Est- ce que le journalisme a un avenir ? Le New York Times peut-il s'écrouler un jour ? C'est grosso modo à ces deux questions essentielles que Roger Cohen, éditorialiste au New York Times a répondu lors d'une rencontre avec la presse tunisienne, organisée lors des 4èmes Rencontres du cinéma indépendant américain à Tunis, à l'issue de la projection du documentaire «Page one inside in New York Times» de Andrew Rossi, qui retrace justement la vie à l'intérieur de ce prestigieux journal et surtout les mutations qu'il est en train d'effectuer après la baisse de ses ventes. Après avoir été correspondant de guerre pendant 22 ans en Bosnie, entre autres, Roger Cohen quitte le service des news en 2008 pour les pages d'opinion et devient donc éditorialiste. Au sujet du travail de journalisme, il explique notamment que « la tension fait partie du métier car les crispations peuvent être source d'inspiration ». Le modèle de journalisme, le New York Times qui a fonctionné durant plus d'un siècle, est en train de s'ébrécher aujourd'hui. Twitter, WikiLeaks et la multiplication des sites et des blogs bouleversent la diffusion des informations, ce qui entraine la diminution de la presse papier. La publicité et le lectorat, qui soutenaient cette presse se tournent vers les supports médiatiques électroniques. Il faut trouver d'autres sources. Pour assurer sa survie, le New York Times s'interroge sur son avenir et la transition à faire pour passer du papier au numérique. « Le tirage du NY Times a certes baissé mais s'est stabilisé actuellement. Le journal dispose de 140 bureaux qui continuent à fonctionner. La publicité est passée de 1, 5 milliard de dollars à 500 millions de dollars, a relevé l'éditorialiste. Le travail est encore à faire pour compenser cet effondrement. « Les actions étaient de 49 dollars en 2001, elles se négocient à 6 dollars de nos jours ». La solution donc pour que le quotidien continue à prospérer consiste à « s'orienter vers un format hybride qui se situe entre le format papier et le format numérique via le site web » indique Roger Cohen qui ajoute que pour son site web le NY Times est en train de recruter 80 journalistes. Ce mélange entre les deux formats était inimaginable il y a dix ans ». Qu'est-ce qu'être un bon journaliste au NY Times ? A cette question Roger Cohen est précis « le bon journaliste est celui qui est sur les lieux de l'événement et qui a une perception intelligente des choses. Aujourd'hui, de nombreux journalistes recherchent la facilité, ils vont vers Google. Il est important que le journaliste puisse investiguer. Son pouvoir est de mettre les hommes de pouvoir face à leurs responsabilités. Un bon journaliste doit être honnête et juste », conclut l'éditorialiste.