Mari et père modèle, Marcel Barbeault , né la 10 août 1941 à Liancourt près de Creil en Francen est un tueur à la personnalité surprenante. Dans la région de Nogent-sur-Oise, durant sept années, au lever du jour, il a parcouru les rues pour tuer des femmes. Il en a abattu sept, ainsi qu'un homme. Il utilisait une arme à feu, fait assez rare chez les tueurs en série. Il était également voleur et cambrioleur : arrêté par les gendarmes, il n'avait passé qu'un mois en prison. Arrêté sur dénonciation anonyme, il a été condamné pour cinq des sept meurtres, mais n'a jamais rien avoué.
Son père était cheminot, et sa mère femme au foyer, il est l'aîné de la famille, et il s'entendait bien avec ses quatre frères et sa soeur. Timide et renfermé, il quitta l'école à 14 ans après avoir raté son certificat d'études primaires.
En 1957, il fut engagé dans les ateliers mécaniques des «Etablissements Rivière» de Creil, en tant qu'outilleur.
A 19 ans, grand et fort, il pratiquait la boxe en amateur. Il voulut partir se battre en Algérie, où la guerre faisait rage depuis 1954. Le 13 décembre 1960, il s'engagea pour deux ans. Mais, alors qu'il désirait devenir parachutiste, il réalisa qu'il souffrait d'un vertige incontrôlable, et se retrouva brancardier... Ses états de service furent néanmoins récompensés : le 19 décembre 1962, il fut démobilisé avec les honneurs et fut décoré de la «Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord» et de la «Croix de la valeur militaire».
De retour en France, Marcel Barbeault désira devenir gendarme, mais échoua lors des épreuves de sélection. Il retrouva alors son emploi aux «Etablissements Rivière».
A 21 ans, il rencontra Josiane, une jolie secrétaire blonde et élégante, à la sortie d'un cinéma. Il était grand et imposant, mais était toujours aussi timide, et sa gentillesse toucha la jeune femme. Ce fut le coup de foudre.
Ils se marièrent rapidement et eurent deux fils, en 1966 et 1972. Le couple s'installa dans le quartier des Martinets, à Montataire. Cette cité HLM venait juste d'être construite et leur logement était agréable. Le couple était heureux, Marcel Barbeault était considéré par tous comme un homme sympathique et un bon père de famille.
Malheureusement, la vie de Barbeault avait été et allait être marquée par des drames :
En 1968, sa mère qu'il aimait tant succomba à un cancer du sein.
En 1971, Jean-Louis, l'un de ses frères, mourut dans un accident de la route.
Le 12 février 1974, Roger, un autre de ses frères, se suicida en se jetant sous un train, dans des circonstances troublantes.
Pour chacun de ces décès, Marcel Barbeault, l'aîné de la famille, prit en main toutes les démarches. Il vint souvent, par la suite, se recueillir sur les tombes de ses défunts enterrés dans le même cimetière.
En 1972, Marcel Barbeault changea d'entreprise et fut embauché à l'usine Saint-Gobain de Rantigny, dans le bassin industriel de Creil, suivant des horaires tournants : d'une semaine sur l'autre, il travaillait le matin, l'après-midi ou la nuit...
Ses relations avec son épouse commencèrent à se détériorer en 1974. Il avait été arrêté en flagrant délit par les gendarmes, le 3 septembre, alors qu'il récupérait le butin d'un cambriolage. Il reconnut qu'il n'en était pas à son coup d'essai. A son domicile, les enquêteurs furent surpris de l'importance du produit de ses vols. Barbeault expliqua qu'il avait agi ainsi pour « amasser un peu d'argent » afin de « partir en vacances en famille » ! Parmi tous les objets dérobés lors de ces cambriolages, les gendarmes découvrirent une arme de 4ème catégorie, un pistolet d'alarme que Barbeault avait transformé en revolver de calibre 5.5 à balles réelles. « Pour ma femme car, étant donné mes horaires de travail, elle était souvent seule à la maison ».
Jugé, il fut condamné à un mois d'emprisonnement à la maison d'arrêt d'Amiens. Josiane était bouleversée et fit une dépression nerveuse. Son mari lui avait dit que tous ces objets lui avaient été donnés par un camarade de l'usine. Quand Marcel Barbeault fut libéré, elle voulut divorcer, mais, pour leurs deux fils, elle décida de lui laisser une chance et le couple reprit la vie commune dans l'appartement de Montataire.
Sa vie a basculé dès lors que sa vie conjugale a commencé à être ébréchée.
Menant une vie conjugale apparemment normale, il souffrait quelque peu de schizophrénie que personne n'a pu remarquer, sauf peut-être son épouse. Il commettait des assassinats sur des femmes qu'il n'avait pas connues au préalable.
Parmi ces crimes l'assassinat de Françoise Lecron, était bien singulier. La victime était l'épouse d'un ingénieur de l'usine Saint-Gobain. Elle faisait la cuisine dans sa maison située près de la voie ferrée. Soudain, elle entendit un grand bruit et ressentit une terrible douleur à l'épaule, puis s'écroula. Elle avait été touchée par une balle de carabine, tirée à travers la fenêtre de son pavillon. Elle n'était que légèrement blessée, mais elle n'avait pas eu le temps de voir son agresseur.
Les policiers s'interrogèrent : il ne semblait pas y avoir de mobile à cette agression. Ils pensèrent à un acte dont le but était d'intimider le mari, l'un des cadres dirigeants de la prestigieuse société Saint-Gobain, qui négociait au même moment le rachat d'une entreprise de la région.
Tous les autres crimes avaient été commis presque de la même manière.
Il a fallu plusieurs années, et des enquêtes dans lesquelles 250 gendarmes et 50 inspecteurs ont été mobilisés pour découvrir que le tueur zen série était bel et bien Marcel Barbeault.
Le 16 décembre 1975, il fut présenté au tribunal de Senlis, devant la juge d'instruction chargée de l'affaire, qui fut frappée par la ressemblance entre Barbeault et le portrait-robot : même force, même silhouette imposante.
Malgré tout, Marcel Barbeault continua de nier. Il n'était pas le «tueur de l'ombre». Il avait déjà volé, oui, mais il n'avait jamais tué personne. « Cette arme, je l'ai volée dans une cabane de fossoyeur, bien après la date du crime ».
Maria D., la femme de ménage de Saint-Gobain, reconnu aussi Barbeault : « C'est lui ! C'est bien l'homme qui m'a suivie au début de l'année ».
Il fut cependant inculpé pour un second meurtre, celui de Julia Gonçalves. Durant l'entretien, Barbeault ne manifesta qu'un seul moment de faiblesse, lorsqu'on lui donna des nouvelles de ses fils, qu'il adorait.
Condamné à la prison à vie il est encore incarcéré à la prison de Saint Maur dan l'Indre.