Que faire au Cap Bon quand on ne peut pas encore se baigner ? « L'aventure » commence sur la route nationale N° 26 joignant Soliman à El Haouaria. Déjà, dans l'Antiquité, les Grecs avaient appelé le cap Bon : le Beau promontoire ! Nous pouvons dire que toute la région Nord-Ouest du Cap Bon : Sidi Raïs, Korbous, Ras Fartas, Port Prince, les plages de R'tiba, Zougag, Bir Jedi, Sidi Daoud et d'El Haouaraia forment un ensemble magnifique. Les collines boisées ou tapissées de maquis parfumé forment un écrin pour de magnifiques plages de sable blanc bordant une mer turquoise qui se confond, à l'horizon, avec l'azur. A une vingtaine de kilomètres du bourg d'El Haouaria, la grande pépinière forestière de Zougag se présente à droite de la route 26. Deux kilomètres plus loin, la résidence « Dar Ben Abdallah » offre, dans un grand parc arboré, des piscines, des barbecues, des maisons d'hôtes aussi belles que confortables et de multiples animations : randonnées pédestres, équestres, à V.T.T., en 4 x 4, des promenades en mer, etc. … L'APPROCHE Juste à côté de l'entrée de la pépinière de Zougag, s'ouvre une petite route forestière qui conduit à un sommet du Jebel Sidi Abderrahmen : Kef Errand, couronné d'antennes de radio et de télévision gardées par des militaires. Cette petite route gravit en zigzag les pentes boisées du Jebel Ben Oulid. Les chemins forestiers et les clairières qui s'ouvrent des deux côtés de la route sont autant d'invitations à des promenades et à des pique-niques d'où, au fur et à mesure qu'on monte, on découvre un panorama de plus en plus vaste, allant du Jebel Sidi Bel Abiadh, dominant El Haouaria jusqu'à la bordure Nord du golfe de Tunis. Arrivé au sommet, on laisse les véhicules à la garde des soldats qui y résident. LA RANDO Sur le bord Nord-Ouest du Kef Errand, une grande piste s'amorce et descend en zigzag vers la « ghorfa » : un fossé d'effondrement qui jalonne la crête du Jebel. Aucun risque de se perdre en allant vers la Koubba de Sidi Abderrahmen : il suffit de progresser plein Sud, vers le soleil donc, durant 4 kilomètres environ, en suivant la piste si on est craintif, sinon à travers la campagne, d'abord vers un grand « mât » métallique planté au bord de la piste, puis vers la bordure Ouest d'un beau bois de pin et finalement, remonter vers l'Est, vers la petite falaise qui suit la crête du Jebel. Le mont étant inhabité, on avance dans un silence agréable que seuls troublent quelques bêlements ou mugissements d'une vache appelant son veau. Sous nos pas, les lavandes, le thym, le romarin, la menthe poivrée, la bruyère, le rethem au parfum de miel, embaument. Les pantalons en ramèneront l'odeur jusqu'à la maison, le soir ! Parfois, un lièvre jaillit d'une touffe. Quelquefois, au printemps, un gros coq perdrix : un « bidouq » s'envole en piaillant, dans le vrombissement de ses rémiges rouges déployées : il protège sa couvée. Le Jebel étant sur une des principales voies de migration des oiseaux, on y voit souvent de très beaux rapaces : les milans noirs ou royaux à la queue à deux pointes, des élanions blancs, au plumage très clair, des buses qui sifflent en planant, des tourterelles qui roucoulent à perdre haleine au printemps. Les buissons de cistes, aux fleurs blanches ou mauve ainsi que les touffes de calycotomes, dits « soyeux », mais très épineux, couverts d'une mousse d'or, abritent de très belles orchidées : l'Orchis papilionacea aux grands pétales rose indien, les Ophrys éléonorae et iricolor au labelle rouge sombre. LE PLAISIR Et puis, on arrive au col sur lequel sont construites quelques petites pièces destinées à abriter les très nombreux pèlerins qui viennent toute l'année. D'abord tout le monde se précipite vers la bordure Sud-Est. On découvre, tout en bas, le petit village de Sidi Bou Ali, puis Korba, le lac de retenue sur l'Oued Lobna, Menzel Témime et la colline en forme de bouclier de Kélibia. De l'autre côté, le golfe de Tunis, bordé de verdure, miroite au soleil. Et puis, à gauche, abrités au pied de la falaise, la blancheur des murs révèle la présence du mausolée de Sidi Saad. Vers l'Ouest, s'écoule une petite source sortant d'une anfractuosité. Elle permet de laver la « daouara » et la peau des moutons sacrifiés. En suivant cette petite falaise, on découvre un abri sous roche, aux parois peintes en vert où les dames viennent faire leurs dévotions, attestées par de petits « kanouns » noircis, des restes de bougies et parfois quelques pièces de monnaie. Quelques pas plus loin, à demi enterrée, cachée par les arbres, s'élève la Koubba de Sidi Abderrahmen. Dans la pièce souterraine, plongée dans la pénombre, où repose le Saint homme, le silence est seulement troublé par les gouttes d'eau qui tombent du plafond et remplissent lentement une vasque de pierre qui s'épanche sous le mur extérieur de la Koubba. Les graffitis et les peintures, tous les ex-voto qui tapissent les murs prouvent la vénération qui entoure Sidi Abderrahmen. Le pique-nique sur la crête, à l'ombre ou au soleil, abrité du vent quand il est froid et violent, avec un panorama superbe à ses pieds est un vrai plaisir. Si on est parti tôt, on a largement le temps de se reposer ou de faire quelques pas sur la piste qui suit la crête jusqu'à la route joignant Menzel Bou Zelfa à Menzel Témime : 30 kilomètres difficiles même en 4 x 4 ou en V.T.T.. Et puis, pourquoi aller si loin ? Durant le retour, à pas lents, dans les senteurs de la garrigue et les parfums balsamiques des bois de pins, quand le soleil décline dans la pourpre et l'or, quand vibre cri argentin, angoissé, d'un chevreau appelant sa mère, le bien-être enveloppe les marcheurs silencieux, repus de Nature. INFORMATIONS : - Gouvernorat de Nabeul - Délégation : Takelsa - Route C. 26 Soliman / El Haouaria - Embranchement : Pépinière de Zougag - Difficulté : moyenne - Longueur : 10 km A / R - Dénivelé : 100 mètres - Durée : 4 à 5 h A / R sans le temps du pique-nique EN SAVOIR PLUS : - « Atlas préhistorique de la Tunisie – La goulette (I.N.A.A.) - « A la découverte du Cap Bon » par M. Fantar & S. Aounallah - « Le Cap Bon : El Watan El Qibly » par T. Ghalia AUTRES RANDOS : - Les sites mégalithiques de Fortuna. - Le site berbéro-romain de Henchir Eddalia A partir de la route C. 26 joignant Soliman à El Haouaria, à une vingtaine de kilomètres avant El Haouaria, la pépinière forestière de Zougag. A l'entrée de la pépinière, une petite route mène au sommet Kef Errand où les véhicules sont laissés à la garde du poste militaire. Du camp, une grande piste part à droite de la route et descend dans la combe : La « Hofra ». On peut la suivre ou aller directement vers un mât métallique situé à 3 kilomètres où on retrouve la piste. On la suit jusqu'au sommet du Jebel Sidi Abderrahmen marqué par un col et de gros mégalithes verticaux. Au col, on découvre d'abord la petite « zaouïa » qui peut abriter les pèlerins, puis la Koubba de Sidi Saad contre la falaise vers le Nord. En longeant la falaise, vers la piste d'arrivée, on découvre ensuite la Koubba à demi souterraine de Sidi Abderrahmen. Pensez à y camper une tiède nuit d'été ou de printemps, sans lune !