Le courant patriote démocrate tient son congrès unificateur après plus de trois décennies d'existence les 31 août, le 1er et le 2 septembre prochains. 350 congressistes venant de différentes régions du pays et de l'étranger participeront aux débats qui auront à traiter 21 motions. Lors d'une conférence de presse très suivie, hier, Chokri Belaïd et Mohamed Jemour ont donné des éclairages sur les travaux de ce congrès et les circonstances nationales et internationales dans lesquelles il se déroule.
« C'est un congrès qui verra la participation des différentes générations et les différents secteurs avec une présence féminine en de ça de nos espérances », assure Chokri Belaïd. Il souhaite que leur participation soit plus nombreuse lors du prochain congrès. Ce congrès viendra couronner un processus d'unification qui a fut entamé au mois d'avril 2011 dans les régions et à l'échelle centrale. Deux conférences nationales ont été organisées avec la participation de plus de 150 cadres dans chacune d'elles. Les débats avaient concerné, entre autres, le programme politique, économique, social, le règlement intérieur, la tactique, le référentiel idéologique définissant l'identité du parti... « Ce congrès achève un processus pour aborder une nouvelle étape où la volonté d'unification ne s'essoufflera point », déclare en substance Chokri Belaïd. Le Congrès devra formuler des propositions dans différents domaines. Il se tient, ajoute le coordinateur du Mouvement Patriote Démocrate, « dans une conjoncture nationale traversée et agitée par le retour des manifestations de mécontentement, l'attaque systématique contre le secteur de l'information pour le domestiquer, l'instrumentalisation du pouvoir judiciaire pour le soumettre au bon vouloir du pouvoir exécutif. La mise à l'écart de nombreux magistrats vise à intimider les autres. La situation est grave. Le gouvernement veut éterniser la situation provisoire. Il n'y a pas d'échéance fixe pour achever l'élaboration de la Constitution, ni pour promulguer la loi électorale ou celle créant l'Instance Supérieure des Elections. Il semble que le gouvernement tient à ce que les prochaines élections soient organisées sous l'autorité du ministère de l'Intérieur».
Chokri Belaïd affirme que le congrès se tient en un moment où «la souveraineté du pays est bafouée par des accords conclus par la Troïka consacrant la dépendance et le reniement des objectifs de la Révolution. La Troïka a soutenu l'agression contre la Libye et soutient la répartition de la Syrie ». Le congrès, dit-il se tient alors que les mouvements de mécontentement populaire ne cessent de s'amplifier ainsi que le rejet de l'absolutisme. La Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Italie et l'Amérique Latine connaissent à leur tour des crises. « Partout il y a des révoltes contre l'oppression. Le combat actuel en Tunisie oppose deux pôles. L'un représente 95% des Tunisiens jaloux de l'indépendance de leur Patrie et de la réalisation des objectifs de la Révolution où figure le Front populaire composé de 12 partis et dans la réalisation du quel les Patriotes Démocrates étaient parmi les premiers. L'autre pôle sert l'intervention impérialiste et consacre la dépendance».
Mohamed Jemour représentant l'aile du Parti du Travail Patriote Démocrate engagée dans ce processus d'unification, rappellera la situation sociale difficile dans laquelle se morfond le Tunisien. « Le taux d'inflation est à 5,6%. Presque un jeune sur deux se trouve en chômage. Des difficultés sont constatées pour satisfaire des besoins élémentaires comme l'eau et l'électricité. L'Etat n'assume pas ses devoirs et ne remplit pas ses obligations les plus élémentaires. La crise économique internationale a ses retombées négatives en Tunisie. Le projet de fermeture de LEONI, la baisse des exportations de textile et de cuir, prouvent que la crise ne sera pas résolue de si tôt », dit-il en ajoutant que le Gouvernement se console du satisfécit de la Banque Mondiale qui avait fait des recommandations appelant à davantage de privatisation et d'ouverture sur l'économie internationale. « Dans les prochaines années, le pays aura à rembourser 1000 millions de dinars annuellement. La privatisation concernera le secteur du transport. Le gouvernement actuel a pris des engagements avec des parties étrangères qui mettent en péril la souveraineté du pays. Le choix à faire actuellement en Tunisie est entre deux forces libérales une à couverture religieuse et l'autre non, mais entre ces forces libérales et celles qui ont choisi de servir le peuple».
Concernant l'échéance du 23 octobre Chokri Belaïd dira qu' « Ennahdha et ses partenaires n'ont pas respecté leurs engagements conclus avant les élections. Il y a une crise dans la gestion de la période transitoire. Elle n'a même pas œuvré pour la réussite de l'initiative de l'UGTT.
Les risques d'une deuxième révolution existent. Quant à la violence salafiste, elle est un message de la part des instances au pouvoir sur ce qui se passera après le 23 octobre prochain ». Le pays a besoin de solution politique.