Les jeux sont déjà faits. Enfin les résultats des élections du nouveau bureau exécutif de l'UGTT ont été prononcés hier, jeudi 29 décembre. Ainsi le rideau se baisse sur les travaux du 22ème congrès de l'UGTT qui ont débuté le 24 du mois courant à Tabarka. Le nouveau bureau exécutif, qui comprend 13 membres, n'est constitué que d'hommes, rien que des hommes ! Encore une fois, la mentalité masculine a prévalu au cours de ces élections au sein de l'UGTT: les femmes candidates furent tout simplement écartées comme si la gent féminine n'était pas à la hauteur de jouer un rôle au sein de la centrale ouvrière. C'est le même scénario du 21è congrès qui se répète : le bureau exécutif reste encore et toujours la chasse gardée du sexe fort. Est-ce normal que des hommes exercent encore leur hégémonie électorale sur les femmes au sein d'une organisation qui a toujours affiché sa volonté d'établir une certaine équité représentative entre les deux sexes dans les différentes instances de l'UGTT ? Il va sans dire que le militantisme des femmes tunisiennes, qu'il soit syndical, politique ou au niveau des associations, ne date pas d'aujourd'hui et ne cesse de s'imposer à travers les années. La participation positive de la femme tunisienne à la Révolution n'est pas à démontrer ; sa candidature aux élections qui ont suivi et sa représentation au sein de la Constituante est la preuve que la femme est digne de certains postes jusque-là destinés strictement aux hommes ! L'on se demande donc pourquoi certains hommes au sein de la Centrale syndicale gardent encore cette mentalité rétrograde qui relègue le rôle syndical de la femme à un second degré, quand bien même la femme aurait participé côte à côte avec les hommes lors des manifestations et meetings organisés par l'UGTT lors de la Révolution ! Une attitude on ne peut plus blâmable de la part des syndicalistes du sexe fort qui témoignent peut-être d'une certaine misogynie ancrée dans les esprits et qui n'a pas l'air de s'éclipser malgré l'évolution de la société. La peur de voir la femme atteindre un certain stade de pouvoir ou de décision fait encore peur à certains hommes qui refusent encore de voir les femmes dans des postes-clés. D'ailleurs, cette attitude négative envers les femmes syndicalistes n'est pas propre à la Tunisie ; il existe encore en Europe des associations syndicales où les femmes sont marginalisées. De même, dans les pays arabes, la représentation syndicale féminine est quasi inexistante, sachant que les femmes arabes luttent encore pour obtenir leur statut familial. Mais en ce qui concerne la femme tunisienne qui est arrivée à un stade assez important d'émancipation, il est aberrant de lui refuser encore aujourd'hui le droit d'accéder au Bureau Exécutif de l'UGTT, sachant que le nombre de femmes salariées et adhérentes au syndicat s'accroît chaque année davantage et que bon nombre de femmes sont membres au sein des bureaux locaux et régionaux de l'UGTT, par conséquent, leur exclusion du Bureau exécutif est désormais inacceptable dans la Tunisie de l'Après-révolution : sept femmes militantes figuraient pourtant sur les listes des candidats pour l'accès au bureau exécutif lors de ce congrès et elles étaient présentes également lors du dernier congrès en 2006, mais aucune femme n'a été élue ! C'est paradoxal, quand on sait que la femme tunisienne a atteint aujourd'hui un niveau intellectuel et professionnel tel qu'il est tout à fait légitime qu'elle assume des responsabilités d'un membre au sein du Bureau Exécutif de l'UGTT . L'avenir du syndicalisme dans notre pays, compte tenu de la conjoncture socio-économique nationale et internationale, est avec la femme militante et pas sans elle. N'est-il pas venu le temps où l'on doit mettre fin à toutes sortes de discrimination au sein de cette honorable organisation qui fait la fierté de tous les Tunisiens et toutes les Tunisiennes ?