Comme l'ont constaté les citoyens, une détente a été enregistrée, ces derniers jours, au niveau des prix des produits de consommation de base, particulièrement les produits agricoles frais, au point que les responsables du ministère de l'agriculture commencent à évoquer la crainte d'un effondrement des prix agricoles à la production. Vendu au public, il y a quelques semaines, à plus de 2 dinars le kilogramme, le piment a chuté, dernièrement, à quelques 200 millimes le kilo, dans les marchés de gros. Le mérite en revient aux interventions, décisions et mesures pointues, adoptées tout au long de ces quatre derniers mois, dans le cadre de l'action de la commission nationale de maitrise des prix, créée dans le sillage des délibérations de la séance de travail ministérielle du 16 février 2012 et du conseil ministériel du 19 avril 2012. La maitrise des prix a été au centre d'une conférence organisée, ce jeudi 24 mai, par la commission nationale de maitrise des prix, au siège du ministère des droits de l'homme et de la justice transitionnelle, au Bardo , en présence des ministres concernés. Le chef du gouvernement , Mr Hamadi Jébali, a assisté à la dernière partie des travaux, mettant l'accent sur l'intérêt spécial prêté par le gouvernement, ces derniers temps, à la consolidation du pouvoir d'achat du citoyen, à travers la compression de la hausse des prix, notamment les produits de consommation de base. Il a passé en revue les décisions et mesures prises , à cet effet, par le gouvernement, pour le court et le long terme, et qui portent sur le renforcement du contrôle économique et sanitaire, l'encouragement de l'augmentation de la production, la lutte contre la contrebande et la spéculation, outre l'amélioration des circuits de distribution, et le renforcement de l'intervention de l'Etat à travers la constitution de stocks régulateurs. Ont pris la parole, à cette occasion, les ministres présents. Il s'agit de MM. Ridha Sâidi, ministre auprès du chef du gouvernement, chargé des affaires économiques et sociales et président de la commission nationale de maitrise des prix qui a parlé de la politique du gouvernement en matière de maitrise des prix, Béchir Zâafouri, ministre du commerce et de l'artisanat qui a parlé du plan national pour l'approvisionnement et le contrôle économique et sanitaire, Mohamed Ben Salem, ministre de l'agriculture qui a évoqué les problèmes liés à l'approvisionnement du marché en produits agricoles, et Ali Lâarayedh, ministre de l'intérieur qui a parlé des exigences du contrôle immédiat et efficace pour la protection de l'économie nationale. Guerre sur plusieurs fronts Dans ce contexte, les intervenants ont condamné les opportunistes et affairistes irresponsables qui ont exploité les évènements pour pratiquer la contrebande et le trafic des marchandises d'origine tunisienne de toutes sortes vers les pays voisions, provoquant des perturbations au niveau de l'approvisionnement du marché intérieur et un déséquilibre entre l'offre et la demande, ce qui a entraîné la flambée des prix. Le ministre du commerce a signalé la réussite des équipes mixtes de contrôle dans la mise en échec d'une opération de contrebande portant sur 35 tonnes de tomates fraiches, et dès que cette quantité a été offerte à la vente sur les marchés, le prix des tomates a accusé une baisse de 500 millimes le kilo. Aussi, il a qualifié la maitrise de la hausse des prix de véritable guerre sur plusieurs fronts dont la contrebande. Le trafic et la contrebande ont pu être considérablement limités grâce au renforcement du contrôle concerté effectué par les équipes mixtes constituées des agents administratifs, des agents des forces de l'ordre, de la douane et de l'armée, autour des endroits de production, dans les entrées des villes, sur les routes, ainsi que le long des bandes frontières, parallèlement à l'interdiction de l'exportation de certains produits agricoles frais comme les tomates, le piment ou encore les pommes de terre, par voie terrestre, sans autorisation administrative préalable,. Le chef du gouvernement et les ministres ont émis l'espoir d'obtenir des résultats similaires dans la lutte contre la spéculation, à travers l'amélioration et la maitrise des circuits de distribution et l'application d'un contrôle continu des marchés et des points de vente. Selon le ministre de l'agriculture, la saison agricole pour cette année 2012 s'annonce excellente et bonne, comme la saison précédente de 2011, de sorte que la production agricole est abondante et est disponible en quantités suffisantes, ce qui rend discutable l'explication de la hausse des prix par l'inflation induite, comme l'a avancé Mr Ridha Sâidi, c'est-à-dire que la hausse serait occasionnée, entre autres, par la majoration des salaires et l'amélioration des revenus grâce aux augmentations décidées, dans ce but, et qui a induit un accroissement de la demande, face à une stagnation au niveau de la production et par voie de conséquence une baisse de l'offre. Or la hausse a touché les prix des produits agricoles, pendant une saison agricole jugée bonne et avec une production abondante. Il faut plutôt invoquer la spéculation. Mais il y a aussi un facteur objectif, constitué par la présence en Tunisie de 500 mille citoyens libyens à revenus élevés, suite aux évènements qu'a connus la Libye. C'est pourquoi, outre la lutte contre la contrebande et la spéculation, la maitrise des prix passe par l'augmentation de la production et en particulier la production agricole, tout en veillant à ouvrir de nouveaux horizons à l'exportation légale et organisée des produits agricoles pour éviter l'effondrement des prix. Le ministre de l'agriculture a défendu la consommation des produits nationaux, signalant la mesure tendant à écouler des quantités d'huile d'olive tunisienne conditionnée en bouteilles en plastique, à des prix modérés, soit 3 dinars 600 le litre, à l'initiative de l'Office national d'huile. Le chef du gouvernement a insisté sur le désir de la Tunisie d'engager des négociations sérieuses avec les pays voisions en vue de conclure des accords commerciaux garantissant les droits des différentes parties et propres à satisfaire les besoins urgents des peuples maghrébins. Cette question a été soulevée, dernièrement, lors de la visite en Tunisie du premier ministre libyen, Abderrahim El Kib. Contrôle continu et stocks régulateurs Le ministre du commerce a affirmé le souci de faire en sorte que les opérations de contrôle se transforment en une action permanente, continue et efficace, tout en veillant à protéger les agents de contrôle contre les agressions des spéculateurs et des affairistes opportunistes, et ce en les faisant accompagner par des agents des forces de l'ordre. Au cours du mois de mai, 12 agents du contrôle économique et sanitaire ont été agressés, contre 10 au cours du mois de mars et d'avril réunis. Le ministre de l'intérieur, Mr Ali Lâaryedh a déclaré que le contrôle effectué par les équipes mixtes constitués des agents de l'administration , des forces de l'ordre, de la douane et de l'armée, englobe tous les produits alimentaires, soulignant la volonté d'intensifier ce contrôle et de l'étendre jusqu'après le mois de ramadan, tout en réactivant le système sécuritaire commun tout au long des frontières et dans les pistes utilisées par les contrebandiers, afin de barrer la route au trafic et briser l'entêtement et l'arrogance des trafiquants. La commission nationale de maitrise des prix est habilitée à prendre toutes les décisions et mesures qu'elle juge utiles, à la lumière de données qui lui sont présentées par des sous commissions qui en sont issues, savoir la sous commission de l'approvisionnement et des prix, la sous commission de lutte contre la contrebande, la sous commission du contrôle économique et sanitaire et la sous commission de l'information. La commission tient des réunions périodiques toutes les semaines et se propose d'organiser une Conférence nationale sur la maitrise des prix avec la participation des représentants de l'administration, des organisations professionnelles et de la société civile. Au même moment, des efforts soutenus se poursuivent aux divers niveaux pour constituer des stocks régulateurs en produits de consommation de base, en recourant à la production nationale et à l'importation aussi, et ce en prévision de l'accroissement de la demande, durant la saison estivale et au cours du mois de ramadan. Selon les déclarations des ministres, l'offre sera au niveau de la demande et à des prix convenables, avec des éventualités de pressions concernant l'approvisionnement en œufs. En effet, l'offre, dans son ensemble, a pris un sens ascendant, parallèlement au sens ascendant pris par la mise en exécution du programme gouvernemental de maitrise des prix. Grâce à la conjugaison de tous ces facteurs positifs, il est prévu que la détente au niveau des prix à la consommation, va se poursuivre pour atteindre des niveaux ordinaires et naturels.