‘' Les fanatismes''tel est l'intitulé du colloque qui s'est tenu à Tunis le 19 et 20 octobre 2012 sous l'auspice de l'observatoire national de la transition démocratique, le Forum tunisien de l'arabo-francophonie et avec le soutien de la fondation Hanns Seidel. Les interventions de la première journée, présentées respectivement par la politologue Asma Nouira, Jamil Haydar, chef de projet de la fondation Hanns Seidel, l'universitaire Hela Ouardi, secrétaire générale du Forum tunisien de l'arobo-francophonie. Ensuite, le psychanalyste Gérard Hadad « Le fanatique et la psychose » et l'universitaire Riadh Ben Rejeb, l'universitaire Mounir Kchaou «Le débat sur la liberté de conscience », le chercheur Youssef Aschi « Fanatisme, idée extrême et vérité » et l'universitaire Mounir Ayari. Cette première série de communications se clôt par l'intervention des juristes Hejer ben Amor « L'atteinte au sacré dans le droit » et Yousra Frawes.Le fanatisme, terme qui renvoie , habituellement, à toute forme d'intolérance, d'enfermement et de persécution de l'altérité. L'objet du colloqiue en question est d'analyser « les multiples facettes du fanatisme, c'est ce qui explique d'ailleurs son écriture au pluriel. Ses différentes manifestations demeurent une réalité profondément ambivalente : il est archaisme et modernité, raison et déraison, liberté et aliénation. Il est surtout à la fois humain et inhumain : humain dans la mesure où il est l'une des expressions possibles de la liberté d'un homme aspirant à un idéal, en quête d'absolu ; inhumain, d'autre part, dans la mesure où chez le fanatique cette quête désespérée de l'absolu nécessairement surhumain, et donc inaccessible, débouche sur la négation totale de l'Etat, de la religion, de la morale, en somme sur la négation même de l'humain. Il est d'ailleurs révélateur que le mot fanatisme apparaisse dans la langue française vers la fin du XVII siècle, au moment où on commence à élaborer le principe de tolérance et comme par réaction différée au traumatisme des guerres de religion. Ainsi, depuis les Lumières, on présente souvent le fanatisme comme une barbarie, une perversion, un résidu d'affects archaiques.Quelles est donc la nature des pulsions et des passions qui motivent l'adhésion fanatique ? Derrière les formes modernes de fanatismes trouve-t-on des schèmas plus archaiques de passions extrémistes ? Le fanatisme est-il le résultat d'un consentement à la servitude ou relève-t-il de la volonté de puissance ? Faut-il considérer le fanatisme comme un mal à guérir ou comme la pente naturelle à toute passion révolutionnaire ou enthousiasme religieux ? »Toutes ces questions ainsi que d'autres ont été discutées par la seconde série de communications lors de la deuxième journée de ce colloque.L'universitaire libanaise Houdé Nehmé « Fanatisme et liberté religieuse : voies de salut ou sources de conflit», l'universitaire Salma Houissa, l'universitaire Abderrazek Sayadi « Fanatisme et guerres de religion», l'universitaire Hamadi Redissi, le journaliste Zied Krichen, l'universitaire italien Alberto Toscano « Economies politiques du fanatisme » et le sociologue Abdelkader Zghal.Le sursaut sociétal de pusieurs pays arabes, le dépassement du malaise civisationnel, la bonne assimilation des avantages de la mondialisation,la lutte contre l'extrémisme , la quête d'une harmonie différentielle sont tous la clé de voûte pour l'établissement d'etats démocratiques arabes, selon l'intervenante libanaise. D'où l'importance , du dialogue pour éviter toute forme de sclérose qui clive la société et entraine sa désagrégation. De sa part, Alberto toscano, dans son intervention a relié l'économique , le social et le polique tout en se référant au philosophe et économiste Adam Smith , considéré comme''le père de l'économie politique'‘. Le fanatisme est entre autres le produit d'un système économique mondialiste qui laisse voir des sujets hantés par l'utilitarisme capitaliste inhérent aux rapports de productions économiques aliènantes , dit-il.
Fanatisme, mot qui ne cesse de faire couler beaucoup d'encre vu sa complexité et ses répercussions sur les sociétés qui les ronge et déstabilise. C'est ce que Amine Maalouf, soulève dans son œuvre Les identités meurtrières : « Le postulat de base de l'universalité, c'est de considérer qu'il a des droits inhérents à la dignité de la personne humaine, que nul ne devrait dénier à ses semblables à cause de leur religion, de leur couleur, de leurs nationalités(...) ou pour toute autre raison ».