L'histoire a commencé par l'arrestation d'un certain nombre de personnes à la suite des évènements survenus aux alentours de l'ambassade américaine, un vendredi 14 septembre, et se soldant par quatre morts et une centaine de blessés. Sans compter les dégâts matériels, évalués, selon l'ambassadeur des Etats-Unis à plusieurs millions de dollars : Ecole incendiée,, ainsi qu'une centaine de véhicules, des livres, des ordinateurs et un certain matériel, pillés.
Parmi les inculpés, la plupart sont des salafistes, comme on a pris l'habitude de nommer ces extrémistes, purs et durs qui n'ont pas d'autres moyens de convaincre que la violence. un violence perpétrée au nom de la défense des préceptes de l'Islam, tels qu'ils ont été transmis par les prédécesseurs (le Salaf) dont notamment le Prophète et ses plus proches compagnons, dont les quatre premiers Califes de l'Islam prénommés les illuminés (Arrachidoun). Or ces derniers étaient épris de justice et de bon sens. Ils se gardaient notamment d'appliquer aveuglément les sources de la législation musulmane, à savoir le Coran et la Sunna (dits et faits du Prophète). Or les salafistes actuels sont enclins à user de la violence pour combattre tous ceux qui sont à leurs yeux les ennemis de l'Islam, sans discernement et sans faire la part des choses.
Des moyens de pression par le meurtre et le suicide Pour preuve ceux qui se font sauter pour faire exploser des hôtels et tuer des centaines de personnes, n'agissent-ils pas contre les préceptes de l'Islam, en vertu desquels le suicide et le meurtre constituent un pêché considérable. Il est en effet énoncé dans le Saint Coran que : Celui qui tue un être vivant, c'est comme s'il a tué l'humanité entière et celui qui sauve la vie d'un seul homme, sera considéré comme le sauveteur de toute l'humanité. Et pourtant c'est le moyen qui est d'usage courant depuis quelque temps, et plus particulièrement depuis la montée des salafistes.
Un autre moyen est de plus en plus usité, à savoir la grève de la faim. Celle-ci peut mener à la mort lorsqu'elle est sauvage, c'est-à-dire pratiquée d'une manière systématique, en restant sans manger et sans boire. Parmi les Salafistes impliqués dans cette attaque de l'ambassade américaine, et qui sont en détention provisoire, en attendant le résultat de l'enquête diligentée par le juge d'instruction, sous commission rogatoire, certains ont entamé une grève sauvage de la faim. Deux d'entre eux, comme on le sait, à savoir Mohamed Bakhti et Béchir Golli, sont morts pour être restés sans manger et sans boire deux mois de suite.
Deux autres ont décidé par contre de mettre fin à la grève sauvage qui a failli leur coûter la vie, consentant enfin à être transportés à l'hôpital, après de longues tractations avec un représentant de la Justice. La grève de la faim ne constitue-elle pas, un moyen de pression risquant d'influencer l'opinion publique et faire pression sur les autorités en général, et les juges en particulier ? La grève de la faim peut constituer un moyen de pression efficace, lorsque l'intéressé se bat pour un idéal. Gandhi avait en 1932 observé la grève de la faim pour dénoncer les injustices pratiquées par le colonisateur britannique à l'égard des membres de sa caste. C'est ainsi qu'il put contraindre le gouvernement britannique à négocier afin d'obtenir l'indépendance de son pays. Il avait d'ailleurs œuvré à réconcilier les communautés musulmane et hindoue. Durant toute sa vie il a prêché la non violence, avant d'être hélas, assassiné par un fanatique, qu'on fit passer pour un aliéné. Et la violence au nom de la religion, n'a pas cessé depuis.
Le Syndicat des Magistrats Tunisiens : Une méthode dangereuse La grève de la faim de ceux qui sont impliqués dans la violence sous toute ses formes est pratiquée pour les conditions de détention ou pour le principe même de l'inculpation, les intéressés étant convaincus qu'ils ont agi pour un idéal ? En tout état de cause, cela ne doit en aucun cas influer sur la décision du juge, lequel ne doit subir aucune pression ni aucun ascendant, étant tenu de trancher en son âme et conscience et en application de la loi.
Les tractations menées par un responsable de la Justice avec les deux grévistes de la faim, pour les convaincre de suspendre la grève et accepter de se faire hospitaliser, auront-elles une influence sur le cours de l'affaire ? C'est la crainte dont a fait part le SMT, selon un communiqué publié mercredi dernier, où les juges sont exhortés à être vigilants, afin de ne pas céder à ces moyens auxquels il faut faire face. Ajoutant que de tels agissements sont de nature à porter atteinte à la primauté de la loi et à l'indépendance de la Justice. Le Syndicat des Magistrats Tunisiens dénonce également, dans ce même communiqué, les pressions qu'ont subies certains magistrats aussi bien dans cette affaire des Salafistes impliqués dans l'attaque de l'ambassade américaine ainsi que dans l'affaire de Sami Fehri and Co. Ce qui remet en cause l'indépendance de la Justice, et retarde la consolidation de la Justice transitionnelle, tant attendue, mais qui tarde à venir.