Situé au nord-ouest de l'Iran, l'Azerbaïdjan est une région montagneuse avec des vallées très fertiles, idéales pour l'élevage des moutons. Qui dit mouton dit laine ! En effet, cette région est réputée mondialement pour la qualité et la solidité de sa laine. En voyant les plaines et les collines immenses d'Azerbaïdjan sur lesquelles s' étendent des centaines de kilomètres de pâturages, on comprend que l'élevage du mouton est très développé dans ces régions, ce qui favorise la fabrication des tapis par la population locale, des tapis originaux qui se caractérisent par un nouage dense, un poil haut et épais et une variété de dessins géométriques et des motifs renvoyant à des traditions folkloriques ou à des événements historiques, comme on en voit dans cette brochure éditée par Le Group Tabriz où l'on peut découvrir de très intéressants et rares échantillons de tapis azerbaïdjanais. Notons que l'art traditionnel du tissage du tapis azerbaïdjanais a été inscrit en 2010 par l'UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Il faut mentionner que le tapis Tabriz est l'un des piliers de la culture azerbaïdjanaise, il se fait connaître de plus en plus dans le monde entier grâce à son attachement aux traditions et son adoption des techniques artistiques modernes.
La revue « Tapis azerbaidjanais » (Collection Tabriz) donne un aperçu historique du tapis azerbaïdjanais (notamment celui de Tabriz) à travers les époques : on y présente des tapis illustrant des événements et des monuments historiques qui remontent au 16è siècle, d'autres représentant les différents métiers artisanaux exercés dans l'ancienne Azerbaïdjan, ainsi que l'art architectural qui marque les villes anciennes de ce pays asiatique. D'autres tapis portent les traces d'anciennes dynasties qui remontent à plus de 4500 ans. Le tapis azerbaïdjanais n'est pas seulement utilisé pour recouvrir le sol des chambres et des salons, mais aussi il est largement utilisé comme pièce d'ameublement ou décoration murale, pour sa valeur artistique, traditionnelle et historique, sachant que ce type de tapis appelé « Tapis de Tabriz » est riche par la variété de ses motifs et la richesse de ses couleurs. Voyons, par exemple, ce modèle de tapis intitulé « Les Quatre Saisons » qui a 2,80 m de long et 1,80 de large et dont la fabrication remonte à 1800. Et cet autre (2,33 m/ 1,33m) retraçant la légende de Soliman, qui eut la puissance et l'autorité sur les animaux, sur les vents et sur les esprits. Et cet autre encore, réalisé en 1820, qui immortalise l'histoire d'amour entre roi Sassanide, Khosrow et la princesse chrétienne prénommée Shirin. Bref, chaque tapis constitue une page d'histoire qui nous renseigne sur les différentes époques de ce pays et des habitants qui l'ont peuplé.
Ce tapis, fait totalement à la main, est essentiellement une activité familiale qui se transmet d'une génération à une autre par la pratique. Les membres de la famille se partagent la tâche : les hommes tondent les moutons au printemps et à l'automne, tandis que les femmes récoltent les colorants, filent la laine et teignent le fil au printemps, en été et en automne. Le tissage est exécuté pendant l'hiver par les membres féminins du cercle familial élargi, les filles apprenant à tisser avec leur mère et leur grand-mère et les brus avec leur belle-mère. Dans ce document, on nous montre des images représentant les différents outils utilisés dans le tissage du tapis ainsi que la façon dont on noue et tisse les fils de laine. En appliquant des techniques particulières aux tapis noués, les tisserands passent un fil qu'ils nouent autour des fils de chaîne. Les tapis tissés sont diversement faits d'entrelacs de chaînes de structure, de trames et de motifs. Il est à noter que plusieurs modèles rares du tapis Tabriz se trouvent exposés dans plusieurs musées à travers le monde, dont Victoria Albert à Londres ou Metropolitain Museum à New York.