Les réactions qui depuis dimanche dernier ont suivi la première défaite de l'Espérance ne vont certainement pas s'arrêter après le deuxième échec de mercredi. Des intempestives par lesquelles leurs auteurs ont voulu exprimer leur dépit, aux plus subtiles à la formulation ambigüe, on aura apprécié la diversité des sentiments que l'Espérance est en mesure de susciter. Entre pro et anti, ce ne fut en fin de compte que ce que le football est en mesure de démontrer Il n'est point, en effet, de plus grande rivalité que ce que le terroir le plus exigu peut engendrer. Car il est faux de parler de cause sacrée. De tout temps c'est le quartier qui est privilégié et un nom et des couleurs qui ont primé. Qui a encore vu un piémontais de la juve applaudir un lombard du Milan AC ou un Castillan de Madrid vibrer pour un Barça Catalan ? Quand il s'agit de club de football, le prestige n'est jamais partagé par le sujet qui s'en approprie comme son échec n'est jamais pris en compte par ses rivaux. L'Espérance est sûrement persuadée de cette réalité. Dans son périple dans l'archipel japonais, elle est seule à avoir gouté au prestige de la popularité et sûrement seule à souffrir de la déconvenue. Cette péripétie aura une place de choix dans son histoire. Mais comment pourrait-elle exclure de cette odyssée cette image affreuse d'une bouteille jetée par un de ses supporters sur le gazon d'un terrain que des centaines de caméras filmaient et que des millions de téléspectateurs regardaient. Dans cette image l'Espérance n'était pas seule hélas, à être salie. Le prestige de tout un peuple y est, dans ce cas, engagé. Quelques énergumènes assez aisés pour dépenser des millions sont allés au bout de la terre pour exhiber au monde entier leur stupide inconditionnalité. Telle est dans sa simplicité, la conséquence de l'irruption des inconscients dans les affaires des grands. Pour ses vrais supporters, l'Espérance n'a pas autant perdu sur le terrain que par le geste de certains de ses vrais ennemis qui ont le front de dire être ses amis. M.Z