Moncef Marzouki monte au créneau. Maintenant que son staff est constitué ; il décide de communiquer, par l'entremise du porte-parole officiel – et il le fera lui-même s'il le faut - , parce qu'à l'évidence, il constate que les instances gouvernementales ne le font pas ou que, lorsqu'elles le font, c'est avec des accents partisans et, donc, dans la langue de bois. Alors que le Premier ministre minimise des actes authentiquement terroristes sur notre territoire et que le ministre de l'Intérieur croit pouvoir gérer les forces de l'ordre avec des professions de foi dignes de Mère Teresa, le Président de la République (cessons de le flanquer de ce mot ridicule : « provisoire ») eh bien Moncef Marzouki dit la vérité sur le danger des dérives en Tunisie, sur les motivations et, surtout, sur l'appartenance des groupuscules infiltrant et instrumentalisant certaines structures des forces de l'ordre. D'ailleurs, il n'avait cessé d'attirer l'attention sur la précarité sécuritaire de nos frontières avec la Libye et avec l'Algérie aussi… En fait, cette démarche contraste copieusement avec celle du gouvernement qui se sent vraisemblablement acculé – parce qu'on le sabote ouvertement – et qui choisit la fuite en avant, plutôt que d'affronter les saboteurs de manière frontale. Seuls, en définitive, les services secrets de la police et de l'armée savent ce qui se prépare comme complots contre la Tunisie. Mais, jusque là, aucun indice quant à une sérieuse coordination entre les services et avec le gouvernement n'est perceptible. Au demeurant, Moncef Marzouki en appelle à une coordination entre pays maghrébins et pays du Sahara et à ce niveau, pas besoin qu'on nous fasse un dessin : les ramifications de l'Aqmi brassent « scientifiquement » la région. Avec des frontières devenues de véritables passoires, on ne peut y faire face tous seuls, pas plus que le gouvernement ne saurait continuer à adopter cette espèce de « résistance passive ». Marzouki a choisi de secouer tout le monde. Un peu pour montrer que cette cohabitation ne le figera pas dans la figuration. Un peu aussi (beaucoup plutôt) parce que c'est son tempérament. Raouf KHALSI mahmoudbedoui Belguessem daassi Rolmops amenophis