Le Temps : en quelques mots, pourriez-vous nous présenter le nouveau Centre Cheikh Fadhel Ben Achour « Ettanwir » qui vient d'ouvrir ses portes ? Sami Braham : c'est le premier espace culturel de cette envergure qui a une valeur symbolique offerte aux Tunisiens par les martyrs de la Révolution. Nous apprécions les jeunes de la Marsa qui sont descendus dans la rue pour demander à transformer ce lieu qui était en possession de l'ancien régime en un centre culturel. C'était la seule manifestation qui scandait des slogans purement culturels pour que ce lieu soit un phare pour la promotion de la culture non seulement à la Marsa mais dans toute la Tunisie.
* Pourquoi avez-vous choisi « Ettanwir » comme appellation de ce nouveau centre ?
-On l'a appelé ainsi pour faire allusion à la pensée illuminée de Cheikh Fadhel Ben Achour, connu pour sa démarche intellectuelle modérée dans ses études de la religion islamique et sa vision perspicace et lucide des affaires religieuses, sociales, politiques, syndicales et éducatives de son époque et qui restent encore vivantes jusqu'à nos jours. Cet homme a établi la « culture des lumières » en sillonnant tout le territoire, de long en large, pour inculquer au peuple la notion de liberté, d'indépendance, à l'époque où la Tunisie était sous le joug de la colonisation. Il a participé au Mouvement National, à la fondation de l'UGTT, au mouvement scout tunisien sans oublier son apport dans le domaine littéraire et intellectuel.
* Quelles sont vos impressions après cette cérémonie d'inauguration et quels types d'activités envisagez-vous faire dans ce centre ?
- A vrai dire, je suis extrêmement ému, vu que l'assistance était nombreuse à cette séance inaugurale et commémorative. Quant à la vocation de ce centre, elle sera conforme à son appellation « Ettanwir ». Ce sera un forum pour le dialogue entre les Tunisiens de tous bords, quelles que soient leurs tendances culturelles et intellectuelles. Mais il ne sera en aucun cas un lieu pour les débats politiques, seules les manifestations culturelles et artistiques seront privilégiées. Il est ouvert à tous les intellectuels et les créateurs pour y présenter leurs études, leurs recherches et leurs créations, en vue de promouvoir la tradition du dialogue dans les questions culturelles, scientifiques, artistiques et culturelles parmi toutes les parties. Nous visons à en faire une académie des arts, un centre pour l'apprentissage de la musique, un atelier pour la calligraphie arabe, la peinture, le multimédia…, à part les activités ordinaires qui consistent en l'organisation de conférences et de colloques pour asseoir la culture du dialogue. Autant notre tâche est noble qu'elle sera difficile, car nous allons sans doute rencontrer des obstacles qui vont entraver nos motivations et nos ambitions.