Conférence nationale le 16 octobre, mais la participation d'Ennahdha reste incertaine Pour le bien du pays et pour ceux qui sont imbus d'un esprit patriotique, il n'existe nulle alternative à scruter à part le dialogue. Seul le dialogue réconciliera les différents antagonistes. Une seule condition, c'est d'être loyal envers ses partenaires et vis-à-vis de la Patrie. La date du 23 octobre avec tout ce qu'elle symbolise dans l'imaginaire collectif tunisien comme échéance et importante étape à franchir sans accros et sans écorchures, interpelle tous les intervenants sur la scène qu'ils soient acteurs politiques ou membres de la société civile. La question de la fin de la légitimité politique et morale de la Troïka au pouvoir devient naturellement le sujet épique à l'heure actuelle pour le pays aussi bien que pour plusieurs partis politiques et constitutionalistes.
Pour dépasser et essayer d'apaiser la tension et le paroxysme concernant la question de la légitimité, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) avait pris les devants en proposant au mois de juin dernier d'engager une opération de rassemblement et de rapprochement pour réussir le dialogue entre les différentes composantes à la fois de la société politique et de la société civile. Cette initiative a eu un large impact et a trouvé des échos favorables, mais n'a pu être concrétisée de sitôt. De leur côté le Parti Républicain (PR) et la Voie Démocratique et Sociale, plus connue sous le nom Al-Massar ont pris l'initiative de proposer la réunion de partis politiques représentés ou non au sein de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) afin de débattre des questions qui risquent de retarder davantage la deuxième période transitoire comme la nature du régime politique, la loi électorale, l'instance des élections...Cette initiative a eu l'adhésion de presque tous les partis politiques.
Entre temps, l'initiative de l'UGTT se trouve de nouveau propulsée sur l'échiquier national. La Troïka au pouvoir et tous les partis politiques ont exprimé leur soutien à cette initiative. L'UGTT, n'étant pas un parti politique, personne n'oserait taxer son initiative de tentative de récupération politique. Lors de la dernière réunion de son bureau exécutif tenue avant-hier, la Centrale syndicale a fixé les critères et modalités pour l'invitation des participants à la première réunion de la conférence nationale qui devra se tenir mardi 16 octobre au palais des Congrès à Tunis. L'UGTT poursuit les négociations avec les forces politiques et celles de la société civile pour trouver un consensus autour des questions soulevées par cette initiative. L'UGTT compte inviter tous ceux qui l'avaient rejoint, le lendemain de la Révolution, dans le Conseil National de Protection de la Révolution ainsi que les partis, les organisations et les personnalités qui avaient participé aux travaux de la Haute Instance de Sauvegarde des Objectifs de la Révolution, de la Réforme Politique et de la Transition Démocratique qu'avait présidée Iyadh Ben Achour. Les partis politiques représentés au sein de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) seront de la partie ainsi que les présidents des Hautes Instances nationales, l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), les anciens Bâtonniers des Conseils de l'Ordre des avocats, les anciens présidents de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH), des membres de l'ancien bureau exécutif de l'UGTT ainsi que des personnalités nationales.
Cela n'empêche qu'il y a une question inquiétante relative au refus de la Nahdha de toute participation de Nida Tounès dans toutes les initiatives de dialogue. Va-t-il opter pour la politique de la chaise vide si Nida Tounès est invité ? A priori l'UGTT compte inviter tout le monde sans entrer dans les tiraillements politiques ni se compliquer la vie. Le Congrès pour la République (CPR), le Mouvement Wafa dirigé par Abderraouf Ayadi et Ettakatol ne portent pas dans leurs cœurs Nida Tounès. Ils ne veulent pas de ce parti autour de la table de dialogue. Vont-ils réellement aller au bout de leurs intentions et concrétiser cette position d'exclusion le 16 octobre ?
Rien n'est moins sûr. Le CPR ou un autre parti qui rejette Nida Tounès, peut-il imposer son point de vue aux autres, surtout que l'initiative de l'UGTT ambitionne un rôle conciliateur, celui de dépasser les clivages politiques et partisans ? A la sortie de son entrevue avec Mustapha Ben Jâafar, Hassine Abbassi, secrétaire général de l'UGTT avait précisé qu'il s'était entretenu avec le président de la Constituante à la fois en tant que président de l'ANC et président d'Ettakatol. Il lui a parlé du projet de Constitution présenté par l'UGTT dont il ne voit pas les traces dans l'avant projet de Constitution. Il tient à ce que les Droits économiques et sociaux soient inclus dans la prochaine Loi fondamentale. Par ailleurs, l'entretien avait porté sur la dynamisation de l'initiative de dialogue engagée par l'UGTT. « Cette initiative concerne à la fois les partis politiques et la société civile », affirme Hassine Abbassi. Rappelons que les principes généraux servant de plate-forme de base pour l'initiative de l'UGTT se rapportent à la reconnaissance du caractère civil de l'Etat, l'attachement au régime républicain, le rejet de la violence et du terrorisme, le respect des acquis civilisationnels de la société tunisienne cumulés et consolidés des siècles durant, la neutralité de l'administration, des institutions éducatives et d'enseignement ainsi que des lieux de culte.