Le Mouvement Ettajdid vient d'achever son congrès qui s'est déroulé les 9, 10 et 11 mars courant dont les travaux ont été centrés sur le thème de l'unification des forces démocratiques à l'issue desquels émerge une direction où l'on sent la fraicheur de le jeunesse. Une constellation féminine et une forte représentation des régions sont constatées. Un souci de continuité est observé dans la nouvelle composition. Lors d'une conférence de presse très suivie, hier, où les journalistes ont fait la connaissance des nouveaux visages, Abdelwahed Abassi, président du congrès a fait état du déroulement de ses travaux. Les objectifs de ce congrès, étaient clairs. Après les élections du 23 octobre et l'échec relatif du mouvement progressiste et démocratique, il était nécessaire de faire le bilan et d'unir les forces progressistes. Une feuille de route pour le processus d'unification est à établir, pour rétablir l'équilibre dans le paysage politique. Des commissions ont été créées au cours du congrès, une politique, une économique et sociale, une organisationnelle et une culturelle. Un groupe de congressistes a présenté un document sur la réforme du processus démocratique qui a été discuté par les congressistes. Le congrès a approuvé les rapports de toutes les commissions. Il a surtout adopté la motion d'unification qui a tracé une feuille de route claire. Les portes étaient ouvertes aux nouveaux militants. Plus de 90% des militants ont intégré les rangs du parti après la Révolution du 14 janvier. Le congrès a élu une direction centrale formée d'Ahmed Brahim comme président, Boujemâa Remili, secrétaire national chargé de la coordination générale, Jouneidi Abdejaoued, secrétaire national chargé de l'organisation et de la mobilisation et Samir Taieb, secrétaire national porte-parole officiel du parti. Cette direction a été élue par 219 voix sur 273. L'instance politique a été élue. Elle est composée de 21 membres élus par le congrès et 4 cooptés par consensus. L'instance centrale est formée de 150 membres. L'instance politique, s'est réunie dimanche dernier. Le taux de renouvellement a dépassé les deux tiers. La continuité dans le changement Boujemâa Remili, considère qu'Ettajdid a réussi son congrès. La nouvelle direction consacre la continuité et le changement. Il affirme : « Nous sommes conscients que la Tunisie vit une véritable Renaissance. Il s'agit d'élaborer une nouvelle synthèse du projet historique de la Tunisie ». Il y a eu un débat franc au sein du congrès. Certains militants n'ont pas manqué de faire part de leurs appréhensions quant à la perte de l'identité d'Ettajdid au sein du nouveau parti à créer. Boujemâa Remili, ne s'est pas empêché d'être catégorique sur ce point pour affirmer que « l'identité d'Ettajdid consiste à se mouvoir dans les intérêts nationaux, même si cela déteint sur nos intérêts partisans. Le fil conducteur de toutes nos luttes est l'intérêt national, en dépit des erreurs et des difficultés ». Il considère que nous vivons une période difficile où l'espoir se mêle à la peur. L'espoir est dans les libertés et la démocratie. La peur réside dans l'appréhension du retour en arrière. Pour que l'espoir prenne le dessus sur la peur, il faudra œuvrer à changer les rapports de force dans le pays. Il y a des divergences dans la compréhension des objectifs de la Révolution. Les différences ne doivent pas nous écarter de la possibilité de converger sur des questions communes concernant la consolidation de la démocratie. « Les dernières élections ont abouti à une fausse image du paysage politique qui fait croire que tout se résume dans l'islam politique. Des phénomènes étranges commencent à apparaître, comme le fait de considérer que la Révolution a effacé 50 ans d'histoire du pays. Il faut clarifier les objectifs de la Révolution qui tendent à instaurer une République civile, solidaire où la liberté et la justice sont des valeurs essentielles », dit le nouveau coordinateur général. Beaucoup de forces se reconnaissent autour de cette démarche. Concernant l'identité d'Ettajdid, il précise qu'il ne s'agit pas de la conserver pour la conserver. L'unification fait partie de l'identité d'Ettajdid. Deux processus d'unification sont engagés. L'un dans l'immédiat, avec des forces politiques qui se connaissent. L'autre plus large, sera engagé par la suite par souci d'intérêt national. Un parti réellement nouveau Ettajdid, le Parti du Travail Tunisien et les indépendants du Pôle Démocrate Moderniste (PDM) ainsi que d'autres indépendants organiseront une conférence nationale le 2 avril où ils annonceront leur fusion. Une direction commune sera annoncée. Le parti Démocrate Progressiste (PDP), Afek Tounes, le Parti Républicain et d'autres personnalités nationales vont s'unir les 7 et 8 novembre prochain. Le 9 novembre ou juste après, le premier trio rejoindra le second. Quelques détails pratiques sont en cours de discussion. Les difficultés seront aplanies, sans précipitation pour que le mariage à six soit fécond. Dans une deuxième étape l'initiative de Béji Caïd Essebsi sera à son tour concrétisée. Il s'agit d'ouvrir un horizon politique clair. Les difficultés vécues par le pays ne peuvent être surmontées que lorsque les forces politiques démocratiques arrivent à réaliser un équilibre qui permette l'alternance au pouvoir. Les forces démocratiques ne doivent plus rester sur la défensive. « Elles doivent être opérationnelles pour les prochaines élections qui doivent se dérouler le 23 octobre 2012 », conclut Boujemâa Rémili. Ahmed Brahim, président du parti, rappelle que les dernières élections étaient transparentes, mais elles ont révélé un déséquilibre nocif pour le pays. Dans le processus d'unification des forces démocratiques et progressistes, il y avait des divergences dans la démarche et non dans le principe. « Ces divergences ont été dépassées. Le nouveau parti sera réellement nouveau. Après le 2 avril sera engagé le processus de création de ce nouveau parti ». Un front sera créé par la suite dans le cadre de l'initiative de Béji Caïd Essebsi.