La saison touristique s'annonce difficile. Nos professionnels tempèrent leur enthousiasme à l'approche de l'été. Ils ont abattu un gros travail au cours des derniers mois pour tenter d'améliorer la situation, mais ils savent aussi qu'ils sont à la merci de facteurs sur lesquels ils n'ont aucune emprise, comme la sécurité. Ils se croiseront donc les doigts, en regardant vers le ciel. L'incertitude s'empare du milieu du tourisme. La saison estivale s'annonce peu prometteuse malgré l'optimisme de Elyes Fakhfakh ministre du tourisme tunisien qui avance timidement que les annulations par rapport aux réservations déjà faites depuis le début de l'année sont relativement basses et ne dépassent pas les 5%. Les hôteliers ont beau avoir commencé l'été avec le sourire, il reste à savoir s'ils garderont toujours et comme l'a dit Mohamed Belajouza Président de la Fédération tunisienne d'hôtellerie « Il est temps de sauver la saison. Mais ce n'est pas peine perdue. «Chaque fois qu'il y a des trous, on travaille sur des stratégies à court terme. Certes les réservations sont au ralenti. Nous devrons booster notre tourisme après une saison noire de 2011. Nous sommes loin des chiffres de 2010. C'est difficile de se rattraper. Tout le monde nous suit en direct. Seule la sécurité permet de retrouver le sourire. L'application de la loi est primordiale. Nous sommes en train de perdre du temps. Nous devrons bouger plus et nous sommes capables encore de drainer de touristes cet été ». Mohamed Toumi, le Président de la Fédération des Agences de Voyage appelle à l'application de la loi « Nous sommes le secteur économique le plus important et le plus touché ! Nos entreprises sont en danger. Si la situation perdure il y aura beaucoup d'annulations. Nous devrons rassurer nos clients et sauver notre été»
Nabil Ben Abdallah hôtelier à Aïn Drahem ne mâche pas ses mots « on doit sensibiliser l'opinion publique car certains ignorent le rôle de notre tourisme dans l'économie nationale. Au Nord ouest, le secteur est sinistré depuis longtemps. Actuellement il est tragiquement enclavé. Nous sommes dans l'impasse. Nous devrons nous mobiliser pour sauver notre secteur » Aurélie Lorent attaché de presse de GO voyages nous a souligné que la Tunisie reste au cours de ces trois dernières années notre TOP 1 destination. ». On note dit-elle en 2012 une hausse de 6 % versus 2011. Bien que l'on ne soit pas, en terme de vente, revenus aux chiffres de 2010, la reprise sur la Tunisie est bien réelle sur l'été quoique encore un peu timide ».
Rassurer les TO
Un séjour représentant un coût important, les touristes veulent s'assurer d'avoir des vacances de qualité. Après un mois de mai automnal, les professionnels du tourisme misent sur juin, juillet et août pour sauver leur été .Jalal Bouricha hôtelier à Djerba estime que tous les tours-opérateurs sont en état d'alerte sur la Tunisie. Ils espèrent une amélioration nette de la situation Pas d'annulation pour le moment. Ils ont encore du booking qui n'est pas encore déclaré pour les hôtels. Il y a aussi des démarches auprès des compagnies aériennes qui veulent réduire leur contingent » Mme Belajouza affirme que notre tourisme est en difficulté. Il faut rassurer les TO et les tranquilliser.
Afif Kchouk hôtelier à Bizerte avoue qu'il faut sauver ce secteur « Le message est bien passé lors de la dernière manifestation organisée à Tunis. Nous demandons l'application de la loi. Le tourisme a besoin de sécurité non seulement pour son activité mais aussi pour la relance de l'investissement la sécurité est la base de tout avant même le produit l'environnement »
Amel Belkaid expert en tourisme alternatif conclut « A l'heure où la Tunisie devrait encore plus faire rêver et foisonner de créativité, elle inquiète et fait peur. Les Tunisiens ont peur, alors je vous laisse imaginer ce qu'en pensent ceux qui les observent de loin. Il ne s'agit plus de sauver une saison mais plutôt de définir la place que l'on voudrait donner au tourisme désormais. A quoi joue-t-on ?
Nous voyons où cela mène à jouer à se faire peur. Il y a surtout de l'inquiétude et c'est peut être encore trop tôt pour subodorer des annulations. Les professionnels sont happés par les appels et les questions sur la situation sécuritaire en Tunisie. Au jour d'aujourd'hui j'ai écho que de nombreux touristes en séjour dans notre pays ont exprimé l'envie de rentrer. Il est évident que des images d'une Tunisie en proie à la violence, aux manifestations violentes faisant les unes des journaux écrits ou télévisés parlant de menaces terroristes, de Tunisiens menacés, d'artistes mis à l'index et donnés en pâture au profit d'une minorité bruyante et menaçante ne sont pas sans impact sur le tourisme. Je pense que la sécurité doit primer sur tout y compris sur le tourisme. Notre pays doit faire rêver. La Tunisie a horreur du vide et en termes de communication quand on ne construit pas son image, elle vous échappe. C'est ce qui arrive à la destination. Je suis stupéfaite par le manque de concertation entre l'administration et les privés. Plus la crise durera plus cela prendra du temps et de l'argent à la faire repartir »
Reste que « ce n'est pas du tout la catastrophe que l'on pouvait craindre » nous dit un jeune guide de Tunis. Les vacances des juilletistes pourraient suffire à rattraper la frilosité de juin. Il suffit de mettre les bouchées doubles et de croire à cette activité qui fait vivre des milliers de Tunisiens