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« Insane charif » (Un homme d'honneur) de Jean-Claude Codsi (Liban)
Journées Cinématographiques de Carthage
Publié dans Le Temps le 20 - 11 - 2012


Des valeurs à revoir, dans le monde arabe !

Ce film libanais de Jean-Claude Codsi est une production de 2011. Autrement dit, c'est d'une certaine manière un enfant, un fruit du « Printemps arabe ». C'est d'Arabes en effet qu'il parle, de mentalités d'arabes, d'idées reçues arabes, de « crimes » historiques arabes.
En abordant des notions comme l'honneur, l'héroïsme, la honte, les coutumes, Codsi démonte tous les préjugés et les contrevérités sur lesquelles reposent les systèmes de valeurs à résonance tribale, effrontément sexistes. En surface, c'est un film sur la femme dans le monde arabo-musulman, sur les multiples torts qu'on lui inflige au nom des codes sociaux et des traditions ancestrales. En fait, « Insane charif » dresse le procès de l'homme arabe et de toute une histoire faussée par les faux-fuyants des phallocraties ataviques.

Le film invite en effet à remonter jusqu'à une vieille histoire de « crime d'honneur ». A la manière d'une enquête policière, d'une investigation obstinée, son héros- un revenant qu'on prenait justement pour un brave justicier décédé en martyr de l'honneur familial- lève le voile sur la mystification, sur la farce burlesque qu'il dut jouer pour soi-disant faire valoir les lois sacrées de la « tribu » ! Il met à nu d'autre part les vrais forfaits que celle-ci s'efforce de dissimuler : inceste, intolérance, sexisme, maltraitance etc.

Jean-Pierre Codsi prend alors à contre-pied les conceptions consacrées de l'héroïsme et de l'honneur dans nos sociétés traditionnelles. Ce n'est pas en tuant Leila sa belle-sœur, la prétendue « pécheresse », qu'Ibrahim Chalabi acquiert le statut d'homme et de héros, mais en contribuant à sa libération. Telle est la leçon de ce beau film féministe qui, néanmoins, ne nous l'assène pas à coups de phraséologie démagogique comme certains cinéastes prétendument engagés. « Insane charif » se distingue par l'humour discret et élégant avec lequel sont traités des problèmes graves de la société arabe, foncièrement conservatrice et injuste. La technique de dévoilement se traduit au niveau des jeux d'acteurs, du scénario et des images par un incessant va-et-vient entre passé et présent, entre espace du « crime » et lieux de la rédemption, entre inhumation et exhumation, entre vérité et mensonge, entre silence et paroles déchaînées, entre moments tragiques et instants de tendre bonheur, entre blessures et pansements de plaies. Le nez balafré de Ibrahim Chalabi, qui cicatrice trop lentement est une métaphore de la difficulté que trouve l'homme oriental à se défaire de sa représentation erronée de l'honneur et de la vertu. Au-delà de la dénonciation du « cancer » culturel et idéologique dont pâtissent et meurent les femmes arabes (à l'image d'Asma l'épouse d'Ibrahim), Codsi entretient l'espoir d'une réconciliation de l'homme oriental avec cet Autre féminin qu'il ne fait que diaboliser au fil de l'Histoire. Le réalisateur d' « Insane charif » prévient contre le retour des mentalités obscurantistes. Pour lui, c'est dans le « cerveau arabe » que les choses doivent changer. Lors de leurs retrouvailles après deux décennies de séparation, Leila examine en premier la tête de son beau-frère. Le message est on ne peut plus clair : « Insane charif » demande aux mâles arabes de se regarder en face, d'oser se remettre en question, de reconnaître humblement leur inique vision du monde. C'est par là, semble leur répéter Codsi, qu'ils accèderont à l'honneur et à l'héroïsme authentiques ! L'espoir serait alors incarné par les enfants Sarra et Farid qui voient tout autrement que leurs aînés l'avenir de l'homme et de la femme dans leur société future !

Les à-côtés du spectacle

* « Insane charif » est le deuxième long-métrage de Jean-Pierre Codsi. Son premier film s'intitule « Aane el awane » (« Il était temps »).

*Le public très nombreux qui a suivi, dimanche au Colisée, cette première projection d' « Insane charif », était formé d'une majorité absolue de jeunes. De nombreuses scènes et répliques du film furent vivement applaudies par ces spectateurs manifestement solidaires des vues libertaires du réalisateur. En tout cas, c'est avec un tonnerre d'applaudissements que ce public accueillit Codsi lorsque celui-ci réapparut sur scène à la fin de la projection.
*Les rôles principaux du film sont tenus par Majdi Machmouchi, Caroline Hatem et Mahmoud Saïd. « Insane Charif » fut tourné entre le Liban et la Jordanie.
*Jean-Pierre Codsi affirme être de la même école et de la même génération que les réalisateurs tunisiens Nouri Bouzid et Mahmoud ben Mahmoud.


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