s'arrête d'octobre à janvier parce que les éponges se reproduisent durant cette période.
La « pêche noire », purement artisanale, est pratiquée par des équipages de 3 à 4 hommes embarqués sur des « barques » à voile latine de 4 à 5 mètres de long sortant pour 2 à 3 jours. Les éponges pêchées sont juste un peu pressées pour leur faire rejeter le « lait » : la matière vivante qu'elles contiennent et les empêcher de se corrompre. Les cellules vivantes forment, autour du squelette de l'éponge, une pellicule noire, en mourant. Les éponges seront vendues noires et puantes en sacs ou à la criée.
La « pêche blanche » occupe des équipages de 10 à 20 hommes embarqués sur des « bateaux - dépôts » pour plusieurs semaines. Ils pêcheront à deux sur un canot. Les éponges pêchées sont nettoyées de la matière vivante et des corps étrangers : sable et débris divers, qu'elles contiennent. Elles sont vendues propres et sèches, prêtes à être « taillées », à des grossistes.
Un bon « piqueur » peut arriver à ramener, en un mois de bonnes sorties - sans jours de mauvais temps ! - 20 à 30 kilogrammes d'éponges sèches.
La pêche à la gangave est la plus ancienne : une lourde barre de fer, associée à une pièce de bois, le tout relié à un filet, était traîné derrière le bateau.
La gangave causait autant de dégâts aux fonds marins que la « Croix de Saint André » des pêcheurs de corail. Cette technique est pratiquement interdite et abandonnée partout.
La pêche en plongée, d'abord au « scaphandre lourd », a causé de très nombreux accidents de décompression. Actuellement, elle est partout remplacée par la plongée en scaphandre autonome qui permet de choisir les éponges de nature et de taille commerciales.
Les espèces pêchées en Tunisie sont principalement soit, du genre Spongia, la Spongia officinalis, de forme massive et irrégulière, grise et blanc sale à l'intérieur de consistance très élastique et souple et d'une texture de velours ; la Spongia nitens et la Spongia agaricina. Elles sont aussi du genre Hippospongia, l'Hippospongia communis gris sombre élastique et ferme, de forme massive et l'Hippospngia équina. Toutes se trouvent sur l'herbier de posidonie.
La Zimoca est une petite éponge de texture serrée, dure et peu poreuse.
Nous avons parlé des éponges non seulement pour dire que la Tunisie est actuellement un des principaux exportateurs mondiaux d'éponges naturelles mais surtout pour recommander, une fois de plus, de protéger les herbiers de posidonies et les hauts-fonds, du Golfe de Gabès en particulier qui appartiennent au patrimoine tunisien et mondial et aussi pour faire remarquer que la pêche traditionnelle des éponges le long des côtes des îles Kerkennah pourrait intéresser de très nombreux touristes.
L'attrait des barques traditionnelles est certain : en France, le « pointu méditerranéen » et la « barque catalane » ont un grand succès alors que le pauvre « loud » meurt et que la « felouque » : la « flouka » est presque dédaignée.
Partir en mer, pour un moment ou une journée, et pêcher à la « palangrotte » se paie très cher au Maroc. Naviguer à la voile, pêcher à la traîne durant l'approche, remonter quelques éponges, les voir d'abord puis les harponner ! Manger, à bord, une « marka sfaxia », des « sbares » grillés ou tout autre poisson frais pêché, finir par une pastèque, se baigner, voire plonger en apnée sur des fonds de 8 à 10 mètres à la manière des Acares de Zarzis qui plongent plus profond lestés d'une grosse pierre, tout cela remplirait, sans plus de risques que de traverser une rue à pied, une journée de rêve à Kerkennah et donnerait envie d'y revenir.
De plus, les éponges « commerciales » présentent certes, un intérêt certain en tant qu'éponges de toilette mais elles ne doivent pas être considérées seulement comme des ressources halieutiques à gérer correctement dans le cadre d'un développement durable.
Les spongiaires en général peuvent éventuellement être, comme les algues, la source de nouvelles substances bio-actives intéressantes en médecine, en pharmacie ou ... et de grande valeur.


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