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Hédi Neili entre éclectisme et Bahram Hajou
Arts plastiques: Galerie Chérif Fine Art
Publié dans Le Temps le 25 - 03 - 2012

J'étais personnellement très fébrile, assez excité et en même temps heureux de découvrir d'une manière systématique et plus approfondie la peinture de Hédi Neili qui expose à la galerie Chérif Fine Art à Sidi Bou Saïd ses travaux personnels. Cette exposition est personnelle et elle déploie un nombre important de travaux susceptibles de nous permettre de nous faire une idée assez claire et explicite sur la démarche de l'artiste, sur ses percepts et affects pertinents.
Hédi Neili, à notre connaissance n'a jamais présenté ses travaux au public d'une manière aussi regroupée. L'occasion qui nous est présentée aujourd'hui nous semble propice pour nous faire cette idée. Cette exposition exclusivement personnelle nous permet d'accompagner d'une manière exhaustive le peintre H. Neili en train de « faire » son œuvre. Le moment du « faire » englobe également « l'exposition » globale des travaux de l'artiste et notre lecture fait d'ailleurs partie de ce « faire » artistique. Ce moment donc, est un moment de vérité de l'œuvre. Le grand nombre des travaux présentés dans cette exposition nous permettra de capter, si elle existe, l'émergence d'une démarche plastique peut être significative du peintre. C'est donc plein de curiosités et d'espoir de tomber sur un filon que nous avons « accueilli » Hédi Neili et son travail.
Nous constatons de prime abord que les travaux présentés sont tous nouveaux qu'ils se présentent dans le cadre d'une démarche homogène, rigoureuse. L'éclectisme n'est plus dominant… au contraire : la systématique au niveau de la composition, de la combinatoire des lignes, des couleurs fait merveille. Les aplats, la transparence, les passages de couleur font naître une ambiance éthérée, douce, non brutale.
Les plans sont bien aménagés et sont également soumis à des traitements bien équilibrés. La douceur règne sans partage, même lorsqu'il y a gesticulation et mouvement.
Les formes abruptes sont dominées par l'application de couleurs et de lignes nuancées. Tout est limpide… Rien n'est précaire. Tout coule de source… naturellement. Rien n'est laconique… Tout signifie le calme et la volupté. Les formes sont pleines… bien pleines. Est-ce le but « expressif » que H. Neili a assigné à son travail, à sa démarche qui nous a semblé vouloir atteindre un autre but que celui de dire l'éternelle beauté… et une esthétique éthérée… de Sidi Bou Saïd sans le golfe de Tunis et de Boukornine.
En fait quel est le système pictural développé par H. Neili ?
Pourquoi sommes-nous à ce point, fourvoyés dans la lecture des travaux du peintre ?
La question pour nous, est de savoir comment est née l'approche développée par H. Neili dans cette exposition ? L'étrangeté de cette démarche est qu'elle se soit soudainement advenue et qu'elle se soit brutalement éclatée sans préalable et sans avoir été préparée antérieurement par aucun exercice.
Certes, H. Neili a peint. Il a beaucoup peint… tous les styles, toutes les approches. Ses travaux ont été à chaque fois différents, quelquefois figuratifs … d'autres fois abstraits ou géométriques… toujours éclectiques et ouverts à toutes les sollicitations les plus diverses. Est-ce un nouvel enjeu pour H. Neili de présenter des travaux aussi homogènes que ceux d'aujourd'hui ?
Sommes-nous en train de vivre l'éclosion d'une expérience picturale nouvelle de H. Neili, une expérience artistique telle qu'elle dépasse l'éclectisme passé pour instaurer une démarche iconographique et esthétique, nouvelle fondée sur une tentative expressionniste somme toute intéressante d'ouvrir la voie de la recherche plastique à l'innovation.
En tous les cas, la qualité artistique de cette exposition indépendamment de nos conclusions provisoires, détonne … et étonne. Hédi Neili nous a toujours étonnés. Mais notre étonnement aujourd'hui n'a d'égal que notre admiration pour l'étalement sans heurts de techniques de représentations inhabituelles et pour ces compositions éthérées, ces passages de plans et de couleurs fins. Peut-on atteindre cette qualité soudainement et brutalement ?
Pour dire la vérité, notre étonnement est relatif puisque nous avons découvert aujourd'hui que d'autres peintres ont travaillé dans le même style que H. Neili et que leur approche a été connue par H. Neili à Mehres en 2010 lors du festival de cette ville. Le peintre qui a peut être échangé les expériences avec H. Neili est Bahram Hajou. Bahram Hajou a effectué un séjour d'étude à Mahres. Il était déjà pleinement artiste lorsqu'il a entrepris des démonstrations dans le cadre du festival. Il a également laissé des travaux et des catalogues de ses expositions surtout celles organisées en Allemagne depuis 1990.
Bahram Hajou est syrien d'origine Kurde. Il est né en 1952. Il a fait des études artistiques à la Kunstakademie de Munster. Il vit et travaille dans cette ville d'Allemagne. Bahram Hajou a attiré l'attention sur lui pour ses réalisations artistiques qui ressemblent quelque peu aux travaux de H. Neili. Qui est, parmi ces deux peintres, le précurseur ?
La densité de l'œuvre de B. Hajou n'est plus à démontrer. Un spécialiste allemand et critique d'art Walter Schurian attribue à B. Hajou une compétence artistique du point de vue technique, iconographique, esthétique et expressif qui octroie au peintre une puissance incomparable et un statut unique.
Walter Schurian dit de l'art de Bahram Hajou qu'il est de l'art de l'instant de l'immédiateté. En apparence, la représentation développée par B. Hajou est de l'ordre de l'esquisse… seulement apparemment ! Elle est frontale… Elle se meut dans une blancheur de neige… Elle est légère. Ses éléments développent des figures « économes » en forme et en massivité. Bahram Hajjou est considéré comme un grand peintre du désert de ses origines mais d'une richesse expressive inégalée qui ne cherche pas à réaliser des formes et des figures achevées à travers ses détails mais avec des approches de proximité… abstraite, à la surface !
B. Hajou ne cherche pas à s'installer dans la profondeur. Il la rejette, H.Neili a fréquenté B.Hajou. Il a essayé de s'en inspirer. Il ne lui a emprunté que l'extériorité des choses, les apparences des objets et en leur implication dans les perspectives et leur représentation dans le réel, leur homogénéité spatiale et leur beauté… leur beauté éthérée.
En fait, l'esthétique de l'essentiel de B. Hajou n'a pas été suivie par H.Neili qui cherche beaucoup plus les effets, la joliesse que l'essence des choses. Les représentations laconiques, linéaires de B.Hajou n'ont pas été reprises par H.Neili qui cherchait plus le caractère pathétique des choses.
Il semblerait donc que la peinture de B.Hajou n'a été approchée qu'extérieurement par H.Neili… Grand bien lui fasse et c'est sans amertume que nous aurions voulu que H.Neili puisse être lui-même un peintre de l'essentiel… Un peintre de l'autre côté du Joli… Un peintre de l'autre côté du golfe… du côté du Djebel Boukornine. C'est avec amertume que nous accompagnons cette expérience.


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