Memphis, Tennessee, 16 août 1977. Une foule immense envahit les grilles de Graceland espérant que la nouvelle soit fausse : Elvis Presley serait mort. Le désarroi se lit sur les milliers de visages rassemblés devant la demeure du King. Elvis, c'est 25 ans de carrière et une génération entière bouleversée. Trente-cinq ans après sa mort prématurée et mystérieuse, le King reste incontestablement l'icône du rock'n roll. Retour sur cette célébrité fulgurante, son œuvre et sa descente aux enfers prématurée.
En cachette, à 11 ans, sa première guitare à la main, le jeune Elvis Presley écoute la radio : il se passionne déjà pour le blues, le gospel et la country. Elevé dans une famille modeste très religieuse, il enchaîne les petits boulots. Mais son esprit est à la musique et à la chanson. A l'été 1953, il saute le pas et tente sa chance dans un petit studio d'enregistrement spécialisé dans la musique noire, le studio Sun Records à Memphis. Son premier disque est un cadeau pour sa maman qu'il aime terriblement. Le patron du studio le repère et en 1954, accompagné par trois musiciens, il débute sa carrière de rock star.
Une vénération folle
Le succès est fulgurant et les fans de plus en plus nombreux. Elvis possède une voix hors du commun et un physique incroyablement séduisant. Il en joue par ses petits coups de hanche, insolites pour l'époque, mais terriblement sexys. Il n'en faut pas plus pour scandaliser les puritains et les ainés américains. Lors d'un concert devant 22 000 spectateurs à Jacksonville en Floride, en 1956, sachant que la police va filmer ses médiatiques déhanchements, Elvis décide de rester stoïque pendant tout le show. Ses fans sont galvanisés. Plus tard, au petit écran, Elvis ne sera filmé qu'au-dessus de la ceinture...
Elvis est connu aux quatre coins des Etats-Unis. A 20 ans et en à peine un an de carrière, il est disque d'or et passe à la télévision devant des millions de téléspectateurs.
C'est l'époque de Blue Suede Shoes, I Want You, I Need You, I Love You, Don't Be Cruel.
Ses admirateurs deviennent incontrôlables, ils le poursuivent nuit et jour. L'idolâtrie prend une forme de vénération hystérique. Dès 1957, Elvis vit entouré de policiers qui le protègent jusqu'à la porte de sa maison neuve sur le Highway 51 - qui devient Elvis-Presley Boulevard en 1972 - baptisée Graceland, dans le sud de Memphis.
En plus de son succès musical, le King, très vite réclamé par les studios de cinéma, joue l'acteur dès 1954. A Hollywood, il rencontre une nouvelle fois la gloire. Le cinéma lui permet de se faire connaître mondialement, d'autant plus que les films dans lesquels il joue lui sont taillés sur mesure.
La peur de l'oubli
L'année 1958 apparaît comme un bouleversement dans la carrière d'Elvis. L'US Army l'informe qu'il doit accomplir son service militaire. Il est affecté en Allemagne pour deux ans. Cette rupture avec la scène et ses fans marque un tournant.
Bien que son séjour en Allemagne lui donne la chance de rencontrer sa future épouse, il vit isolé du reste du monde, craignant plus que tout d'être oublié par ses fans. De nombreux commentateurs du King s'interrogent sur la légitimité de sa mobilisation, en tant de paix de surcroit. Le but de cette action est-il de préserver la jeunesse américaine de l'influence du chanteur rock'n roll ? « Elvis est mort le jour où il est entré à l'armée », pense John Lennon. A cet éloignement s'ajoute la perte de sa mère chérie dont il ne se remettra jamais.
De retour d'Allemagne, sa popularité reste inchangée. Mais Elvis ne fait plus de concert pour autant. En revanche, il se consacre toujours au cinéma et tourne 27 films en neuf ans. Considérant sa carrière décevante, il décide d'y mettre fin en 1969.
Le come back de 68
Après sept années d'absence, Elvis fait un retour fracassant dans un show télévisé mémorable. Il prouve, s'il en était encore besoin, qu'il est toujours le roi du rock'n roll. Seul devant les caméras, dans une tenue toute de cuir, Elvis, '68 Comeback Special, est diffusé le 3 décembre sur NBC.
En 1969, Elvis enregistre des centaines de titres et des dizaines de représentations sont programmées, une tournée qui rassemble plus de 100 000 spectateurs. Le succès est inouï alors que le King est très tendu.
Les critiques sont dithyrambiques. Pour Rolling Stone : « Elvis est surnaturel, il s'est réincarné en lui-même » ; Rock Music pense que « Elvis est peut-être bien l'homme de scène le plus magnétique de l'histoire du show business ! ».
En 1973 à Hawaï, il est la star du premier concert par satellite de l'histoire : 1,5 milliard de téléspectateurs assistent au concert du King en direct. Depuis les premiers pas de l'homme sur la lune en 1969, c'est la meilleure audience de l'histoire. De 1969 à sa mort, il donne 1 500 concerts à travers les Etats-Unis. Mais les années 1970 ne verront d'Elvis qu'une parodie de lui-même.
La mort... (ou pas)
A partir de 1973, Elvis a de gros problèmes de santé. Il consomme des quantités hallucinantes de médicaments. Il est prêt à tout pour être devant son public et sa pharmaco-dépendance devient insolente.
S'il envoute toujours autant ses fans, la presse en revanche devient cinglante. Hollywood reporter ne cache pas son mépris, en août 1973, en déclarant : « C'est la plus indifférente, inintéressante et déplaisante prestation d'Elvis. Le mythe vivant était gras et grotesque, se singeant lui-même ». Dès lors, Elvis n'apprécie plus vraiment les journalistes.
Bien que malade, il enchaîne les shows, tel un drogué. De 1975 à 1977, il dépasse chaque année le record du nombre de concerts précédemment donnés. La 32ème tournée, qui débute à la mi-juin 1977, est la dernière tournée d'Elvis Presley. En août 1977, le King pèse plus de cent kilos...
Le mythe toujours intact
Le mystère sur la mort du King est entier. Plus de 14 substances sont retrouvées dans le système sanguin d'Elvis Presley au lendemain de sa mort dans sa salle de bain de Graceland. Le rapport de l'enquête médicale conclut à une mort naturelle.
80 000 personnes se ruent le long du Elvis Presley Boulevard, sans vouloir croire que leur idole n'est plus. « Elvis est peut-être parti, mais sa légende restera avec nous pour toujours », déclare le président Jimmy Carter. Le jour des funérailles, un cortège long de cinq kilomètres se forme.
Depuis trente-cinq ans, le fantôme d'Elvis demeure et les fans sont toujours aussi nombreux. Le King est plus populaire que jamais. Plus de 500 millions d'albums ont été vendus jusqu'à maintenant dans le monde. Mardi 14 août à Memphis, une vente aux enchères d'objets d'Elvis a eu lieu à Memphis. Une petite bouteille vide de tétracycline, un antibiotique prescrit à Presley en 1974, a été cédée pour 5 500 dollars... L'amour n'a pas de prix. Une semaine de festivités consacrée au roi du rock'n roll se déroule parallèlement durant neuf jours à Graceland où plusieurs milliers d'admirateurs sont présents.
Pour nombre d'entre eux, Elvis Presley est toujours en vie. Sa mort n'est qu'une supercherie. Sur la Toile, des forums rassemblent des centaines de témoignages prouvant que le King est parmi nous... Elvis possède sa page Facebook et son compte personnel sur Twitter... Elvis serait-il dans la peau d'un de ceux que l'on croit être son sosie ? Le mystère demeure. (MFI)