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Les raisons de la colère
Djerba
Publié dans Le Temps le 10 - 10 - 2012

Les images choquantes des voitures de police en feu au milieu des heurts violents ayant opposé les habitants de Guellala aux forces de l'ordre, samedi 06 octobre, ont surpris et bouleversé plus d'un en Tunisie et ailleurs.
Personne ne s'attendait à voir de telles scènes se produire à Djerba, qui est restée depuis l'avènement de la révolution à l'écart des soubresauts qui secouent incessamment le territoire de la République, par ricochet dans une région aussi enchanteresse que celle du sud-ouest de l'île et dans un village aussi paisible de la réputation qu'on lui connait. Une telle dérive n'était que le couronnement de sept longs mois d'attente de la part d'une communauté exaspérée, et que le prix d'une gestion irrationnelle et immature de la crise par l'autorité de tutelle. Au mois d'avril dernier, lorsque les habitants de Guellala et de Ouersighen ont entamé leur sit-in à l'entrée de la décharge contrôlée, ils n'avaient à la bouche qu'une seule et unique revendication : la fermeture de la décharge qui est devenue une source de nuisance olfactive intenable, à l'origine de la contamination de la nappe phréatique et génératrice de maladies cutanées et d'inflammation Oto-rhino-laryngologiques chez les enfants. Un engagement de l'autorité de tutelle d'admettre la fermeture de la décharge leur suffisait et ils n'avaient besoin, à cet effet, que d'une proposition d'échéance ferme et officielle, que d'une date butoir, même à moyen terme, pour lever le sit-in. Les protestataires ont cependant accepté, dix jours après, d'interrompre leur sit-in, en contre partie des garanties du ministère d'engager des commissions et des bureaux d'études pour évaluer les impacts et proposer des solutions. Le 25 septembre dernier, les habitants de Guellala et de Ouersighen ont décidé de reprendre le sit-in, en désespoir de cause, après avoir vainement attendu une évolution palpable de l'état des lieux, d'autant que le rapport remis par la commission à la date du 24 septembre lors de la dernière réunion, était lourdement accablant, confirmant leurs craintes. Devant la détérioration de la situation environnementale à Djerba en raison de l'amoncellement généralisé des ordures, une réunion concoctée en urgence a permis à la délégation des protestataires d'exposer leurs doléances au chef du gouvernement qui a fini par s'engager par écrit à autoriser la fermeture de la décharge d'ici la fin de l'année 2013. Une telle mesure n'était certes que pour rassurer et contenter un tant soit peu une frange des protestataires, alors que d'autres, jeunes et mus par leur inexpérience, n'ont pas voulu céder facilement et il n'était question que de très peu de temps à accorder aux sages pour les persuader de lâcher prise. Samedi matin06 octobre, alors que les pourparlers se poursuivaient dans le bons sens, et contre toute attente, les forces de l'ordre, qui croyaient avoir affaire à une poignée de protestataires encore indécis gardant toujours leur position à l'entrée de la décharge située à presque quatre kilomètres du centre du village, se sont trouvées confrontées à toute une population de la région accourant de toutes parts au secours des leurs. Et aux heurts de s'étendre jusqu'au cœur du village et de se poursuivre jusqu'à 15 heures, avec pour bilan lourd et regrettable pour les uns et pour les autres 48 blessés parmi les forces de l'ordre et deux blessés parmi les habitants.

Le recours à la force : décision irréfléchie et inopportune

Pourquoi, au moment où la crise allait être dénouée, a-t-on recouru au mauvais choix pour tout gâcher et remettre les pendules à zéro ? Nous avons attendu sept longs mois pour parvenir à cet acquis, et il n'était question que de quelques heures pour ramener à la raison les indécis parmi les protestataires, pourquoi une telle hâte à prendre une telle décision exécrable, irresponsable et irréfléchie à l'issue désastreuse et au bilan lourd et regrettable ? En recourant à la force, a-t-on résolu la crise ? On a certes délogé les protestataires de l'entrée de la décharge, mais y a-t-on pour autant sécurisé l'accès aux engins ? Assurément pas. L'ANGED se refuse d'assurer l'acheminement des déchets par crainte des représailles réelles des habitants de la région. La situation environnementale ne fait que s'aggraver ; les ordures s'amoncellent en croissance ; des foyers de fumée nocive sont visibles, à longueur de journée comme de nuit, rendant irrespirable l'air au voisinage ; la panique est générale et palpable car rien ne présage d'un lendemain meilleur. Les délégations spéciales sont dans le désarroi total : abandonnées par l'autorité régionale, elles ne savent plus à quel saint se vouer, ni que faire pour déblayer le territoire de leur commune et débarrasser leurs concitoyens de la vue de ces amas d'ordures.

Gouverneur et ministre, responsabilité partagée

M. le Gouverneur de Médenine, vous qui étiez certes à l'origine de cette solution miraculeuse, qu'avez-vous à dire aux dizaines de milliers de pauvres citoyens qui endurent au quotidien les pires souffrances, aux dizaines de milliers de nos chers enfants qui ont à aspirer profondément, bon gré mal gré, en allant à l'école ou de retour, les odeurs nauséabondes et la fumée dangereusement nocive des ordures brûlées par des citoyens désespérés ? Vous avez fait montre d'une hâte injustifiée à recourir à la force qui n'a abouti finalement à rien, alors que vous avez été d'une grande réticence à agir de même pour soutenir les délégations dans leurs tentatives de faire face à la propagation des constructions anarchiques sur tout le territoire de l'île. Vous n'avez plus fait aucun signe de vie, comme si de rien n'était, alors qu'il était attendu de vous que vous mettiez en place une cellule de crise pour gérer la situation explosive, que vous soyez aux côtés des délégations spéciales, au lieu de les abandonner à leur triste destin, face à la colère de leurs sujets.

Djerba souffre, elle est dans tous ses états et plus rien ne va. Elle est trahie par tous, ingratement, en dépit de tout ce qu'elle procure au pays, à son économie, devise, main d'œuvre, ...pourtant elle n'a toujours rien demandé en contre partie, rien qu'un peu d'égard, que son droit à l'autorité en déficit flagrant dans une île en proie à tous les dérapages. Aujourd'hui, cette poule aux œufs d'or est malade, et il n'est point de guérisseur pour la remettre d'aplomb : l'autorité censée imposer l'ordre et le respect des lois est quasi absente, d'où les outrages et les infractions perpétrés impunément partout et à tous les niveaux. Depuis longtemps déjà, ses sites historiques et archéologiques sont bafoués, ses sites naturels et son écosystèmes malmenés, sans que l'autorité de tutelle ne se meuve au secours d'un patrimoine inestimable en perdition, sans qu'aucun ministre de la Culture de l'après révolution ne daigne s'en enquérir, comme l'a expressément sollicité à maintes reprises l'Association pour la Sauvegarde de l'Île de Djerba. Le personnel des bacs fait des siennes en faisant voir de toutes les couleurs aux usagers qui endurent les pires calvaires depuis plusieurs mois, contraints d'attendre des heures entières avant d'attendre leur tour pour traverser en un quart d'heure le canal d'Adim, sans que ni le gouverneur, ni le directeur régional de l'Equipement n'interviennent à bon escient pour remettre de l'ordre. Le ministre du Tourisme a promis monts et merveilles lors de la 6è Conférence internationale de la gestion des destinations au mois d'avril dernier, mais à ce jour rien de tout ce qui avait été dit et promis n'a été réalisé, et le secteur, souffreteux de son état, doit encore trainer les tributs des longues années de laisser-aller, d'inefficacité et de médiocrité. Quant à la ministre de l'Environnement, qui au vu de la gravité de la situation, devait être au devant de la scène, elle a tout simplement brillé par son absence depuis le mois d'avril ; elle devait être parmi nous samedi dernier, mais à la dernière minute, sa venue a été bizarrement compromise..., donc annulée.

La rue gronde à Djerba, la tension monte ; la population, exaspérée et indignée, commence à voir rouge ; des signes de colère sont déjà perceptibles, et le risque de l'explosion est imminent.


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