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« Melos » en résidence pédagogique à Djerba
Projet musical
Publié dans Le Temps le 03 - 12 - 2011

Quatre mois après son premier passage à Djerba dans le cadre de la résidence artistique couronnée alors par l'éclosion d'un répertoire méditerranéen commun, fruit de rencontre, de partage, de confrontation entre onze artistes issus de cultures différentes, tous interprètes de musiques traditionnelles, «Melos»,
cette création artistique ambitieuse regroupant des traditions musicales de trois pays de la Méditerranée, l'Espagne, la Tunisie et la Grèce,, était de nouveau de passage à Djerba du 21 au 24 novembre dans le cadre cette fois-ci du volet pédagogique destiné aux enseignants et élèves musiciens exerçant dans la région. Vingt à vingt cinq, entre enseignants et élèves musiciens de différents âges ont pris part à ces rencontres pédagogiques axées sur la thématique du travail vocal et son expression musicale, mus par le même désir de côtoyer les maîtres de la musique traditionnelle mobilisés pour animer séparément les ateliers d'apprentissage répartis entre la maison de la Culture et le Centre Culturel Méditerranéen à Houmt-Souk, et accueillis en résidence pédagogique au Centre International d'Art et de Culture Dar Chérif à Sidi Jmour Djerba, un des cinq partenaires du projet « Melos », avec le Festival Ville des Musiques du Monde ( Aubervilliers, France), le Festival Au Fil des Voix ( Paris, France), le Festival de Stimmen (Allemagne), le Musical Tradition of the Mediterranean (Thessalonique, Grèce), et Dar Chérif (Sidi Jmour, Djerba).
Quatre ateliers ont été mis en place, animés par Keyvan Chemiriani aux percussions, Dorsaf Hamdani au chant, Kyriakos Kalaitzides au luth et Mohamed Lassoued au violon. Les résultats escomptés étaient de permettre aux élèves de se situer d'abord les uns par rapport aux autres, de faire un état des lieux de leurs compétences, de renforcer le lien entre la pratique musicale et ses origines territoriales et d'être sensibilisés aux différentes dimensions de cette origine territoriale. Ces rencontres pédagogiques entre « maîtres artistes» et enseignants et élèves musiciens devaient aboutir à l'évolution des capacités techniques des apprenants dans la pratique musicale et à une meilleure connaissance de l'origine des musiques travaillées. Au vu de la qualité des prestations fournies par les élèves musiciens lors de la soirée de clôture organisée jeudi 24 novembre à la grande salle de la Maison de Culture, force est d'admettre que le pari était gagné : le spectacle présenté ayant mis à l'épreuve les enseignants et les élèves musiciens, était indiscutablement un pur régal et une belle découverte, pour le bonheur du public nombreux qui a rempli la salle. Ils étaient irréprochables, tant au niveau du travail vocal qu'au niveau de la maîtrise instrumentale ; leur évolution sur scène devant ce public de mélomanes connaisseurs et avertis ne les a guère désarçonnés, parvenant, avec aisance et décontraction, à maîtriser la matière de leur art, et à exhiber à merveille leurs capacités vocales et leurs prouesses techniques ; entre les maîtres et les élèves, la communion était quasi-totale et l'entente était à la symbiose. Les applaudissements nourris du public reconnaissant et les standing ovations à répétition n'étaient que pour leur reconnaître ce mérite d'avoir convaincu, ravi et enchanté
Il ne manquait à ces jeunes talents que de pareilles occasions pour éclore, s'épanouir et confirmer leur talent ; « Melos » leur a donné cette chance en les gratifiant de l'opportunité de côtoyer des maîtres de la musique traditionnelle, de travailler avec eux et de s'inspirer de leur savoir-faire ; ils ont saisi cette chance à deux mains, et ils ont prouvé l'étendue de leurs capacités.
Naceur Bouabid

Entretiens
* Kevan Chemirani : « Toutes les cultures du monde se croisent et il faut les décloisonner »
Keyvan Chemirani est né à Paris en 1968. Percussionniste prolifique et novateur d'origine iranienne, il s'investit dans des collaborations fructueuses. Ses différentes rencontres musicales (flamenco, musique ottomane, grecque, arabo andalouse, carnatique, jazz), lui ont permis d'appréhender les caractères particuliers de différentes traditions mais aussi leurs similitudes. Il a également dirigé plusieurs créations qui rassemblent différentes traditions musicales ("Le rythme de la parole - Iran, Inde, Mali", "Battements au coeur de l'Orient", etc.), comme c'est le cas pour "Melos".
Il était présent à Djerba pour animer l'atelier consacré aux percussions s'inscrivant dans le volet pédagogique du projet « Melos » dont il est le directeur artistique.
Le Temps: Vous êtes l'initiateur du projet de création de « Melos » et le facilitateur de la rencontre des répertoires; si vous nous la présentiez ?
Kevan Chemirani: la proposition elle-même vient de M. Saïd Asadi, directeur du Festival Au Fil des Voix et propriétaire d'une maison de disques « Regards croisés » et qui s'intéresse depuis des années aux voix de toutes les cultures du monde. J'ai été chargé de faire un casting et de choisir les pays. J'ai pensé à la Tunisie parce que, autant vous dire, je connaissais Dorsaf Hamdani dont je suis très ému et touché par la voix. Nous avons travaillé ensemble il y a quinze ans sur d'autres projets de fusion, et c'est elle qui m'a présenté le maestro Mohamed Lassoued, son directeur artistique, pour l'accompagner. L'idée était de réunir des artistes enracinés dans leur culture, qui ont un savoir traditionnel important, qui ont appris avec des maîtres cette passion, qui mettent en vie cette musique, qui ont cette volonté et cette curiosité d'aller vers l'autre, de chercher des choses à partager, des passerelles, et qui ont cette générosité de jouer et de rencontrer des gens. C'est une démarche qui est à la fois généreuse et difficile : quand on travaille sur quelque chose qu'on connait bien, on est en sécurité et on fait du bon travail ; mais quand on a envie de rencontrer l'autre, de comprendre l'autre, toutes les différences et les points communs, ce qui peut être partagé et ce qui ne l'est pas, la démarche devient difficile et elle relève de la gageure.
Vos prônez alors le décloisonnement des cultures du monde, et le projet « Melos » s'inscrit donc dans cette perspective ?
- Tout à fait. Toutes les cultures du monde se croisent et il faut les décloisonner. Ce n'est pas aussi facile que ça d'emmener des artistes dans un nouveau territoire où il y a un travail de création ; on ne fait pas de la musique traditionnelle, mais la musique qui est enracinée dans les traditions et qui nous mène vers un point, vers un quelque part où tour à tour chacun est l'autre qui invite celui qui est invité à venir chez les autres déguster les nouveaux plats.
« Melos » est désormais sur les rails : après la résidence artistique à Dar Chérif à Sidi Jmour ( du 7 au 11 juillet), le spectacle a été présenté à Stimmen en Allemagne (13 juillet), puis à Aubervilliers dans le cadre du Festival « Ville des musiques du monde ». Estimez-vous, maintenant que le projet est presque à mi-parcours, que la gageure soit gagnée ?
- Oui, le pari est gagné. La rencontre a été magique, elle a fonctionné. Quand on est directeur artistique, il faut beaucoup de psychologie parce qu'on se met en plein danger, les artistes aussi. On a eu beaucoup de plaisir à se rencontrer, à se découvrir, à être impressionné par ce que faisait l'autre, à être touché et ému par ce qu'il pourrait proposer et trouver des choses qui donnent un sens ; mais la quête du sens dans ces rencontres est très difficile. Il est vrai qu'on a des modes en commun, des rythmes en commun, mais on s'aperçoit que même d'une région à une autre, les rythmes ne sont pas les mêmes, et les intervalles entre les notes aussi ; imaginons alors entre les pays différents ! On a quand même trouvé des modes semblables, des rythmes semblables, des thèmes semblables aussi, et c'était émouvant, donc réussi. Mais, une rencontre est toujours fragile ; il faut remettre à l'ouvrage ce rapport, cette compréhension de l'un avec l'autre ; il faut toujours porter vers l'autre tout en restant soi-même. De ce côté-là, ce n'est pas complètement gagné, mais c'est toujours un pari passionnant.
Un mot sur les ateliers pédagogiques auxquels vous venez de prendre par, ont-ils rempli la fonction qui leur avait été assignée ?
- Avec les ateliers pédagogiques, on ne sait jamais sur qui on va tomber : on nous dit que vous allez avoir dans des masters classes des élèves qui jouent très bien, et on tombe quasiment sur des débutants ; à Djerba, on a eu de bons élèves, voire de très bons élèves, jeunes, qui avaient une grande curiosité, beaucoup d'énergie, et qui avaient envie de comprendre ce qu'on leur propose. C'est génial, excitant et gratifiant pour moi d'avoir de bons élèves et de sentir qu'eux aussi sont heureux de ce que je leur propose et qu'il les nourrit. C'est une belle expérience.

*Dorsaf Hamdani : « J'avais affaire à des élèves pleins de talents »
Dorsaf hamdani a été chargée d'animer l'atelier axé sur le travail vocal organisé au profit des enseignants et élèves musiciens dans le cadre du projet « Melos ». Elle s'en est acquittée avec brio et efficience : les prestations époustouflantes des apprenants lors de la soirée de clôture en apportaient la preuve. Avec beaucoup de modestie et ce sourire qui lui est coutumier, elle a bien voulu répondre à nos questions :
Que représente pour vous « Melos » ?
- Avant de le commencer, « Melos » était pour moi un projet très important, un train culturel réunissant différentes cultures, mais qui puisent dans la même source, qui baignent dans la même culture. Aujourd'hui, franchement, « Melos » est une famille. Faire naître ce projet n'était pas facile, comme toute naissance d'ailleurs, mais c'était un plaisir, un grand bonheur de vivre des moments magiques avec les artistes sur scène, dans les coulisses pendant la résidence artistique à Dar Chérif à Sidi Jmour. Je me mettais en duo avec le Grec Kyriakos Kalaitzides qui m'apprenait des choses, ensuite je me mettais avec le flamenquiste espagnol El Kiki qui me demandait de lui apprendre des choses et de jouer des palmas avec lui en tapant des mains. C'est excellent de pouvoir jouer la musique des autres.
Dans l'état actuel des choses, peut-on parler déjà de réussite ?
- En quelque sorte oui ; le parcours jusque là réalisé est rassurant.
Pourquoi Djerba pour abriter tant la résidence artistique que les ateliers pédagogiques ?
-Le projet a focalisé sur la culture tunisienne ; il fallait que celle-ci soit mise en avant, et c'est vraiment le cas. Il fallait aussi décentraliser le mouvement culturel des capitales. Le choix a été porté sur l'île de Djerba, pour pouvoir apporter ce dynamisme, ce mouvement, et faire vivre tous les talents qui existent. Vivre au sein de cette île et être accueillis dans cette terre est très important pour les artistes qui ont participé à ce projet. De ce fait, la décentralisation de ce mouvement culturel est salutaire. En tant que Tunisienne, je me réjouis que loin de Tunis, loin de ce qui semble si évident dans les grandes capitales, on puisse trouver des gens qui sont capables de faire, d'animer l'amour et cette volonté de faire. Depuis le premier jour, je me suis rendu compte que j'avais affaire à des élèves pleins de talents et enthousiasmés. Ils ont été jusqu'au dernier jour, ils avaient les larmes aux yeux et ils n'avaient pas envie de partir. J'espère pour eux que ce ne sera pas la fin.
Un mot sur les ateliers pédagogiques ?
- je ne suis pas du tout déçue. J'avais peur au départ car je ne connaissais pas les gens. Mais, les élèves avaient une facilité de communiquer, aussi bien avec Mohamed Lassoued et moi-même, qu' avec les autres maîtres animateurs de cultures différentes, Kévan Chemirani et Kyriakos Kalaitzides qui, lui, ne parle même pas le français. J'ai vu qu'il y avait une ambiance bon enfant et que les séances d'apprentissage se sont très bien déroulées sur le plan humain autant que sur le plan artistique. Les élèves qui étaient là dépassent carrément le statut de débutants amateurs et ils peuvent faire carrière et exceller.


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