La littérature africaine anglophone est mal connue de ce côté du Channel. C'est sans doute ce constat qui a conduit Jean-Pierre Orban des éditions L'Harmattan à publier, dans le cadre de sa belle collection « L'Afrique au cœur des lettres », le livre- document de l'éditeur anglais James Currey consacré à l'épopée de la célèbre « African Writer Series » (AWS) que ce dernier a dirigée entre 1967 et 1984. Quand l'Afrique réplique est un ouvrage précieux qui raconte, à travers les heurs et malheurs d'une collection littéraire, l'histoire tout court de la genèse et du développement de la littérature africaine anglophone moderne. Il faut remercier Jean-Pierre Orban d'avoir pris l'initiative de faire traduire en français et publier cet ouvrage important. Son auteur James Currey était à Paris le samedi 19 novembre pour parler de son livre et surtout de son expérience à la tête de la célébrissime collection qui va fêter l'année prochaine son cinquantième anniversaire. Prenant la parole au musée du quai Branly dans le cadre d'une rencontre autour de la littérature africaine anglophone, qui a réuni spécialistes (Romuald Fonkoua, Xavier Garnier, Christiane Fioupou, Obioma Ofoego) et écrivains (le Tanzanien Abdulrazak Gurnah et le Zimbabwéen Brian Chikwava), Currey est revenu longuement sur les origines de la collection. Le projet était qualifié par les observateurs de l'époque d'« insensé » mais d'« inspiré ». « Insensé » car dans les années 1960 la littérature africaine était à ses premiers balbutiements. Ni le concept d'écrivain africain, ni l'idée d'une collection de textes littéraires venus d'Afrique n'allait de soi.