Il a fini par prendre son courage à deux mains pour s'adresser à la nation. La métamorphose est visible... même pénible, et après avoir été un Président sans grands pouvoirs le voici devenu par des défections « provoquées »... ou pas... Un Président sans troupes !
Dr. Marzouki n'est certes, pas un Samuelson de l'économie, mais il connaît l'histoire de la Grèce antique pour avoir lu l'Iliade de Homère et surtout la grande ruse du cheval de Troie... qui a permis à Achille le grec de détruire la ville achéenne rebelle.
Or, des chevaux de Troie, il en a bien dans ses valises. Beaucoup déjà parlaient d'un « dopage » artificiel et tactique de la Nahdha pour gonfler la représentativité du CPR à la Constituante et écarter les plus durs obstacles à sa future hégémonie.
L'enfant des « Mrazig », tribus guerrières du Sahara l'a peut être compris, en perdant des cartes maîtresses et des acteurs majeurs de son parti au moment où il en avait le plus besoin dans son premier bras de fer véritable avec la mécanique implacable du Premier ministre et chef du gouvernement.
Eh oui, Professeur, le ver était dans le fruit. « Ki Hachti bik ya wajhi... Khabchouk el Ktatess » (quand j'avais besoin de mon visage... les chats l'ont griffé...) !
Que reste-t-il, alors, au Président « trahi » et bafoué après les défections des Ayadi et compagnie et la « claque » Baghdadi, sinon le baroud d'honneur du limogeage du gouverneur de la Banque Centrale. Mais là, encore, nouvelle bourde, le Premier ministre, Si Hamadi Jebali, pour des raisons que la raison connaît bien, n'aurait plus envie aux dernières nouvelles, de cautionner l'acte présidentiel, ce qui laisse entendre un « waterloo » prévisible pour le Président Marzouki, au cas où Ennahdha s'amuserait à voter contre le limogeage et ne pas lâcher M. Kamel Nabli... et là, même l'Amiral Nelson ne pourrait sauver notre cher Président d'un naufrage possible. Mais les longues nuits d'été portent conseil et on attendra pour voir.
Le voilà bien averti, et ses instincts ne le trompent plus, en politique il ny'a pas d'amis quand il s'agit de la lutte pour le pouvoir et le leadership, d'autant plus qu'on commence ça et là à chuchoter un petit agacement à Ennahdha, vis-à-vis de Marzouki, jugé un peu trop imprévisible et rebelle à leurs projets futurs !
D'où le bon choix du Président, cette fois-ci, et la bonne stratégie de faire le dos rond, avec un discours conciliateur qui dit tout « bas » au sens musical, ce que tout le monde pense tout haut. Ceci, malgré une petite pointe à l'adresse de ses « alliés » d'Ennahdha et du gouvernement que les interlocuteurs qu'il a reçus à Carthage, accusent bien d'hégémonisme et de « Taghawel » !
Vous voyez que les temps présents sont durs pour tout le monde ! On se serre les coudes, on essaie d'oublier ses misères et surtout celles qui nous sont faites par nos « anciens proches ». Nous l'avons vu dans les derniers discours de l'ensemble des leaders de la classe politique, de Maya Jribi, à Béji Caïd Essebsi, en passant par Ahmed Brahim et surtout à l'arrivée avec Hamadi Jebali et Dr. Marzouki.
Tout le monde « il est beau... tout le monde il est gentil »... C'est le meilleur des mondes. Pourvu que ça dure ! On en a bien besoin par ces temps de canicule et les « guerriers » ont besoin de repos...
Même Dr. Ben Jaâfar devrait s'offrir une baignade... qui sait, ce que l'automne et l'hiver lui réservent et nous avec !