Une grande exposition collective inaugurale se tient au Centre culturel international de Hammamet depuis le 16 juin et se poursuivra jusqu'au 30 du même mois. Organisée par l'Association des Artistes Plasticiens du Cap Bon, créée en mars 2012, cette exposition réunit 35 travaux réalisés par un certain nombre d'artistes du Cap Bon mais aussi en provenance d'autres régions du pays.
Toutes catégories et âges confondus, les artistes exposants proposent dans cette première exposition des œuvres de différentes techniques mixtes, peinture, acrylique, céramique, tissage, dessin avec stylo à bille, verre fusing émaillé, photographie, aquarelle, calligraphie et installation. Une véritable mosaïque des diverses tendances picturales académiques et autres.
Parmi les œuvres les plus représentatives de l'exposition figure l'installation de Habiba Harrabi intitulé « un amas de cri ». Sur une longue table rectangulaire, une valise ouverte où sont éparpillés des êtres humains en argile brute de petit format. Une foule apparemment effrayée hurle face à une menace, peut-être celle de la fin du monde. Leur cri déchire l'espace à l'instar de leurs membres déchiquetés. L'artiste donne une vision pessimiste du monde tout comme Lina Boukadida, qui à travers sa toile en technique mixte grand format : « Un cri pour la vie » montre une bouche grande ouverte toutes dents dehors lançant un cri, qui n'est autre qu'un appel à la délivrance d'une certaine souffrance identifiée par le contexte actuel que vit le pays.
Najoua Koulak propose un dyptique « Gaucherie et dextérité », un assemblage de différents matériaux récupérés représentant le mythe d'Elyssa. Cette libre interprétation réalisée à partir d'un matériau brut, le cuir, interroge le sens et les contraintes de la technique mixte mais aussi de la thématique, elle-même, qui risque d'être remise en question comme beaucoup d'autres choses aujourd'hui. On retrouve, donc dans cette exposition des thématiques liées à l'actualité mais abordées de manière indirecte souvent sous le couvert de l'abstraction, ce qui permet d'éviter toute polémique.
Les couleurs chaudes comme l'orange, le rouge, le jaune attisent les passions donnant aux œuvres qui utilisent ce genre de chromatisme une certaine chaleur tel « Le feu de la vie » de Lamia Zrelli. Loin d'être décoratifs les tableaux se distinguent par la capacité de leur artiste de transcender la réalité par des touches personnelles où l'impératif de la créativité s'impose comme une priorité. Mais à côté des acryliques, la céramique prend aussi sa place avec les œuvres de Nour Bellalouna et Mejdi Abdelli qui dépoussièrent le répertoire traditionnel en lui donnant un nouveau visage plus avenant. De même le tissage en laine qu'Olfa Ben Aissia et Amel Koubaa hissent au rang d'art. Le verre fusing émaillé est présent à travers quatre œuvres signées Mounaz Ferjani passant ainsi du stade de l'artisanat à celui d'art. La photographie est aussi de la partie. « Liberté » de Jaleleddine Belkaid apparait sous forme d'une mer mousseuse avec cette indication de l'artiste « Je navigue pour photographier et je photographie pour naviguer ». Marwen Trabelsi ne s'est pas éloigné de la mer. Il s'est intéressé aux « formes et poussière » que déchargent la mer. Boulon, cuiller, coquillages prennent une dimension à la fois plastique et ludique attrayante. D'autres œuvres intéressantes comptent dans cette exposition qui vaut le détour.