.153 malfaiteurs arrêtés .Un tribunal incendié, des postes de police réduits en cendres et l'UGTT Jendouba brûlé
En ce mardi 12 juin, la clarté indécise de l'aube dévoile petit à petit le hideux visage de l'anarchie et de la tourmente qui gagnent le pays depuis lundi soir. Le feu qui a déclenché le soulèvement populaire un certain 17 décembre, revient à la charge. Des institutions publiques sont ravagées, d'autres réduites en cendres : postes de police de la banlieue Nord, tribunal de Première Instance de Tunis II, le siège de l'URT de Jendouba, etc... Au banc des accusés : les salafistes et des groupes d'énergumènes.
Dans la nuit du lundi 11 juin, tard dans la soirée, l'information était tombée comme la foudre. On vient d'incendier le tribunal de Première instance Tunis II qui se trouve à Sijoumi. Les locaux ont été ravagés. Un camion de pompiers, à mi-chemin des lieux, lui aussi a été capturé et incendié. Le procureur de la République auprès dudit tribunal a parlé d'un groupe de délinquants qui était derrière cet incendie criminel. Après avoir saccagé les locaux, volé les robes des avocats et des magistrats, ils ont mis le feu aux archives, aux bureaux de tous les procureurs et des juges et à la salle d'audience n°2. Pour l'instant une enquête est en cours et l'ampleur des dégâts n'est toujours pas connue. Néanmoins, on annonce 5 policiers blessés, un camion de pompier incendié et deux voitures des forces de l'ordre détruites. Selon les premières arrestations, les fauteurs de trouble sont composés de salafistes et des hors-la-loi. Dix d'entre eux ont été arrêtés. Cap sur la banlieue nord où des coups en l'air ont été tirés par les forces de l'ordre afin de dissuader les malfaiteurs qui ont attaqué le palais El Abdeliya pour incendier les œuvres d'art qui y étaient exposées et qui selon eux, représentent un acte blasphématoire contre le Créateur. La tension monta et on passa du gaz lacrymogène aux tirs en l'air pour neutraliser la situation. Peine perdue. Les salafistes accompagnés de délinquants ont pris la direction des postes de police de Marsa Plage, Marsa Rabii, du Kram Est et de Carthage Byrsa et y ont mis le feu. Ces énergumènes ont veillé à piller le matériel informatique et à réduire en cendres tous les documents qui contenaient les procès-verbaux. Ces jeunes au passé houleux, ayant des antécédents judiciaires, ont voulu sûrement effacer toute trace de leurs exploits.
La démence regagne du terrain
Les violences ont continué toute la nuit. A Cité Ettadhamen et Intilaka, un chaos total paralysa les deux grands quartiers populaires. Des affrontements ont eu lieu et le district de la Garde nationale à cité Ettadhamen, a été mis à feu par un groupe d'individus hétérogènes, des hors-la- loi et des extrémistes. A coup de sabres et d'armes blanches, ces malfaiteurs ont saccagé le poste de la Garde nationale et l'ont arrosé de cocktails. A l'aube, vers 2H30, le siège de l'UGTT de Jendouba, menacé il y a une semaine par les groupes de salafistes suite à la grève générale à laquelle avait appelé l'URT de la ville, a été bel et bien incendié par une vingtaine de personnes. D'un autre côté, le local de Watad et celui du parti Républicain à Tataouine ont été saccagés. Les actes de vandalisme ont touché la ville de Sousse. Armé de sabres et de cocktails Molotov, une horde de salafistes a attaqué violemment l'Institut Supérieur des Beaux Arts de Sousse. Cette violence a semé la zizanie et paralysé le trafic pendant toute la matinée du mardi 12 juin. L'autoroute entre Tunis et Bizerte a été coupée et les troubles ont atteint la région de Douar Hicher où l'on a aussi incendié le commissariat «2 mars». Par ailleurs, on a tenté de faire pareil avec le poste de police de Ksar Said «3 A». Il a fallu l'intervention de l'armée pour encercler les lieux.
Lundi soir, la nuit de la démence
Quand les informations ont commencé à circuler tard dans la nuit du lundi 11 juin, les insomniaques et les internautes nocturnes n'y croyaient pas.La gravité des nouvelles témoignaient d'un pays à la merci du chaos. Les tirs en l'air, les postes de police incendiés et les cocktails Molotov ne rappelaient que trop les premières nuits post-14 janvier 2011. Les images et les infos fusaient de partout sur les réseaux sociaux. On s'interloquait, on s'interrogeait, on démentit, on affirme, on discute et parfois se dispute sur la véracité de ce cumul d'informations. Les nouvelles qui tombaient comme la foudre ou un martèlement saccagent les esprits. Paniqués, les internautes ne savaient plus à quel saint se vouer. Les canulars et les intox circulaient à la vitesse du vent, comme si certains se plaisaient à voir sa propre patrie sous l'emprise du chaos. On évoqua la fermeture des lieux huppés, la mort de certains ou on amplifiait la réalité. On pleurait déjà cette révolution et on faisait son deuil de la liberté et de l'équité durement gagnée...
Emirs des égorgeurs
Toujours sur Facebook, des pages entières se consacrent à véhiculer un message haineux mais clair : égorger «les mécréants», ceux qui ont soutenu la liberté d'expression, à l'instar des deux politiciens Issam Chebbi et Ahmed Nejib Chebbi ou encore l'animateur Naoufel Ouertani. Ces actes de vandalisme provoqués soi-disant suite à l'exposition du Printemps des Arts, sont, en réalité, le résultat de la naïveté des internautes. Des photos présentant des tableaux, n'ayant en aucun cas, été présentés au palais El Abdelyia, ont circulé dans le fameux réseau social Facebook. Ces photos présentaient, en fait, des œuvres d'art des peintres Sim Vandart et Meen-one. Pour légitimer leur acte obscurantiste, on s'attaque à l'art, aux institutions publiques et à celles qui ont pour rôle de protéger les citoyens... Au nom de la religion. La religion prônée par le numéro I d'El Qaida qui exhortait, il y a deux jours, les Tunisiens à la révolte.