Alors que l'union libre entre homme et femme et le concubinage sont reconnus légalement, dans les pays européens et en Occident , en général, les tunisiens restent attachés, depuis 1956, au modèle du mariage monogamique à vie, consacré par un contrat en bonne et due forme, signé par les deux conjoints, devant témoins, et officiellement authentifié auprès de notaires ou de la municipalité. Selon beaucoup de commentateurs, cet attachement quasi obsessionnel au modèle du mariage monogamique officiellement authentifié, relève d'une idéalisation dogmatique infondée de cette forme de relations conjugales, au nom de la liberté et du progrès. Ils signalent le tollé général soulevé, dernièrement, en Tunisie, par la simple évocation du mariage coutumier et du mariage de jouissance, notamment chez l'élite intellectuelle occidentalisée des deux sexes, qui accepterait, par contre, une institutionnalisation de l'union libre. Un spécialiste nous a indiqué que le principe fondamental dans l'établissement des relations humaines en général, comme les transactions commerciales ou le mariage, est la liberté et le consentement volontaire des deux parties. “Tant qu'il n'y a pas de contrainte de quelque nature que ce soit, telle que la pauvreté, l'indigence, le handicap physique, la force, l'ignorance avérée, nul n'est en droit de contester et de critiquer les choix faits par une personne saine et sauve de corps et d'esprit, a-t-il dit. Or, a-t-il ajouté, le modèle du mariage monogamique à vie, pour le meilleur et pour le pire, officiellement authentifié, est un dogme d'origine chrétienne consacré, en Occident, par les courants politiques conservateurs et il a été, sans cesse, combattu par les courants et les auteurs progressistes, comme étant une entrave à la liberté individuelle, principalement au niveau des rapports sexuels. La reconnaissance officielle du concubinage, en Europe et en Occident, est le résultat, autant de la pratique, que de ce combat livré contre le mariage monogamique officiel à vie, par les courants progressistes. Les gens ont tendance à occulter les peines insupportables que les jeunes gens sont contraints d'endurer avant de pouvoir trouver les moyens matériels pour se marier et convoler en justes noces, selon les normes sociales établies. Depuis ses origines et jusqu'à nos jours, le mariage a revêtu un aspect commercial indéniable. Le même spécialiste a fait remarquer que la civilisation arabe et islamique a été, souvent, négativement, identifiée à la pratique de la polygamie, alors qu'elle a développé plusieurs types de mariages comme le mariage de jouissance qui est une union libre officielle, avant la lettre. Mariage communiste et philosophie La civilisation arabe et islamique a enregistré aussi des expériences de mariage communiste où les rapports sexuels entre les hommes et les femmes étaient totalement libres, comme dans certains petits Etats communistes créés par les Karmates (Al Karamita). Des expériences similaires avaient été tentées en Perse, avant l'Islam, par des mouvements révolutionnaires. Chez quelques groupes d'anciens berbères en Afrique du Nord, les rapports sexuels entre les hommes et les femmes étaient libres au point que la femme tirait fierté du nombre élevé de ses amants. D'après notre interlocuteur, les unions polygamiques (un homme avec plusieurs femmes), librement consenties, peuvent être justifiées, au même titre que les unions polyandriques (une femme avec plusieurs hommes) librement choisies, sachant que les unions polygamiques et polyandriques sont les formes de mariage naturelles les plus anciennes. Le grand philosophe grec Platon qui vécut, cinq siècles avant JC, était partisan du mariage communiste, et dans son livre “La République'', il considérait le mariage communiste comme étant le modèle de mariage qui convient le mieux à la Cité idéale, mais il l'entourait de nombreuses conditions, comme la sélection des conjoints par un aérophage de sages. Salah BEN HAMADI