• La SFBT a annoncé l'augmentation de la production de la bière de 20 à 25% Les Fatwas qui viennent d'autres cieux finissent toujours par retrouver bon preneur chez-nous, surtout quand il est question de permettre ce qui est clairement prohibé par le texte coranique et considéré en tant que tel par le corps des juristes. La Fatwa en question nous vient d'un professeur de jurisprudence islamique affirmant qu'« Il est halal de boire de la bière, à condition de ne pas s'enivrer ». Le théologien Sâad Eddine El Hilali, qui exerce à Al-Azhar invoque des principes de l'école hanafite pour justifier sa Fatwa. Et même si l'information aurait bien donné le tournis à certains, elle aurait ravi bon nombre de Tunisiens amateurs de ce breuvage qui auront par-là un argument ‘'charii'' à leur boisson de prédilection. Mais nos chers compatriotes ne se font pas prier en fait pour s'attabler autour de ce breuvage mousseux quelque soit la période de l'année, Ramadan y compris. A en croire les chiffres avancés par Hamadi Bousbii, le PDG de la société frigorifique et brasserie de Tunis (SFBT), mercredi dernier, concernant l'augmentation de la capacité de production de la bière entre 20 et 25%, on comprendra que ‘'l'islamisation de la Tunisie'' ne se fera pas sous peu. La société annonce également que ses bénéfices en 2011 ont atteint 63 millions de dinars et prévoit un chiffre d'affaires de l'ordre de 282 millions de dinars contre 240 millions de dinars l'année précédente.
« L'interdit multiplie l'attrait »
« L'interdit multiplie l'attrait » avance Malek Chebel, islamologue, anthropologue et psychanalyste, spécialiste de l'histoire des religions et de la civilisation arabe et musulmane pour expliquer cet engouement pour ce breuvage même si « l'interdiction coranique du vin et de toute boisson alcoolisée est un fait incontestable. » explique-t-il dans « le dictionnaire amoureux de l'islam » où il passe en revue les versets qui présentent le vin comme une abomination et une œuvre du démon au même titre que les jeux de hasard et la magie ( Coran, V, 90). Il rappelle également que cette interdiction n'est pas tombée d'un seul coup et que la doctrine musulmane ne fut pas affirmative au début. Evoquant le sujet du vin et de la divination (al mayssar) le Coran dit, en effet, « Ils comprennent tous deux un grand péché et un avantage mais le péché est plus grand que leur utilité. » Une belle dialectique des temps virginaux de l'islam qui ne résistera pas au souci d'ordre qui prévaut très vite sur la liberté de choix. Et pourtant cela n'a pas empêché certaines dynasties musulmanes d'en autoriser le service à la table du prince et du calife. Des poètes à l'exemple d'Abu Nawas en ont même vanté les mérites, considérant le vin comme allié de la création orale.
‘'Bois du vin... tu as des siècles pour dormir'', disait vers 1110, Omar Khayam. Les Tunisiens qui auraient commencé par dormir (depuis la Révolution) ont fini par augmenter leur consommation de vin se gaussant de tous les interdits malgré la propulsion au devant de la scène du parti Ennahdha qu'on a cru à tort qu'il en dissuaderait les Tunisiens. L'acharnement des salafistes n'a pas amené les Tunisiens à en diminuer la consommation, non plus. Et puis il ne faut pas oublier, comme le rappelle si bien Malek Chebel dans son « dictionnaire amoureux de l'islam » que bien avant « Les Fatimides n'ont pas hésité à arracher tous les pieds de vigne et fermer les débits de boisson ». Le vin pourtant n'a pas cessé de couler dans un pays, dont la doctrine est malékite, en référence au théologien de Médine Malek Ibn Anas.
« La mythologie de la santé »
Pour finir, et sans pour autant faire l'apologie du vin, il y a lieu de rappeler que plusieurs études scientifiques se sont penchées sur les vertus du vin et notamment celles de la bière. On a montré, dans la foulée, « les bienfaits » de ce breuvage mousseux pour le cœur. Et que direz-vous d'une recette de beauté à base de bière ? Pour le bronzage, une bière, c'est ce qu'il y a de meilleur. Voilà un argument, qui lui vaudra toutes les fatwas... azhari.