Les moyens sont limités mais les ambitions sont grandes... Ambitions doublées de travail, d'effort et de sacrifice, ce qui explique en quelque sorte la réussite du premier Salon organisé le week-end dernier par l'APTAT (Association de Promotion du Tourisme Alternatif en Tunisie), au village Ken à Sidi Khélifa, Bouficha, (à 20 km de Hammamet) qui est construit sur une superficie de 3 hectares et qui abrite des ateliers d'artisanat, des espaces de culture et de loisir, des résidences pour les artistes, une salle de congrès, une piscine, une bibliothèque spécialisée dans l'architecture ...Et pourtant, l'espace était menacé de liquidation pour manque de financement et d'entretien. Souvenons-nous, de l'affaire de ce village qui a été jugée il y a quelques années comme une entreprise en difficulté et dont le promoteur Slah Smaoui était entré en grève de la faim au mois de mai dernier après avoir vu échouer toutes ses tentatives d'assistance auprès des autorités compétentes. Souvenons-nous également que le village Ken a été créé en 1988 et qu'il est reconnu en tant qu'espace de culture et de tourisme qui interpelle aussi bien artistes et intellectuels que touristes tunisiens et étrangers et qu'il joue le rôle d'un grand centre de formation des formateurs dans le domaine des petits métiers et de l'artisanat. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il mérite d'être considéré comme un patrimoine à protéger et à préserver pour la mission qui lui est dévolue et la beauté de son architecture ; il est construit selon le cachet architectural tunisien et il est récipiendaire de nombreux prix dont le Prix national des Arts et des Lettres en 1988 et celui de la protection de la nature et de l'environnement en 2001. Week-end dernier, (23 et 24 juin), le village Ken a prêté son espace et ses murs au premier Salon du tourisme alternatif qui est aussi le premier du genre au Sud de la méditerranée et en Afrique. Ils étaient tous là en dépit d'une chaleur torride ; les membres de l'APTAT dont le président Souheil Mouldi, les professionnels du tourisme alternatif tels que les propriétaires des maisons d'hôtes et de gîtes ruraux, le ministre du Tourisme, Elyès Fakhfakh, commissaires régionaux, fournisseurs de services, les représentants des médias (dont quelques journalistes étrangers) et un grand nombre de Tunisiens venus accompagnés de leurs enfants, participer à cette fête : musique, animation, spectacle de magie...sans oublier l'effervescence créée à l'intérieur des stands où l'on propose divers produits, notamment celui portant le nom du gîte Dar Zaghouan, tenu par l'animateur et artiste dans l'âme, Am Gaddour. En ouvrant le débat autour du tourisme alternatif, Souheil Mouldi a précisé qu'il s'agit d'une première version d'un tourisme occulté par le passé et qui voit le jour aujourd'hui. On est, a-t-il expliqué, dans un tourisme alternatif différent de celui qu'on a pratiqué dans les années soixante et qui nécessite de ce fait, une manière nouvelle de voir les choses, d'où un changement et une évolution des esprits... »
Pour Wahid Brahem, membre de l'APTAT, le tourisme alternatif ne peut en aucun cas supplanter le tourisme classique de masse, balnéaire mais ambitionne de promouvoir la diversité des produits touristiques et culturels.
L'objectif est de mettre à profit les ressources naturelles et historiques dont regorge la Tunisie (sites archéologiques et monuments, forêts, désert...). Le tourisme alternatif est par conséquent, un levier de développement intégré puisqu'il contribuera à créer des emplois durables car il a lieu tout au long de l'année, et offre de nombreuses opportunités aux régions intérieures qui disposent de spécificités touristiques, (artisanat, patrimoine, thermalisme, thalassothérapie...).
Initiative réussie et rassurante quant à l'avenir de notre tourisme culturel. Le projet que vient de lancer l'APTAT en pleine révolution nous a permis de sortir des sentiers battus, d'où le grand rôle à jouer par la société civile et tous les opérateurs du secteur dont les portes restent grand ‘ouvertes aux offres de qualité.