« Culture et engagement », tel est l'objet du colloque international et pluridisciplinaire qui se tiendra en Tunisie les 12 et 13 avril 2013 dans le cadre du cycle des activités scientifiques et culturelles de l'Institut Préparatoire aux Etudes Littéraires et Sciences Humaines. Sous la direction du coordinateur, l'universitaire Khémais Arfaoui et le comité d'organisation composé également d'universitaires : Habib Baklouti, Khaled Jouini, Khedija Ben Hacine, Manoubia Ben Ghedahem et Mohamed Sassi, ce colloque sera l'occasion d'une rencontre féconde d'échange entre plusieurs chercheurs et académiciens de tous bords. En cette période précaire sur l'échelle internationale et locale, personne ne pourra passer sous silence l'apport de l'intelligentsia dans différents débats qui se rapportent à la culture et l'engagement. Deux termes qui seront le centre d'intérêt d'une analyse minutieuse dans différents champs disciplinaires des sciences humaines, sociales, littéraires et bien d'autres disciplines. Dynamiser l'étroite relation entre le culturel et la praxis au sens de l'action, c'est mettre en œuvre la culture au service de la société et recentrer les lignes de force de toute pensée réformatrice. Conçu sous cet angle de vue, le culturel se délivre de toute vision étriquée pour instituer une perspective structurelle d'une véritable acculturation .Voici le texte intégral de l'appel de contribution à ce colloque: «Définir le rapport entre culture et engagement, c'est suivre les sentiers battus et rabâcher un thème qui depuis le manifeste du Parti communiste (1848) et surtout le Manifeste des intellectuels (1898), ne cesse d'être traité et décortiqué. Mais est –ce que repenser la question est vraiment dénué d'originalité et n'est plus à l'ordre du jour ? Les intellectuels sont-ils sans influence sur le champ politique ? Quels sont les courants d'idées et les tendances qui les inspirent à l'heure de la mondialisation et des révolutions arabes ? Tant de problèmes comme les risques planétaires, la crise économique mondiale, la recrudescence des mouvements de contestation, mais aussi l'oppression nationale et la dictature politique que subissent les peuples des pays dépendants et arriérés, sont des questions brûlantes de l'actualité et sont de nature à interpeller les intellectuels et à les mobiliser.
Nombreux sont parmi les intellectuels ceux qui acceptent d'être les idéologues des impérialismes, les apôtres des guerres injustes, les partisans des privilèges, les défenseurs des discriminations et les serviteurs des régimes autoritaires ; ils font fonction d'agents de l'hégémonie. Mais, d'un autre côté, nombreux également sont parmi eux ceux qui se taisent, qui s'accommodent des situations injustifiables et des abus croyant ne courir aucun risque en refusant de s'engager. Mais que ce soit dans le premier ou dans le second cas, c'est la servilité qui menace l'indépendance de ceux-ci ou ceux-là et tue en eux toute vie intellectuelle active et morale. Cependant, il est difficile de compter les intellectuels qui ont pris parti en faveur des problèmes politiques et sociaux par le discours et l'action. Beaucoup d'entre eux ont inspiré les mouvements sociaux et patriotiques des temps passés et présents. D'autres nous ont donné les meilleures œuvres qui débordent d'humanisme et d'attachement aux idéaux de liberté, d'égalité et de dignité. D'aucuns ont souffert directement dans leur vie, dans les prisons, dans les camps, sous la torture, etc. Spécialistes doublés de politiciens, ils se vouent à une cause juste et certains se lient organiquement à la classe des travailleurs qui cherchent à s'émanciper. Où est passée la grande masse des intellectuels arabes pendant les révolutions démocratiques ? Est-ce qu'on ne peut pas leur reprocher leur compromission avec les anciennes dictatures et leur absence manifeste pendant les moments révolutionnaires ? N'oublions pas les petits détachements d'intellectuels militants qui ont été là pour aider à faire une brèche dans le mur et forcer un passage vers l'avenir.
Sous la dictature de Ben Ali, que de conférences, de discours et de rencontres pendant lesquels a été utilisée la langue de bois. Avec une culture enchaînée et des intellectuels aux abois, il était risqué et rare de traiter le sujet de l'engagement intellectuel. La vie culturelle s'était désertifiée, les librairies vidées, des livres critiques censurés ou empêchés d'entrer en Tunisie, les salles de cinéma et les théâtres désertés faute de spectacles intéressants et l'art fut appauvri, etc. Maintenant que la révolution nous a libérés, il convient de déterrer les sujets jadis interdits. En honorant par nos écritures la culture engagée, nous prenons nous-mêmes le parti de la culture contre l'ignorance, celui des lumières contre l'obscurantisme et celui du progrès contre la décadence. Que nous soyons philosophes, sociologues, historiens, spécialistes en littérature ou autres, nous avons notre mot à dire à propos de la culture dans son rapport avec l'engagement et nous voulons mettre en évidence le rôle des intellectuels engagés dans tous les domaines de l'action, de la créativité et de l'écriture».
A titre indicatif, les axes de recherche de ce colloque sont comme suit : - Le rôle des intellectuels militants au sein des mouvements démocratiques et anti impérialistes – Les écritures engagées reflétant des réalités sociopolitiques et visant avoir un impact sur leur évolution ; _L'action militante des cadres associatifs et syndicaux – L'activité humanitaire et les actions de solidarité internationale des professionnels de toute spécialité _ L'implication sociale ou politique des écrivains et des artistes dans leurs interventions publiques ou à travers leurs écrits et oeuvres. Il est à signaler que les intervenants désirant contribuer à ce colloque sont invités à envoyer le titre de leur communication accompagné d'un résumé avant le 30 décembre 2013. Le dernier délai de l'envoi de leurs textes en entier sera le 30 mars 2013.