« L'architecture est l'un des plus urgents besoins de l'homme puisque la maison a toujours été l'indispensable et premier outil qu'il se soit forgé », affirme l'architecte Le Corbusier. Bien évidemment, dans l'actuelle conjoncture mondiale en permanente mutation, l'architecture ne cesse d'être approchée différemment. "FreshLatino" est l'un des projets architecturaux qui a fait l'objet d'une table ronde le 21 novembre à l'ENAU à Sidi Bou- Saïd, en présence de l'architecte espagnole Arianda Cantis, la professeur Leila Ben Amar, le directeur de l'école Faker Karat et le directeur de l'Institut Cervantès Carlos Varona. La conférence a été suivie d'un film documentaire sur l'architecture contemporaine en Amérique Latine et d'un débat sur le fondement et les enjeux urbanistes."FreshLatino" est un projet d'une grande envergure englobant 14 bureaux d'architectes ibéro-américains ayant pour but la création de liens socioculturels auprès des deux côtés de l'Atlantique en redessinant une nouvelle géographie urbaine. Ce projet se veut moderniste par le recours aux nouveaux modes de diffusion, une plate-forme documentaire dont le réseau s'étend par la photographie, l'installation-vidéo, et tous types de supports numériques. Il s'agit d'une nouvelle approche d'aménager la complexité de la ville et de construire loin de l'anthropocentrisme et la ségrégation raciale vu le flux de migration qu'a connu l'Amérique Latine et les problèmes d'ordre démographique comme, à titre d'exemple, les quartiers de Sao-Paulo au Brésil, d'autres à Buenos Aires à l'Argentine ou encore au Chili et Cuba. L'intersection entre architecture, art contemporain et l'histoire de la ville donne à voir une identité dynamique à "l'espace-image" de ces pays dans un contexte hétérogène et instable basé sur deux notions: l'intensité et la densité. En effet, le surpeuplement, la montée foudroyante des bidonvilles et le manque de moyens posent problème à toute idée architecturale innovatrice d'où la difficulté de cohabiter la dense et intense conception de penser la ville autrement sous l'effet du "sens" et "l'émotion". Ainsi, l'architecture permettrait de faire une critique sociale et politique dans le but de chercher des alternatives aux problèmes cités ci-dessus. C'est dans ce cadre là que, se situe l'intention de l' "Ibéro-Amérique" de FreshLatino, qui n'unit pas, géographiquement parlant, des pays voisins mais plutôt ceux qui ont une histoire et culture communes. Ce lien communautaire est formé par des pays d'Europe et d'Amérique Latine dans lesquels sont parlés l'espagnol et le portugais. En tout, 22 Etats regroupant 600 millions de citoyens partageant un pan historique dont les racines communes rendent possibles et renforcent un grand nombre de manières différentes de cohabiter dans le monde, une communauté transcontinentale d'une grande richesse. La nouveauté de cette vision "ibéro-américaine" se reconnaît dans l'incorporation dans le répertoire d'outils en provenance de la sociologie, la politique, l'économie et le design pour transcender les limites du système standardisé du travail. Développer une nouvelle structure territoriale générant de nouveaux modes de vie, de l'exploitation de l'espace public et d'une pensée transversale tout en tenant compte de la biodiversité se révèle la gageure de l'architecture latino-américaine. La dimension écologique est bel et bien présente dans ce projet "FreshLatino" à travers le choix de la couleur verte qui transmet un message clair pour la sauvegarde de la nature et le bien-être de l'individu. Car il n'est pas seulement, question d'édifier ou de considérer l'architecture comme un catalyseur fort de changement social ou encore d' « élargir l'art dans la réalité », mais peut-être, «la réalité dans l'art »!