Le mouvement Ennahdha et le Parti du Congrès pour la République (CPR) ont affirmé, hier, l'existence d'un “accord de principe” entre eux et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) (Ettakatol) sur l'attribution de postes-clés de l'Etat et sur les concertations en cours concernant la formation du gouvernement. Pour sa part, Ettakatol a insisté sur le fait “qu'on ne peut parler d'un accord à l'heure actuelle”. “Nous avons eu un accord de principe sur les trois postes clés”, a déclaré un membre du bureau politique du mouvement Ennahdha à la TAP, Noureddine Arbaoui. Le poste de Président de la République par intérim reviendra à Moncef Marzouki (CPR), le Secrétaire général du Mouvement Ennahdha Hammadi Jebali obtiendra le poste de chef de gouvernement et la présidence de l'Assemblée nationale constituante sera attribuée à Mustapha Ben Jaâfar (Ettakatol), a-t-il indiqué. De son côté, Samir Ben Amor, membre du CPR a précisé à la TAP:”il y a un accord de principe sur les postes-clés de l'Etat qui ne sera définitif que lorsqu'il sera annoncé lors d'une conférence de presse ou dans une déclaration commune lundi”. Le porte-parole d'Ettakatol Mohamed Bennour, a nié l'existence d'un “accord” sur les postes-clés de l'Etat à l'heure actuelle, considérant que les informations rapportées par certains médias sur un éventuel accord entre Ettakatol, Ennahdha et le CPR ne font qu'”anticiper les événements”. Les observateurs considèrent que ces divergences des positions sont dues à l'attachement du parti Ettakatol à un “accord global” qui remplacera le poste de président de la République auquel il tenait beaucoup et qui reviendrait probablement à Moncef Marzouki (CPR), un accord qui sera approuvé par Ettakatol s'il accédera à des portefeuilles ministériels importants. Samir Ben Amor a assuré que les concertations tripartites en cours concernent la formation du gouvernement et l'attribution de portefeuilles ministériels. Noureddine Arbaoui a estimé, pour sa part, que les concertations sur la formation d'un gouvernement de coalition entrent maintenant dans la “phase finale” et seront annoncées dans les heures qui viennent, avant la séance inaugurale de l'Assemblée nationale constituante fixée pour mardi prochain. “Après avoir tranché la question des trois postes de présidence, les concertations tripartites se poursuivent pour parvenir à un compromis sur les portefeuilles des ministères de souveraineté. Le but est d'arriver à la formation d'un gouvernement harmonieux”, a-t-il dit. Samir Ben Amor a confié que les concertations avec les autres partis sur la formation du gouvernement n'a pas encore démarré. Il semble toutefois qu'une des parties de la coalition tripartite a d'ores et déjà engagé des concertations unilatérales avec certaines personnalités et dirigeants de partis. Le Parti démocrate progressiste (PDP-16 sièges) avait annoncé qu'il n'”était pas concerné” par ces concertations, alors que le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT-3 sièges) a confirmé qu'il a été sollicité pour participer au gouvernement mais qu'il souhaite “rester en dehors de ce gouvernement”. Plusieurs parties dont le Pôle démocratique moderniste (PDM) (5 sièges) et le PDP ont critiqué le déroulement des concertations menées “en catimini”.
Le PDP critique les concertations menées «en catimini» Un des dirigeants du Parti démocrate progressiste (PDP) Issam Chebbi a critiqué le processus engagé pour former le nouveau gouvernement et attribuer les postes clés de l'Etat à travers “des concertations menées en catimini entre les trois principaux partenaires politiques sans associer l'opinion publique”. “Il vaut mieux discuter ouvertement devant l'opinion publique sur les programmes et les attributions du gouvernement, de la présidence de la République provisoire et de l'Assemblée nationale constituante, ainsi que des exigences de la prochaine étape et de ses dirigeants”, a-t-il déclaré à la TAP. Issam Chebbi a affirmé que le PDP refuse de participer à un gouvernement conduit par le mouvement Ennadhdha, qualifiant les déclarations de son secrétaire général Hammadi Jebali sur le “6ème Califat” de “dangereuses de la part d'un homme qui postule pour le poste de Premier ministre durant une étape délicate de l'histoire du pays”. “Ces propos sont une déviation des objectifs de la révolution et un désengagement du mouvement Ennadhdha qui se défend de respecter les fondements de l'Etat civil”, a-t-il dit, soulignant que son parti ne ménagera aucun effort pour le dialogue et s'emploiera, (dans l'opposition), à faire réussir la transition démocratique”. Le PDP a obtenu 16 sièges au sein de la Constituante lors du scrutin du 23 octobre.