Selon une étude réalisée par l'Agence de promotion de l'industrie (API), la branche «Entreposage frigorifique» occupe une place importante et stratégique dans le secteur des industries agroalimentaires tunisiennes (IAA). En terme de poids économique, elle compte actuellement 770 entreprises dont 275 unités qui emploient 10 personnes et plus, soit 29% des entreprises du secteur des IAA. En terme d'emploi, la branche « Entreposage frigorifique » offre plus de 22.800 emplois qui représentent 38% du total des emplois du secteur I.A.A. Toutefois, cette activité se caractérise par une grande saisonnalité et par conséquent par le recours à une main - d'œuvre, en grande partie saisonnière, estimée à plus de 60%. La branche a enregistré au cours de la dernière décennie une croissance soutenue supérieure à 10 % et ce rythme pourrait se maintenir pendant 4 à 5 ans encore. La production de l'entreposage frigorifique a atteint en 2005 une valeur de 1200 millions de dinars à prix courant, soit l'équivalent de 17 % de la production du secteur des industries agroalimentaires.
Insuffisances... Au rayon des difficultés, la branche souffre d'une faible utilisation des capacités installées (50 à 60%). Cette situation est la conséquence du caractère saisonnier des principales productions, de la dépendance de la production agricole de la pluviométrie, de l'insuffisance du niveau des approvisionnements de certains produits et du manque de savoir faire des exploitants de la majorité des unités de fruits et légumes (exclusion faite des unités d'agrumes et de dattes). Par ailleurs, il ressort de l'étude que l'approvisionnement en légumes et fruits, en viandes et en produits de la mer demeure anarchique en Tunisie. Le niveau technologique des unités de transformation de lait et des viandes blanches est satisfaisant et conforme aux normes internationales alors que ce niveau est en régression dans les unités de stockage des légumes et fruits et des viandes rouges et de congélation des produits de la mer, ce qui nécessite encore une action de mise à niveau. A cet égard, l'étude recommande la modernisation de l'activité d'entreposage frigorifique à travers le renforcement des investissements matériels, notamment, dans les secteurs de fruits et légumes, des produits de la mer et du lait et dérivés ainsi que la mise en place d'un plan spécifique pour les investissements immatériels. En ce qui concerne les investissements immatériels, l'étude préconise le renouvellement des équipements de frigorification, l'amélioration du matériel en place pour garantir une consommation rationnelle d'énergie notamment pour la conservation des fruits et légumes, l'acquisition de nouveaux équipements pour préserver la qualité des produits, l'amélioration des conditions de stockage et l'entretien régulier des équipements et des unités de mensuration et de calibrage. L'étude insiste aussi sur la nécessité de garantir la régularité de l'approvisionnement, de mettre en place des systèmes de gestion de qualité au sein des entreprises, d'assurer le suivi de la production et de la gestion des ventes, la maîtrise des outils de marketing, de communication et d'innovation et le renforcement des structures d'appui par la création d'une association tunisienne de frigorification. Les entrepôts frigorifiques, en particulier, sont aux prises avec une hausse continuelle du coût des installations et un nombre sans cesse croissant d'articles différents. Pour composer avec les besoins en évolution de leur clientèle, ces entreprises se voient forcées d'augmenter au maximum la capacité de leurs entrepôts, d'optimiser leur utilisation de l'espace disponible et de faciliter la cueillette des commandes, surtout dans les endroits où l'on pratique l'entreposage en hauteur.
Perspectives de développement considérables, malgré tout... Selon les chiffres fournis par l'étude, le secteur nécessite des investissements de l'ordre de 21,6 millions de dinars à l'horizon 2011 pour combler le déficit en unités du froid et le nombre d'emplois permanents à créer serait de 6000 postes. Les besoins en capacités d'entreposage frigorifique à l'horizon 2011 seraient de l'ordre de 490 000 m3 à température positive et 112 000 m3 à température négative. Les perspectives de développement de cette branche demeurent considérables avec le développement à l'exportation de produits frais : tomates, artichauts, abricots, agrumes, grenades...etc, en prévoyant des installations frigorifiques respectueuses de l'environnement (en utilisant des fluides naturels) et des produits (atmosphère et humidité contrôlées, surgélation), des équipements économes en énergie et des formations des acteurs de la branche pour réduire les pertes. Le consommateur européen est à la recherche de produits du soleil, d'aspect naturel riche en goût, ces produits existent en Tunisie et ne demandent qu'à être exploités. Egalement, le degré d'exigence du consommateur tunisien ainsi que le contrôle par les organes de protection du consommateur tireront cette activité vers plus de rigueur et de professionnalisme.