Un grand comédien tunisien, formé à l'école de Aly Ben Ayed tire sa révérence, sans faire trop de bruit, après s'être imposé surtout en tant qu'homme de théâtre et distingué depuis les années 1960 dans des rôles que lui confia Aly Ben Ayed, dans Caligula, Othello, Œdipe roi ou Hamlet et où il a déployé son grand talent et marqué le public par sa personnalité originale en ce sens qu'il excellait aussi bien dans les mélodrames que dans les rôles de différents personnages de la Tunisie d'antan. Ce fut notamment dans des pièces télévisées qu'il a démontré son talent, en se distinguant dans des rôles de premier plan qu'il joua à la perfection.
Il a participé à la mise en scène de plusieurs pièces de théâtre ainsi que dans plusieurs pièces télévisées par des rôles pittoresques tels que dans « Ghada » où il a joué, à côté du non moins talentueux Fethi Heddaoui, Ambar Ellil, ou encore « Matous » une dramatique qui est actuellement rediffusée.
Il était connu et aimé par les jeunes et les moins jeunes et réputé pour son sérieux avec ce zeste de facétie dénotant de l'humilité des grands par laquelle il s'est distingué. Ceux qui n'ont plus vingt ans depuis longtemps ont connu sa silhouette plutôt svelte et son crâne chauve à la Yull Brynner des années 1950.Avec le temps, il a peut-être accusé plus d'obésité, mais il n'avait rien perdu de sa jovialité, son humour discret et sa présence d'esprit.
La dernière fois que je l'ai rencontré, c'était au café du Palace, anciennement le théâtre du « Palace Rossini ». Il était occupé à remplir une grille de mots fléchés, la mine quelque peu pâlotte, mais sans rien d'inquiétant, ou de nature à deviner qu'il allait quitter ce monde, à peine un mois plus tard, après un bref séjour en clinique pour un problème de reins, aggravé d'un problème cardiaque.
A 80 ans, il faisait à peine son âge car il était un battant, convaincu que, comme l'a affirmé André Gide à juste titre : « le petit instant de la vie est plus fort que la mort »