Le 24 novembre, rassemblement à l'avenue Habib Bourguiba Constitutionaliser le caractère civil de l'Etat
Les actes de violence se sont multipliés durant l'année qui tire à sa fin. Ils n'ont épargné ni intellectuels, artistes, journalistes, activistes de la société civile ou hommes politique ont eu leur lot. Des réunions publiques ont été empêchées, des manifestations culturelles perturbées, des menaces de mort et de liquidations physiques proférées... Des femmes agressées pour leur tenue vestimentaire, un doyen de Faculté agressé qui de victime se retrouve miraculeusement accusé et traduit devant les tribunaux comme agresseur...Des manifestations qui tournent violemment à l'assassinat, le 18 octobre de Lotfi Nagdh pour ses idées politiques. Le pays est au bord du chaos et risque à tout instant de basculer dans l'anarchie. Le vrai obstacle à dresser pour endiguer ce cycle infernal réside dans la capacité de résistance de la société civile. Une alliance civile vient d'être créée contre la violence et pour les libertés.
Les initiateurs de l'Alliance sont des activistes politiques, des membres de la société civile et des artistes qui craignent pour le caractère civil de l'Etat tunisien. L'espace Al-Hamra à Tunis, a abrité, hier, une conférence de presse très suivie pour présenter les objectifs de l'Alliance et la plate-forme qui a présidé à sa création, en présence d'intellectuels, d'hommes politiques en leur qualité personnelle, de militants des Droits de l'Homme et de membres de plusieurs associations de la société civile. Ezzeddine Guennoun, devait préciser que « l'Alliance répond à un besoin pressant exprimé par la société civile, les activistes politiques et culturels qui subissent une violence qui monte crescendo depuis le 14 janvier et qui atteint des proportions alarmantes sous le Gouvernement actuel. Ce qui est inquiétant c'est que l'Etat n'a pas fait signe de réactions énergiques pour mettre fin à ce fléau destructeur de la violence, bien que la société civile n'ait cessé de s'élever et d'attirer l'attention des autorités sur la violence. Cette violence si elle n'est pas combattue à temps, risque de mener à la guerre civile ». Ezzeddine Gannoun, affirme que l'Alliance va jouer le rôle de force de pression pour que l'Etat protège les acquis du pays. « Nous n'étions pas satisfaits sous la dictature et après la Révolution nous avons ambitionné un changement radical au niveau des libertés qui ne nous seront jamais volées », dit-il.
Maher Hnin, rappelle que l'idée de création de l'Alliance remonte à l'attaque subie par la salle de cinéma Africa. La violence s'est développée depuis pour culminer avec l'attaque de l'ambassade américaine, l'assassinat de Lotfi Nagdh et les évènements de Douar Hicher. « On ne peut faire face à la violence politique tout en étant éparpillé et de façon individuelle. Des discussions préliminaires ont été engagées entre activistes honnêtes. Il ne faut plus subir les évènements. La violence va mettre en péril la transition démocratique. On ne peut parler de liberté tant que le spectre de la violence hante les esprits, tant que plusieurs quartiers sont interdits d'action civile. Il faut instaurer une vie paisible entre citoyens. Nous voulons une société tolérante qui rejette toutes les formes de violence qui n'est pas de nos traditions », dit-il. Les Tunisiens craignent pour leurs habits, leur façon de vivre et leur liberté. L'Alliance créée s'engage à défendre le caractère civil de l'Etat tunisien, en garantissant la séparation entre les pouvoirs, l'égalité entre les citoyens et le respect des Droits de l'Homme conformément aux conventions internationales.
L'Alliance compte consolider la force et l'indépendance de la société civile et le mouvement citoyen naissant pour résister à l'hégémonie de l'Etat sur la société et ses tentatives de limitations des libertés individuelles et des organisations. L'Alliance rassemble les forces démocratiques et civiles pour la défense des libertés fondamentales, leur concrétisation et leur incursion dans la conscience collective, en faisant face aux menaces et aux atteintes aux libertés exercées par des groupes extrémistes violents. Enfin, l'Alliance compte faire pression sur le Gouvernement pour qu'il garantisse la sécurité de tous les citoyens et permettre à tous vaquer librement et en toute quiétude à leurs occupations culturelles, artistiques, civile et politique, sans être inquiété par quiconque.
L'Alliance refuse qu'il y ait des structures parallèles à l'Etat comme les comités de protection de la Révolution qui mettent en danger et remettre en cause la paix civile.
L'Alliance a été formée par des associations, des activistes dans le champ politique, des forces politiques démocratiques, de plusieurs horizons comme le Front populaire, le parti Républicain, Nida Tounès, Al-Massar, le Parti Socialiste, le Parti du Travail Patriote Démocrate, le Parti des Patriotes Démocrates Unifié, des associations comme Dostourna, Kolna Tounès, l'alliance civile citoyenne....Il ne s'agit pas de rencontre entre partis, mais une rencontre sur une base citoyenne, de forces et d'individus qui veulent que la Tunisie vive en paix.
Plusieurs actions seront organisées. La première est un rassemblement populaire, samedi 24 novembre à l'avenue Habib Bourguiba à Tunis pour revendiquer la fin de la violence politique et la dissolution des comités de protection de la Révolution.
Saloua Guigua, au nom des associations de la société civile, exprimera sa profonde amertume en voyant la Tunisie qui a combattu la dictature de façon civilisée connaître aujourd'hui, un phénomène de violence méthodique contre les progressistes. Cette violence finira par menacer dangereusement les fondements même de l'Etat, la nature de la société tunisienne et les bases du régime républicain. Elle a étalé les différentes expressions de violence qui ont toutes un caractère politique tant qu'elles sont tolérées par l'Etat. Il faut défendre le caractère civil de l'Etat. Il faut défendre le caractère civil de l'Etat en le constitutionalisant et inscrire les conventions internationales et le caractère universel des Droits de l'Homme dans la Constitution...