Pour atteindre le hameau de Sidi Medien, consacré à Chouaïeb Ibn Houssine Al Andalousi dit Sidi Medien vénéré dans tout le Maghreb, perché sur les pentes Sud du Jebel Zaghouan, il faut résister à de nombreuses « tentations » : la majesté de Thuburbo Majus, les charmes du Nymphée de Zaghouan, la douceur des plages de sable du golfe de Hammamet à la belle saison et les villages berbères perchés de Takrouna ou de Jeradou.
L'itinéraire
On emprunte d'abord la route C. 28 qui longe les piémonts Nord du Jebel Zaghouan : le Mont de Jupiter et, selon qu'on arrive d'El Fahs ou de Moghrane, on bifurque soit après, soit avant le bourg de Bir Halima vers Sidi Medien. A partir de ce carrefour, on est en vacances. Les rares autos permettent d'admirer d'abord les pentes cultivées semées de fleurs épanouies. Ensuite, à l'Ouest, les versants du Jebel Ben Amara, couverts d'un maquis dense, vert sombre, maculé d'or par les genets épineux, ou de blanc et de mauve mêlés par les cistes, vous accompagnent un moment, selon les saisons. Au sortir d'un virage, on découvre un petit lac collinaire qui pourrait être l'objectif d'une prochaine promenade. Ensuite, on se régale tout le long d'un kilomètre de cette route sinuant au fond d'une vallée fermée au Sud-Ouest par les 500 mètres du Jebel Ech chama et les pentes Sud du Jebel Stah, avec comme toile de fond, la « dent » titanesque du Jebel Guassâa : les 1300 mètres environ du point culminant du massif du Zaghouan. Enfin, on débouche dans le « cirque » de Sidi Medien et à partir de là, on choisit son ou ses buts de promenades.
Les « randos » sportives
Les randonneurs bien entraînés ont deux itinéraires intéressants. Ils peuvent laisser leurs véhicules au hameau de Sidi Medien. Puis, ils empruntent, vers le Nord, d'abord les restes d'une piste menant à une mine importante. Attention, il y a deux chemins. Il faut choisir celui qui est le plus « haut » dans la pente du Kef El Khouma dominant la mosquée de Sidi Medien. Au bout de 3 à 400 mètres, il se transforme en sentier de chèvres, toujours orienté au Nord / Nord-Est et on arrive dans un pli du relief, à 700 mètres d'altitude environ. Il ne reste plus qu'un kilomètre à gravir en se rapprochant de la crête des falaises du versant Sud-Est du Zaghouan : Coup d'œil impressionnant, 3 à 400 mètres de hauteur, les plus hautes falaises de Tunisie, fréquentées par l'aigle royal ! On peut aussi, en suivant la vallée, arriver à plus de 1000 mètres d'altitude et terminer, à flanc raide, jusqu'au sommet situé 700 mètres plus loin. On peut aussi envisager de faire l'ascension puis le tour du Jebel Stah. Le long de la route qui conduit à Sidi Medien, un bon kilomètre avant le hameau, une grande piste coupe la route et s'éloigne, à gauche, vers le Nord. Laissez là votre véhicule et suivez la piste. Un peu plus de 3 kilomètres, au pied du Jebel Stah, vous amènent sur la route qui va de Zaghouan à Sidi Bou Gabrine jusqu'à un col appelé Fej Sach. De là, il ne reste plus que 6 à 700 mètres de pente couverte de broussailles à gravir, vers la gauche, pour arriver au sommet. Certains randonneurs, apprécient le petit sommet secondaire, pour « casser la croûte ». Une vue fantastique puis une descente, par le versant Ouest, pleine de surprises : d'anciennes galeries de mines abandonnées éventrent la montagne. Nous préférons revenir jusqu'au Col Sach, reprendre pendant 6 à 700 mètres la piste suivie à l'aller et bifurquer vers la gauche, vers le Sud-Ouest, en empruntant une piste qui conduit à la grande mine abandonnée. Là, on rejoint son véhicule en 1,5 kilomètre environ.
Les promenades « calmes »
On peut déjà essayer de trouver le long de la route qui mène à Sidi Medien, non seulement le beau mausolée d'époque romaine qui émerge des buissons mais les deux superbes monuments mégalithiques. L'un est sans doute les restes d'un tumulus constitué de deux gradins et couronné d'une structure formant deux chambres opposées en « S ». L'autre, situé à 500 mètres du premier, semble être les vestiges d'un dolmen composé de deux chambres sépulcrales. On peut aussi partir à la recherche des soubassements d'un deuxième mausolée d'époque romaine. On peut encore se rendre à pied ou en voiture, par la piste carrossable, jusqu'aux bâtiments abandonnés de la « grande mine » puis, à partir de là, aller à pied, par un sentier qui ne monte guère, jusqu'à une autre mine abandonnée au flanc du Kef El Menachir. On peut aussi décider d'aller à pied, à partir de la « grande mine », jusqu'à Sidi Medien. On pourrait enfin choisir d'aller d'abord à Sidi Medien en voiture pour visiter ce hameau qui était le but initial de la promenade de la journée.
Sidi Medien
C'est l'archétype du village perché dit « Berbère ». Il est construit à l'abri d'une éminence rocheuse qui le protège des vents froids et pluvieux. Il est situé sur une piste qui permet, par un col tout proche, de rejoindre le marabout consacré à Sidi El Oudjeli et de traverser donc tout le massif du Zaghouan du Nord-Ouest au Sud-Est. On peut choisir un coin de forêt ou les arbres proches de la fontaine du hameau pour pique-niquer, on peut aussi s'abriter dans la zaouïa. Quel régal : la quiétude, le soleil rayonnant dans un immense ciel bleu roi, des pentes couvertes d'un camaïeu de vert, un chevrotement ou un aboi lointain, les pépiements discrets de passereaux, le croassement d'un grand corbeau ou le sifflement d'une buse variable, les parfums des plantes et des arbres, un site magnifique ! Pourtant, que de regrets devant ce hameau « traditionnel » pratiquement abandonné alors que l'électricité y arrive, que des sources abondantes et pérennes l'alimentent et que des terres cultivables l'environnent. Une ferme moderne bâtie à quelques centaines de mètres des mausolées et des mégalithes prouve qu'une population peut s'établir en ces lieux, en tout temps. Puisque Sidi Medien est situé sur une route – elle devrait continuer bientôt jusque sur l'autre versant ! – au Sud du Parc Naturel du Zaghouan, pourquoi ne pas y maintenir quelques familles ? Elles pourraient y accueillir et guider les visiteurs du Parc qui ne se presseraient plus à la seule entrée Nord. Elles pourraient y entretenir une petite « maison du Parc » où seraient vendus des produits artisanaux ou agricoles : miel, fruits, plantes et essences médicinales ou aromatiques. Des boissons et / ou des repas pourraient y être servis. Quelques maisons de ce hameau traditionnel, qui n'a pas été abîmé par un modernisme de mauvais aloi, pourraient être restaurées et aménagées en gîtes ruraux à l'usage des touristes. Une « aide » modeste des Autorités permettrait à chaque famille, restant sur place, de se doter d'un poulailler, de quelques moutons, chèvres, vaches et chevaux ou ânes de races spécifiquement tunisiennes. On y aurait ainsi un « conservatoire » de ces espèces locales et des animaux qui porteraient les sacs ou les enfants des promeneurs. On avait même trouvé des donateurs prêts à offrir aux habitants de Sidi Medien, chacun, un arbre fruitier qui aurait porté le nom de son « parrain » ! Les Autorités ont refusé d'examiner le projet ! Pourtant, les visiteurs auraient trouvé là, dans un Parc naturel, un habitat authentiquement traditionnel, des « guides » compétents et « impliqués » qui auraient vécu normalement comme agriculteurs-éleveurs. C'est peut-être cela « le tourisme intégral » : offrir aux visiteurs un milieu naturel qui conditionne la vie d'hommes qui façonnent authentiquement leur environnement.