Vendredi dernier, au jeu qu'organise quotidiennement un des sponsors de la 46ème édition du Festival International de Carthage, nous avons gagné un coussin dont nous ne sûmes finalement quoi faire ! Parce qu'à l'occasion du concert que le chanteur irakien Kadhem Essaher donnait ce soir-là, il valait mieux gagner une place assise sur les gradins ou dans l'enceinte des chaises. Il fallait aussi se rendre plus tôt que d'habitude à l'amphithéâtre romain lequel, une heure avant le spectacle, s'était presque entièrement garni de monde. Kadhem Essaher réalisa donc un nouveau triomphe à Carthage. Il se produisit, encore une fois, en idole incontestable des jeunes Tunisiens. Le public était en délire dès avant son apparition sur scène et durant les deux heures vingt minutes de chants que lui offrit sa star préférée. Jusqu'à Vendredi dernier, aucun artiste arabe invité à l'actuelle édition du festival ne suscita une communion aussi spontanée avec le public ni une ambiance aussi survoltée aux quatre coins du théâtre. Même pas Sabah Fakhri à qui nous souhaitons au passage un prompt rétablissement. Un chœur de 10.000 voix Le chanteur irakien n'avait guère besoin de préparer un programme pour ce spectacle, tous les airs nouveaux et anciens qu'il interpréta vendredi étaient connus par cœur et furent répétés par un chœur de plus de 10.000 voix ! Mais il n'y avait pas que les gorges à déployer : des milliers de corps jeunes et moins jeunes se libérèrent aussi et se livrèrent à toutes sortes de danses orientales et occidentales en accompagnant les chansons de Kadhem. Contrat rempli pour ce dernier qui n'a encore aucun souci à se faire en ce qui concerne sa place de favori dans les cœurs des jeunes générations tunisiennes et arabes. Il faut tout de même reconnaître que cet artiste élégant et humble propose à ses admirateurs de tous âges un répertoire de bien meilleure qualité que les criaillements des semblants de stars fabriquées de toutes pièces par certaines grandes firmes arabes de production musicale. Le succès exceptionnel qu'il récolte partout où il se produit ne le grise pas. On peut ne pas aimer le genre musical qu'il a adopté ou être quelque peu froissé par le timbre bien particulier de sa voix. Mais Kadhem Essaher reste un artiste et un créateur respectable qui n'usurpe nullement sa notoriété actuelle.