Les concerts de Kadhem Essaher à Carthage sont tous couronnés de succès depuis qu'il s'est produit pour la première fois en Tunisie à la fin des années 90. C'est que cet artiste s'est déjà forgé non seulement une renommée arabe, mais aussi mondiale et il s'est particulièrement distingué dans ses concerts en Tunisie où ses fans l'ont attendu avec impatience. Il a toujours charmé par sa voix, sa musique et surtout ses paroles puisées dans la poésie romantique du grand poète arabe, dit « poète de l'amour et de la femme », Nizar Kabbani. Ce soir-là, Kadhem Essaher a encore une fois séduit le public tunisien par son charme, son élégance, sa sensibilité, ses capacités vocales, sa maîtrise de la scène et sa musique : toutes ces qualités ont été investies dans cette soirée consacrée à la poésie de l'amour de Nizar Kabbani dont l'artiste a fait de véritables chefs-d'œuvre musicaux. Sobre, impeccable et sans artifice, le chanteur parut sur scène dans son complet bleu nuit au milieu d'une grande ovation du public, heureux de revoir son idole. L'équipe de choristes et de musiciens, l'ayant déjà précédé, avait déjà joué une composition musicale orientale, en guise de préambule.
Il était impossible de déterminer une moyenne d'âge : on dirait que les chansons de Kadhem enchantent toutes les générations sans exception. Il y avait des gamins de cinq ou six ans, des adolescents, des jeunes, des adultes et même des personnes âgées. Devant moi, se trouvait une femme, la soixantaine, qui n'a pas cessé de dandiner sur son siège durant toute la soirée. A ma gauche, un groupe d'adolescents (filles et garçons), se tenant debout, n'arrêtait pas de reprendre des refrains en chœur. D'autres brandissaient la photo de l'artiste et des drapeaux de Tunisie et de l'Irak. Bref, tout l'amphithéâtre romain s'est transformé en une chorale gigantesque qui participait à l'interprétation des chansons débitées par l'artiste. C'est dire que le public connaissait tous les tubes par cœur, sans omettre aucune parole ! Ce qui poussa maintes fois l'artiste à s'arrêter pour laisser chanter la
foule. L'ambiance fut, à vrai dire, survoltée : on chantait, on criait, on dansait, on applaudissait jusqu'à l'hystérie !
Kadhem Essaher a débuté avec sa fameuse chanson « Inni Khayartouki fa ikhtari », une chanson qui a connu un grand succès grâce à ces paroles romantiques où un amoureux demande à sa bien-aimée de choisir entre la mort sur son buste ou dans ses recueils de poésie.il enchaina ensuite avec un bouquet de ses anciennes chansons qui ont fait sa notoriété : « Zidini Ichken zidini », « Akrahoha » (Je la déteste), « Hel Indika Chakkon », « Ahibbini » et d'autres chansons écrites par le poète Nizar Kabbani. A chaque fois, les jeunes filles et les moins jeunes ont entonné avec lui des passages entiers de chaque chanson. Mais le public s'éclipsa pour céder l'espace vocal à l'artiste qui déclama les paroles d'une chanson très récente dont il chanta un extrait. Kadhem avait chanté aussi « Tounès », vieille chanson qu'il avait dédiée à la Tunisie lors de ses anciens passages à Carthage. Il a agrémenté la soirée
par une chanson populaire irakienne, « la dabka », mais là, le public resta sur sa faim, car cette danse n'a pas été exécutée avec certains membres de sa troupe comme il l'avait fait lors d'autres concerts. Tout ce répertoire fut marqué par un solo musical de qanoun qui fut très applaudi par le public.
Bref, Kadhem Essaher reste un artiste toujours égal à lui-même adulé par un public qui ne ratera pour rien au monde son passage à Carthage.