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Une année après, les disparus sont toujours portés disparus...
Emigration clandestine :
Publié dans Le Temps le 13 - 06 - 2012

Juste après la Révolution, plus de 3700 jeunes Tunisiens ont quitté clandestinement le pays vers Lampedusa. Echoués dans cette île située à mi-chemin entre la Sicile et les côtes de la Tunisie, les nouveaux venus n'étaient pas, évidemment, les bienvenus. D'abord, des clashs ont été enregistrés entre les immigrés et les policiers des lieux.
Après des négociations entre les deux gouvernements concernés quelques centaines ont été rapatriés, d'autres groupes ont bénéficié de permis de séjour temporaires, il y en avait ceux qui ont réussi à passer vers la France et pour certains la Suisse.
Les chiffres et les informations en ce sujet sont aussi riches que variés mais aucune déclaration concrète n'a été enregistrée de la part du Gouvernement. Des milliers de jeunes sont aujourd'hui comptés disparus sans aucun signe de vie, ni de mort non plus. Désespères et ayant perdu toute confiance à l'égard de ce gouvernement qui, selon eux, font de ce dossier peu médiatisé le dernier de leurs intérêts, les parents des disparus ont décidé de camper devant l'ambassade de l'Italie. Ils étaient nombreux à observer un sit-in devant le siège de la Constituante pour protester contre le silence des autorités à l'égard des dossiers de leurs fils et appeler le Gouvernement italien à leur fournier des informations en ce sujet.
Bassem Ben Moussa, un jeune de 26 ans avait quitté le pays en Avril 2011. Sa mère Souad Ghéribi était présente devant l'ANC. Les larmes aux yeux, elle criait au portier qu'elle voulait rencontrer Mostapha Ben Jaafar. « Je veux qu'il me renseigne sur mon fils unique », dit-elle avec une voix déchirée. « Il est parti sans me saluer, il ya plus d'une année. Quelques semaines après son départ, il m'a appelée d'un centre de détention à Sardaigne et m'a confirmée qu'il sera rapatrié après un mois de détention. Dés lors, je n'ai rien reçu de sa part. Où est mon fils ? Je veux la réponse de Ben Jaafar qui ne s'est même pas interrogé sur le dossier de ces pauvres jeunes ayant beaucoup sacrifié pour qu'il soit aujourd'hui à la tête de l'Assemblée constituante ». Souad, n'était pas la seule à revendiquer une rencontre avec Mostapha Ben Jaafar. Des dizaines de parents scandaient le nom du président de la Constituante. Parmi eux Ibrahim Aouadi, père du disparu Kaml Aouedi, était en train de discuter avec un responsable venu négocier avec les sit-inneurs « Pourquoi ne voulez vous pas nous parler de nos enfants ? », hurlait Ibrahim en tenant la photo de son fils à la main « J'ai vu Kamel à la télé. Il était parmi ceux qui ont réussi à arriver à Lampedusa. Je ne dis pas qu'il avait raison de partir dans des conditions illégales mais il demeure un citoyen Tunisien à part entière. Pour cela c'est au gouvernement de mener ses enquêtes pour le rapatrier, et c'est indiscutable ! ».
Désespérée, affligée et très fatiguée, Sallouha était venue avec ses deux petits fils pour se demander sur les nouvelles de leur papa. « Haykel n'avait aucune raison pour immigrer clandestinement. Il avait un travail et deux enfants. Ça fait une année qu'il nous a laissés sans nous dire au revoir. Aujourd'hui nous sommes venus solliciter l'intervention des autorités ainsi que l'aide du Gouvernement Italien. Qu'ils nous disent si mon fils est vivant ou pas. Nous sommes préparés à toutes les éventualités mais nous voulons une information exacte. Nous sommes fatigués, épuisés et sans espoir au vu et au su du Gouvernement préoccupé par d'autres dossiers qu'ils jugent plus importants »

Emna Menif Vs Mehrezia Labidi

L'activiste Emna Menif était présente lors du Sit-in et a indiqué qu'il est éminemment urgent de donner une réponse claire sur le sort des jeunes. « Une réponse, que nous estimons être le minimum vis-à-vis des familles accablées. Il est temps pour les autorités des deux rives de la Méditerranée d'assumer les conséquences de leurs politiques responsables de disparitions et morts, brisant et endeuillant des centaines de familles. Je me demande ici sur l'absence de clarification de la part du gouvernement italien ayant reçu depuis belle lurette les empreintes des disparus. Ceci est aussi valable pour notre gouvernement qui préfère garder le silence», note-t-elle. Une déclaration qui a sans doute eu un impact négatif chez les représentants du Gouvernement dont Mehrezia Labidi, vice présidente de l'Assemblée Constituante qui a indiqué que le Gouvernement fait de son mieux pour apporter une réponse claire au sort des disparus. « Le dossier des « harragas » est un dossier très délicat qui nécessite plusieurs investigations et beaucoup d'engagement de la part du gouvernement italien. J'étais allée voir un groupe de parents et proches des disparus et je leur ai dit qu'il s'agit de nos enfants et des enfants de tout Tunisien et que nous serons très sérieux en traitant ce sujet. Il reste que ce n'est pas vraiment une chose facile », explique-t-elle.

Et les organisateurs travaillent encore...

Malgré la disparition mystérieuse de la plupart des clandestins, nombreux sont les jeunes toujours obsédés par le rêve européen. Un organisateur nous a confié qu'il s'agit d'un business qui n'a jamais échoué. « Avec le chômage et les conditions difficiles dans lesquelles vivent nos jeunes, l'Europe est toujours un rêve à atteindre. Il est vrai que le contrôle est beaucoup plus sévère mais plusieurs ont réussi à quitter nos contrèes. Pour nous, les organisateurs, nous avons mis en place des réseaux qui assurent la logistique.Il y a l'intermédiaire qui enregistre les jeunes infortunés et il perçoit au moins 100 DT par personne.Le marin - passeur touche environ 10 mille dinars par voyage.La barque qui emmène les partants au bateau reçoit sa part.La maison où on rassemble les harragas jusqu'à l'heure du départ, généralement le soir ou à l'aube, est également louée pour une somme d'argent ».
Concernant le niveau social de ses « clients », l'organisateur, connu par tous à Kalaat Alandalous, affirme que les migrants sont de toutes les couches sociales et de tous les âges. « J'ai fait embarquer des familles entières, des parents qui ont laissé leurs enfants, des étudiants, des élèves, des diplômés, des joueurs professionnels, des femmes, des filles », Pour finir le M. qui ne cachait pas avoir entassé une fortune grâce à ce business a affirmé que pour se procurer la somme d'argent qu'il faut, plusieurs familles ont été obligées de vendre quelques pièces d'or à petit prix, leur bétail, d'autres biens. «Une veuve qui habite près de chez moi a cautionné sa maison pour permettre à ses deux enfants de partir vers Lampedusa ».
A qui la faute ? A quand la fin de ces voyages vers l'inconnu ? Et où en sont les autorités concernées ? Au bon entendeur.


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