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Le show de Béji Caïd Essebsi
Publié dans Le Temps le 23 - 06 - 2012

Oui Béji Caid Essebsi a 86 ans et oui ce monsieur a du courage, car il en faut, du courage, pour vouloir reprendre le pays en main, s'engager à nouveau, se remettre sous le feu des projecteurs.
Beaucoup le voient comme désuet et pourtant près de 7000 personnes étaient présentes au Palais des Congrès lorsqu'il lança officiellement son parti « NidaaTounes ».

Un nouvel angle d'attaque

Contrairement à ce qui est généralement entrepris, la stratégie de BCE d'utiliser, également, le ‘'Coran'' comme moyen de communication, est agréablement surprenante. Voilà enfin, un politicien qui marche sur les plates-bandes des autres et qui sait utiliser les ‘'armes de son ennemi'' à ses propres fins. Il faut surtout dire qu'il replace la religion là ou elle devrait être, en ce sens qu'il la ramène au rang qui aurait dù rester le sien, c'est à dire, celui de tous. Par ce même procédé il ne pourra être traité de « mécréant » ou d'autres noms d'oiseaux, et touchera par la même un grand nombre de potentiels électeurs. Qu'on se le dise la religion fédère les masses, Béji Caïd Essebsi rassemble lui aussi, en somme, la balance pourrait bien s'équilibrer.

On notera à cet effet que Ahmed Néjib Chebbi est cheikh de son état et qu'il ne le crie pas sur tous les toits. On reconnaît là certainement son sens de la réserve et de la retenue, on le salue pour ces qualités qui font de lui un homme de valeurs, mais l'on regrette qu'il ne sache pas utiliser ses cartes de façon plus directe, parfois plus offensive, mais qui malgré tout pourrait porter ses fruits.

La Tunisie a connu une trop longue période de doute et d'incertitude, de remise en question qui ont fait de l'identité nationale un véritable dilemme. La question de la préservation de l'article 1 a d'ailleurs été longtemps débattue, en cela, l'on comprend que le poids de la foi est aujourd'hui devenu un sujet aussi important que l'économie ou l'éducation. L'on se plaît à vouloir élever le débat, qualifier les discours de populistes, mais l'on ne gagne pas le cœur des foules en leur racontant ce que l'on veut, mais bel et bien ce qu'elles veulent entendre.

Un nouveau paysage politique

Faut-il exclure les anciens RCD du pouvoir ? De la vie politique ? Faut il les inclure ? Qui est apte à juger de cela ? Certains diront que seuls ceux qui n'ont pas été impliqués dans des actes de corruption ou de malversations pourront s'engager à nouveau. Ces propos rappellent évidemment ceux tenus par Taieb Baccouche.

Néanmoins lors du lancement de son parti, BCE pouvait compter parmi les membres présents dans la salle, beaucoup d'anciens RCD. Ainsi, dans une Tunisie encore traumatisée par les abus commis par le parti unique, est ce une bonne stratégie que de les réunir sous une même bannière ? Ne subira-t-il pas la colère de la rue pour qui l'esprit tolérant, ouvert, empreint de paix qui consiste à dire que « la chasse aux sorcières ne devrait pas avoir lieu », ne tient absolument pas ? C'est un quitte ou double. Ceci étant dit, nombreux sont ceux, anciens RCD ou anciens sympathisants RCD qui voteront pour ce parti, car ils se sentent « appartenir à cette ‘'frange'' de la société ».

Une question se pose alors : qui est en mesure de garantir que si, NidaaTounes tenait le gouvernement, les anciennes méthodes du RCD n'existeraient plus ?

Ce parti étant formé, un nouveau paysage politique se dessine, les contours n'étant encore pas très nets, l'on distingue pourtant bien trois mouvements. Celui de la Troika, du parti de BCE et enfin d'Al Joumhouri. Ces trois grandes forces sont impressionnantes par leurs capacités mobilisatrices, elles forment à présent les trois grands noms de la scène politique tunisienne.

En ce qui concerne leurs stratégies, celle d'Ennahda est plutôt floue, compte tenu du fait qu'elle ne gère plus du tout son bras armé, sa base radicale, pour ne pas dire salafiste. Soulignons aussi les petits tours de passe-passe qui mettent en scène Rached Ghannouchi et le gouvernement, les petits appels du pied, les faux semblants, ce qui donne du grain à moudre, à manger pour les journalistes et qui renvoie à la rue un semblant d'image démocratique. Pour ce qui est de Béji Caïd Essebsi, il utilise la technique suivante : celle de manger à tous les râteliers. En effet, il souhaite aider le gouvernement, très bien, tout en revendiquant des idées progressistes, bourguibistes, modernistes, sans oublier de mentionner qu'il « ne fait pas partie de l'opposition ». Une position assez facile à tenir, mais qui est à double tranchant lors des élections, soit ça passe soit ça casse. Enfin, la position d'Al Joumhouri reste celle de l'opposition classique, qui s'en tient à une critique acerbe, s'entretuer parfois, proposer des projets de lois souvent judicieux, mais régulièrement contrecarrés par les membres de l'Assemblée Constituante. Ce parti qui rassemble pourtant des personnes plus que compétentes, semble encore chercher une communication d'influence, une qui aura de l'impact, qui marquera les foules, mais elle se fait attendre. Surtout maintenant que la fusion a été faite, on aurait attendu une campagne de communication des plus retentissantes, mais beaucoup encore connaissent les noms : Ahmed Néjib Chebbi, Maya Jribi, mais le nom du parti reste assez méconnu, et c'est dommage.

Un homme différent ?

Pourrait-on dire de Béji Caïd Essebsi qu'il incarne le changement ? Non, ce n'est pas le terme adéquat. Dire qu'il rassure ? Oui certainement, mais ce sentiment s'intègre dans un climat de tension et d'insécurité, voire même d'incompétence en ce qui concerne le gouvernement.

Le raisonnement ici développé, consiste à dire que Béji Caïd Essebsi ne serait pas revenu et n'aurait pas pu revenir si les événements récents et que la conjoncture ne s'y était pas prêtée, car même si ses qualités sont grandes, des mystères voilés d'accusations se distinguent et auraient pu lui causer beaucoup de tort.

En effet, l'ancien premier ministre, même s'il plaît aujourd'hui, que l'internationale lui réussit, n'oublions pas que ce sont les années Bourguiba qui l'ont formé. Et à ce propos, beaucoup reprochent à Béji Caïd Essebsi un « dossier noir » concernant ces années là. Lui même s'est expliqué à ce sujet rappelant : « qu'il n'était pas en poste lors des fusillades ». Est ce que cela suffira à faire taire ces accusations ? Ou faudra-t-il plus de justifications ? L'heure n'est qu'aux suppositions, la période qui nous sépare des élections est longue et sera semée d'embuches, à lui de les surmonter.

Ses compétences oratoires, son petit côté ‘'beldi'' et ses petites taquineries, tout cela rend sa personne très affable. Lorsque l'on s'attaque aux compétences, rien à dire, c'est un homme d'Etat. Il aurait certainement ce qu'il faut pour tenir le pays, son aura de leader le suit partout où il va, néanmoins, dire qu'il « se retire de la vie politique » suite aux élections et revenir aujourd'hui, laisse l'opinion publique un peu sur ses gardes.

Béji Caïd Essebsi incarne une droite en Tunisie, encore inexistante sous cette forme, conservateur, il voudra diriger le pays d'une véritable main de fer, chose qui, il faut le reconnaître serait utile aujourd'hui. Seul bémol à souligner, le manque de projet, de propositions concrètes, d'ébauche de programme qui permettrait de comprendre ou est-ce qu'il compte aller, et s'il pourra s'allier le moment venu ? Pourtant il s'est expliqué à la télévision sur ce sujet : les programmes seront modulables.


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